Les producteurs français de biodiesel s’alarment pour leur filière

Le syndicat des estérificateurs français a pris connaissance du projet annoncé le 16 avril par le groupe Total, consistant à reconvertir sa raffinerie de la Mède en outil de production de biocarburant à base d’huiles végétales.

Ce projet, qui prévoit la production de 500.000 tonnes/an de biocarburant HVO (huile végétale hydrotraitée), devrait nécessairement impliquer une matière première non produite en France, principalement de l’huile de palme importée dont le coût est très inférieur à celui de l’huile de colza produite en France. Alors que la production de biodiesel en France est aujourd’hui issue à plus de 80 % d’huile de colza provenant de cultures dans les territoires français, le projet aurait pour effet d’en réduire significativement la part d’origine nationale.

Les conséquences, lourdes, porteraient à la fois sur la filière agricole oléagineuse (baisse d’environ 25 % des surfaces de colza cultivées en France, soit 400 000 hectares, et recours à l’importation massive de tourteaux de soja d’origine nord ou sud-américaine pour compenser la moindre production de tourteaux de colza servant à l’alimentation animale) et sur la filière industrielle du biodiesel, déjà fragilisée en Europe et en France.

Cette dernière sort à peine d’une phase de restructuration de capacités de production excédentaires, pour s’adapter au marché suite à la pause à 7% de l’incorporation de biodiesel issu d’oléagineux dans le gazole décidée par les pouvoirs publics français et européens. Situation de marché aujourd’hui aggravée par la forte chute des prix du pétrole.

Dans ce cadre, la mise en service d’une nouvelle unité accroissant de 25 % la capacité nationale ferait peser une menace réelle sur les usines déjà existantes, engagées dans une compétition mondiale féroce alors que les mécanismes fiscaux de soutien prennent fin. De plus, cette nouvelle unité envisagée par Total serait contrainte de s’approvisionner hors de France pour les huiles usagées (la ressource étant déjà exploitée par les unités existantes) et hors d’Europe pour l’huile de palme qui constituera sa principale matière première.

« Les filières agricole et industrielle du biodiesel représentent près de 20 000 emplois en France de l’amont agricole à l’aval industriel, contribuent à hauteur de 2 md€ au PIB national et permettent une économie d’importations de diesel et de tourteaux pour l’alimentation animale de l’ordre de 1,5 md€ selon une récente étude du cabinet PwC » a rappelé Kristell Guizouarn, présidente d’Esterifrance.

Face à cette situation et devant le risque de déstabilisation du marché du biodiesel et de ses acteurs, le syndicat demande que des garanties soient apportées pour la préservation des outils et débouchés existants. De plus, il souhaite qu’une étude précise et factuelle de l’impact économique, industriel et environnemental du projet de Total à La Mède soit réalisée.

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Luis

¤ Pour incorporer 7% d’agrocarburant dans le gazole et l’essence, il faut consacrer 2,2 millions d’hectares de bonnes terres agricoles à cet usage, parfois avec de l’irrigation. Pour le gazole seul, prédominant, c’est 1.900.000 hectares : 1.540.000 en colza et 380.000 en tournesol. Pour remplacer tous les carburants actuels par des agrocarburants, dans les proportions actuelles essence/gazole, il faudrait y consacrer 31,5 Mha (millions d’hectares) alors que la superficie des terres agricoles n’est que de 28,2 Mha en France, dont 18,8 Mha de terres cultivées. Mais importer les agrocarburants, c’est reporter ailleurs le problème des terres agricoles.

Lafleur

Nous sommes par principe, tributaire d’un état dictatorial qui autorise les cycles des marchés à l’intérieur du pays en cohésion avec L’Europe. Et cela tout le monde en est conscient. Hier c’était ségolène qui augmentait le tarif d’achat PV, cette semaine c’est le biodiesel qui devra abattre sa voilure, tempête en vue. Dès que les entreprises commencent à gagner de l’argent, l’état actionne les freins, et nous repartons vers de nouvelles aventures. Nous sommes tous devenus des fonctionnaires assimilés qui attendent le bon vouloir de l’état pour trouverdes solutions et donner du travail, par l’intermédiaire de subventionts type crédit d’impôt entre autres, c’est un spectre qui se développe depuis belle lurette et qui va faire sienne du XXI siècle, car c’est une solution de facilité. Le bras de levier que représente la masse est renversé. Mon cher Newton peut revoir sa copie.

