Les réseaux de froid, solution trop souvent négligée

Les réseaux de froid sont des systèmes climatisant plusieurs bâtiments, permettant une gestion énergétique optimisée, la société de conseil Alcimed revient sur leurs avantages et souligne leur potentiel de développement.

Comment améliorer de 20% notre efficacité énergétique d’ici 2020, conformément au paquet[1] Energie-Climat adopté par l’Union Européenne ? Il n’est pas toujours nécessaire de recourir à des technologies complètement nouvelles, en effet des systèmes connus depuis l’Antiquité comme les réseaux de chauffage par le sol de l’époque romaine peuvent nous permettre d’améliorer considérablement l’efficacité énergétique de nos villes.

Aujourd’hui, ce sont en effet des solutions comme les réseaux de chaud et de froid qui peuvent contribuer à gagner les 20% d’efficacité énergétique. Introduits en France dans les années 50, les réseaux de chaud se sont développés principalement dans le secteur résidentiel. Les réseaux de froid sont quant à eux apparus en France une dizaine d’années plus tard, et la climatisation urbaine est aujourd’hui bien moins fréquente que le chauffage urbain. « Les réseaux de froid représentent d’ailleurs pour l’instant moins de 2% du marché de la climatisation en France. », souligne Cécile Marion, consultante dans l’activité Energie et Environnement chez Alcimed.

Le concept des réseaux de froid est encore bien souvent méconnu, alors même qu’il est relativement simple. Dans un réseau de froid, l’eau glacée généralement produite de façon centralisée est distribuée via un réseau de canalisations jusqu’aux bâtiments connectés au réseau. La chaleur des bâtiments est prélevée, ce qui permet d’y maintenir une température agréable. Ceci augmente la température de l’eau qui revient ensuite à la centrale de production. La centrale évacue cette chaleur, et le cycle de refroidissement recommence.

Cette gestion mutualisée de la production de froid permet d’améliorer l’efficacité du système de climatisation : la plupart des opérateurs annoncent un gain d’efficacité énergétique entre 40 et 50% par rapport à la climatisation autonome d’un immeuble. Ce gain énergétique est en partie dû à l’optimisation des plages de fonctionnement des machines, et peut être lié à l’utilisation du « free cooling ». Cette technologie utilise le froid ambiant provenant par exemple de l’eau de lacs ou de rivières pour refroidir l’eau qui circule en boucle fermée dans le réseau de canalisations. A Paris, plusieurs centrales de production utilisent cette technologie. C’est le cas notamment de celle qui dessert les hôtels George V et Plazza-Athénée et le musée Guimet. « Au-delà du gain énergétique permis par la production centralisée d’énergie, les réseaux de froid ont d’autres avantages environnementaux : ils permettent notamment de réduire la consommation d’eau de la climatisation, et de diminuer les pertes de fluides frigorigènes détruisant la couche d’ozone », souligne Sophie Lemasle, consultante dans l’activité Energie et Environnement chez Alcimed.

Grâce aux réseaux de froid, les problèmes d’hygiène et d’impact visuel peuvent être évités en supprimant les tours aéroréfrigérantes utilisées pour la climatisation des locaux de taille importante et des salles informatiques. Il y a effectivement un risque de dissémination bactérienne lié à ces tours aéroréfrigérantes, qui doivent être régulièrement désinfectées pour éviter une contamination par les légionnelles. Ce sont des arguments auxquels les gouvernements peuvent être sensibles ; cela a été le cas pour l’Autorité de Redéveloppement Urbaine de Singapour, qui a joué un rôle crucial dans le développement du réseau de froid de Marina Bay, un projet de grande envergure. Afin de satisfaire les besoins de nouveaux bâtiments, la production frigorifique de ce réseau sera en effet portée à 330 MW, ce qui correspond à la moitié de la puissance de refroidissement actuellement installée en France ! Cette extension est réalisée dans le cadre du développement urbain d’un quartier d’affaires qui hébergera également un complexe incluant des casinos, hôtels, centre de conférences…

« Malgré leurs atouts environnementaux, sanitaires et esthétiques, les réseaux de froid ne sont pas toujours plébiscités par les promoteurs immobiliers européens qui peuvent être réticents face à l’investissement initial élevé », souligne Jean-Philippe Tridant Bel, directeur de l’activité Energie et Environnement chez Alcimed. « Le soutien des municipalités ou des gouvernements peut alors être décisif pour favoriser le développement des réseaux de froid. Les climats tropicaux ou désertiques sont également un levier de croissance pour ce marché – même si la climatisation est aussi de plus en plus utilisée dans les régions tempérées, à cause de la chaleur dégagée par les ordinateurs qui sont massivement utilisés dans le secteur tertiaire ».

[1] Le paquet Energie-Climat désigne un plan d’action qui définit une politique européenne commune de l’énergie. Il vise à lutter contre le phénomène du changement climatique.

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Fleurent

C’est (en dehors des cas particuliers des maisons de santé ethopitaux ) un tres bel exemple de gaspillage d’énergie, Ce “toujours plus de confort” est une tres belle contribution à la destruction de l’environement

nahouhak

Un climat de travail confortable, c’est une augmentation de productivité. En Europe, le froid n’est pas aussi abbérant qu’aux USA par exemple. On ne refroidi pas à 23°C (et encore) alors qu’il fait 40°C dehors. Je ne sais pas trop où en est la norme en France, mais par exemple, en Suisse, la température de dimensionnement est de 26°C. La déshumidification qui pompe énormément d’énergie est eclu sauf pour raison de bon foncitonnement du bâtiment (éviter la condensation sur les plafonds froids par exemple) et pour les process. L’abbération est de refroidir exagérément, de refroidir sans mettre les protections solaires appropriées (stores extérieurs). Par contre, le strict minimum pour rester concurentiel ne me dérange pas. Quand à cette histoire de réseau de froid. C’est sûr que si on compare chaque magasin qui a un split à un réseau global, ya pas photo. Mais sinon, un réseau pose aussi des contraintes notamment sur les régimes de température. Un nouveau bâtiment qui utilise des régimes de température plus haut en réseau avec un ancient qui utilise de la basse température, au final tout le réseau doit être en basse température.

Fleurent

Je comprend bien votre raisonnement mais aujourd’hui le risque de rechauffement climatique est tellemnt important pour nos descendants qu’il faut d’abord faire des ecoomies d’énergie et ensuite developper des energies sans CO2 c’est le nucléaire qui n’est pas sans inconvenient mais n’emet pas de CO2 On peut remarquer que la croissance de la consommation d’énergie electrique est plus importante que la croissance de la fourniture d’énergie des energies renouvelables. Alors il faut faire des choix. Je me suis exprimé de facon trop simpliste, mais a quelques exceptions près le corps humain resiste mieux a la chaleur qu’au froid donc la climatisation sous nos climat ne devrait etre reservée qu’a des cas particuliers. Il y a d’autre choix tout aussi exigeants moins chauffer, moins de voitures particulieres, une alimentation moins destructrice de l’environement