L’explosion des biocarburants

La ruée vers l’or vert

Depuis la fin des années 1990, on assiste à une hausse sans précédent de la production de biocarburants dans le monde. Une croissance moyenne annuelle de 15% sur les 5 dernières années, concentrée en particulier au Brésil, aux Etats-Unis et en Europe. Les biocarburants totalisaient en 2005 une production de 22 Millions de tonnes équivalent pétrole dans le monde (22 Mtep, soit 31Mt).Un chiffre qui devrait plus que doubler d’ici 2015 (figure 1), compte tenu des investissements en cours dans de nombreux pays.


Le nouvel or vert n’a pu prendre son essor qu’en entrant en concurrence avec les prix élevés des hydrocarbures.

Pourtant, il n’est pas encore parvenu au seuil de rentabilité qui lui permettrait de prendre le pas sur les énergies fossiles. A ce jour, seul le Brésil, le premier producteur mondial, parvient à proposer des coûts de production suffisamment faibles pour concurrencer le pétrole.


EtOH : Ethanol, produit principalement au Brésil et aux Etats-Unis
EMVH : Ester méthylique d’huile végétale, dérivé de l’huile de colza. Principalement produit en Europe pour des moteurs diesel.


En France, on estime à 65 $ le prix du baril de pétrole nécessaire pour rendre le Diester rentable. Pour l’éthanol, sa rentabilité ne serait atteinte qu’à partir d’un cours stabilisé au-dessus de 100 $ du baril.

Elle devrait néanmoins s’ améliorer avec la construction de nouvelles unités industrielles prévues pour 2008. Les coûts de l’éthanol pourraient ainsi être abaissés de 25 à 30 %, notamment grâce aux économies d’échelle.

Les gouvernements amorcent la pompe

La filière biocarburant ne peut donc se développer qu’en prévision des hausses futures des cours du pétrole.

Elle bénéficie pour cela tant au Etats-Unis qu’en Europe d’aides substancielles à la production et à la consommation. Le gouvernement américain y consacre ainsi entre 5,5 et 7,3 milliards de dollars de subvention par an. Ces aides devraient atteindre entre 6,3 et 8,7 milliards de dollars par an d’ici 2010.

Dans l’UE, les agriculteurs reçoivent une prime de 45 euros pour chaque hectare de terre utilisé pour la production de biocarburants, jusqu’à 50% de ces coûts étant assumés par les Etats membres.

Dans le cadre de son plan biocarburant, la France a quant à elle mis en place des incitations fiscales octroyant une réduction  de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) fixée annuellement par la loi de finance.

Les esters d’huiles végétales incorporés au gazole et au fioul domestique bénéficient d’une exonération de TIPP à hauteur de 35,06 euros/hl, et les dérivés de l’alcool éthylique d’origine agricole, incorporés aux essences, d’une exonération plafonnée à 50,23 euros/hl.

Ces aides fiscales visent à éviter la hausse des prix consécutivement à l’augmentation du taux légal de biocarburant incorporé dans les pompes.

La directive européenne « biocarburants » adoptée en 2003 et transposée en droit français en 2005, fixe ainsi comme objectif un taux de 5,75% d’incorporation de biocarburants dans les pompes en 2007. Ce taux a été rehaussé en France à hauteur de 7% pour 2010.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Thomas Picavet

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