Luis

¤ Par comparaison, si tout le parc routier circulant en France était convertir à l’électrique, il serait possible d’alimenter tous les véhicules sans occuper aucune terre agricole. Le besoin d’électricité, en l’état actuel des techniques, serait de 210 TWh en comptant les pertes réseaux (6%), les pertes des chargeurs et celles dans la batterie, dont 120 TWh pour les seules voitures particulières. Les parkings en surface couvrent 360.000 hectares (inutilisables pour y faire pousser du colza, du tournesol, du blé ou du maïs). Si 70% de ces parkings étaient recouverts d’ombrières photovoltaïques (qui protègent aussi de la pluie) et à raison de la moitié de la surface restant libre pour les circulations, cela nous ferait 126.000 hectares de panneaux photovoltaïques. Du nord au sud du pays, cela permettrait d’installer 190.000 MWc de panneaux photovoltaïques et de produire 210 TWh d’électricité solaire chaque année. Avec la baisse des coûts, on pourrait y arriver en 2050, à condition que la motorisation électrique se généralise. A l’évidence, la production solaire provenant des parkings ne sera pas réservée aux véhicules électriques et ceux-ci pourront aussi s’alimenter en électricité hydraulique, éolienne ou provenant de la biomasse. Dans des proportions variables selon les jours et les saisons.

Sicetaitsimple

des chiffres de Luis, on voit que 2,2Mha permettent aujourd’ui de fournir 7% de la consommation de carburant francaise, et que moins de 0,36Mha (en PV) permettrait d’alimenter l’ensemble du parc roulant sous réserve qu’il soit electrique. Je propose dans ce cas que 1,84Mha ( 2,2-0,36) soit consacrés à l’alimentation plutôt qu’aux biocarburants et 0,36 à la production PV en plein champ, plutôt que d’investir dans des ombrières de parking, ce qui est beaucoup plus cher. Et puis 190GW de PV, ça va être rigolo à gérer! PS: je plaisante juste un peu, je n’ai jamais été très favorable aux biocarburants dits de première génération.

Sicetaitsimple

ni aux grandes fermes solaires sur des terres agricoles non plus d’ailleurs. Mais l’alignement continu de chiffres sans beaucoup de sens par Luis est il est vrai un peu fatiguant. Tiens d’ailleurs Luis, notre spécialiste des chiffres, a une question en attente: c’est quoi les chiffres prévisionnels de production d’électricité à base de gaz sur la période 2012-2020? Là c’est silence radio….

seb

Je m’attendais pas à vous voir défendre le diester à base de Colza… “comment vous faites pour alimenter le bétail avec du colza sans colza” Heu, vu comme ça, c’est vrai que c’est pas facile… sinon si la question c’est juste comment vous faites pour alimenter le bétail avec la bonne dose de protéines, il y a plein de solution : – Intégrer de la luzerne dans la rotation des céréaliers, en plus vous économisez de l’azote et vous allongez la rotation donc vous réduisez les problèmes de maladies etc… – Mieux gérer l’herbe, avec éventuellement du séchage en grange pour mieux conserver la valeur nutritive du foin et en particulier ses protéines. – le méteil, un mélange de céréales et légumineuses… – une meilleure connaissance des doses d’acides aminés apporté par l’alimentation pour permettre d’éviter les pertes d’azote liées à un mauvais équilibrage des acides aminés – manger un peu moins de viande

Lionel-fr

N’y a-t-il pas des installation de phyto-plancton destiné à l’alimentation du bétail ? Ce le concerne paut-être qu’une partie du déficit de touteaux mais quitte à substituer, autant réduire les surfaces cultivable.. Bon , je ne suis pas (du tout) spécialiste. Maître Jackber .. où es tu ? Pour le diesel, il y a des avancées moins agro-intensives et plus electro : Audi sort les premiers litres d’e-diesel La question est : Comment atteindre des volumes “agricoles” ?

Paulbdr

le lobby des producteurs de biocarburants est puissant seul un groupe comme une compagnie pétrolière peut changer la donne et faire revenir l’agriculture vivrière pour l’Europe attention aux contre vérités TOTAL ne va pas produire à partir de COLZA ou de PALME mais de graines de 2ieme générations, il est question d’autres ressources dont les huiles usagées qui ne sont pas et de loin toutes collectées et valorisées, Il n’est pas non plus question ici de remplacer sur le sol français la production de COLZA comme on peut lire que cela menacerait SOFIPROTEOL AVRIL … le besoin en BIOCARBURANTS en FRANCE est de plus de 4 millions de tonnes par an… il n’en est disponible que 2.2 millions, les besoins futurs sont estimés à plus de 5 millions si les politiques de substitutions pogressives se développent, enfin, la ressource pour TOTAL repose sur une stratégie de plantation dédiées bien plus intéressante que celles engagées il y a 10 ans par une équipe qui a capté les aides publiques qui monoppolise les informations et qui influence par sa pseudo expertise les organismes publiques comme l’ADEME ou le CETIUM etc. la force de TOTAL est d’ouvrir de nouveaux champs et de nouveaux espaces dans le monde pour l’emploi, le développement et la plantation pour capter du CO2 les tourteaux de graines et de microalgues seront utiles à l’alimentation du bétail, au compost et seront sans Hexane… donc sans danger pour les animaux et les hommes, là aussi en 10 ans les technologies ont évoluées, les hommes aussi, et l’avenir se dessine tous les jours un peu plus AIX ARBOIS – préparation dossier H2020 – M GUYONMARCH