Le potentiel de l’océan Austral comme puits de carbone

Lors de la fonte des plus grandes couvertures glaciaires à la fin du dernier âge glaciaire, les concentrations en gaz carbonique dans l’atmosphère ont augmenté de près de 50 % et les scientifiques se demandaient depuis longtemps d’où venait tout ce gaz.

Une source probable était l’océan Austral profond car en profondeur les eaux sont enrichies en gaz carbonique issu de la décomposition de la matière organique qui s’y accumule. Des données suggéraient aussi que la circulation des eaux dans cette région avait alors pu changer de façon à amener les eaux profondes en surface.

Les preuves physiques d’un tel transfert de gaz carbonique restaient cependant à trouver. Luke Skinner et ses collègues ont analysé dans les sédiments du secteur Atlantique de l’océan Austral le contenu en radiocarbone des coquilles d’organismes marins vivant en surface ou sur les fonds, les foraminifères, et découvert que les eaux profondes anciennes, qui devaient être fortement concentrées en gaz carbonique dissous, ont existé autour de l’Antarctique jusqu’à il y a environ 19 000 ans, quand les principales couvertures glaciaires du globe ont commencé à fondre et que de grandes quantités de dioxyde de carbone se sont trouvées libérées dans l’atmosphère.

Les chercheurs expliquent comment un stock de carbone peu ventilé en profondeur dans l’océan Austral a pu arriver en surface et déverser dans l’atmosphère son gaz carbonique. Ils suggèrent qu’un changement dans la circulation océanique lors de la fonte des glaces, connu sous le nom de « bipolar seesaw », a introduit de l’eau douce dans l’océan Atlantique Nord durant les épisodes plus froids de ce processus et par conséquent réduit le transport de chaleur vers le nord. Un article Perspective de Robert Anderson et Mary-Elena Carr explique ces résultats plus en détail.

« Ventilation of the Deep Southern Ocean and Deglacial CO2 Rise » par L.C. Skinner de l’Université de Cambridge à Cambridge, Royaume-Uni ; S. Fallon de l’Australian National University à Canberra, ACT, Australie ; C. Waelbroeck au LSCE/IPSL du laboratoire CNRS-CEA-UVSQ à Gif-sur-Yvette, France ; S. Barker de l’Université de Cardiff à Cardiff, Royaume-Uni.

« Uncorking the Southern Ocean’s Vintage CO2 » par R.F. Anderson du Lamont-Doherty Earth Observatory de l’Université Columbia à Palisades, NY ; M.-E. Carr de l’Université Columbia New York, NY.

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