L’industrie du solaire photovoltaïque dans l’obligation d’innover

Le marché de l’industrie du solaire photovoltaïque est en pleine mutation en ce moment ; Alcimed, la société de conseil et d’aide à la décision, nous aide à décrypter le phénomène.

Les plus grandes fermes de solaire photovoltaïque en fonctionnement aujourd’hui sont en Chine (200 MW mis en service en 2011), en Ukraine (100 MW – 2011) et au Canada (97 MW – 2010). De très grands projets ont également été lancés : l’Inde parle de construire 4 fermes de 1 000 MW chacune et le chinois First Solar prévoit de monter une ferme solaire en couches minces de 2 000 MW d’ici 2019.

Un enthousiasme autour de gigantesques projets qui doit être tempéré

Comme en France et dans le reste du monde, le secteur du solaire photovoltaïque a été particulièrement secoué. En France, fin 2010, un moratoire et un coup de frein sur les tarifs de rachat a stoppé un grand nombre de projets en cours, et a ainsi supprimé la moitié des 25 000 emplois dans le secteur. Il fallait pour l’Etat ralentir le rythme effréné des installations : fin 2010, on comptait 1 GW d’installé et 4 GW en file d’attente, alors que l’objectif de l’Etat est de 5,4 GW installés… en 2020 ! Un coup de frein similaire a pu être observé dans toute l’Europe.

De fait, la capacité mondiale de production de panneaux photovoltaïques est à présent deux fois supérieure à la demande. Avec la baisse des coûts des modules photovoltaïques (-80% en 3 ans) et cette situation de surproduction, le prix des panneaux a chuté, obligeant un grand nombre de groupes à fermer. D’un côté, l’allemand Q-cells a subi des pertes record, et de l’autre, le français Photowatt a été placé en redressement judiciaire en novembre 2011 et a dû être repris par le groupe public EDF fin février 2012 pour être sauvé. Et même les leaders chinois Suntech et JA Solar, pour qui l’Europe représente 90% des ventes, doivent réduire leur production et ne semblent résister que grâce aux subventions de l’Etat.

Innovations technologiques et commerciales

SolaireDirect a, par exemple, innové dans les mécanismes d’achat, en ayant conclu pour la 1ère fois en Europe une vente de gré à gré d’électricité solaire à un prix très compétitif, tout en fabriquant une partie de ses panneaux en France. Côté innovation technique, les sociétés françaises Soitec et Heliotrop font partie des quelques groupes au monde à développer des centrales photovoltaïques à concentration. Cette technologie, avec seulement 5 MW d’installé en 2010, pourrait atteindre 1 GW par an en 2015.

Mais les centrales photovoltaïques à concentration ne sont qu’un exemple d’innovation technologique parmi d’autres. Aujourd’hui, les trois principaux défis technologiques des acteurs de l’industrie du photovoltaïque sont les suivants :

Améliorer le rendement des panneaux, comme l’ont fait des chercheurs américains (de 18 à 40%) en entrelaçant du phosphure de gallium indium (IngaP) pour la couche supérieure et de l’arséniure de gallium-indium (InGaAs) pour la couche médiane. D’un autre côté, cette solution soulève d’autres problèmes puisque les matériaux qui la constituent sont particulièrement chers et seulement partiellement recyclables.

Développer les couches minces (ou films) avec la technologie du CIGS (Cuivre, Indium, Gallium, Sélénium), la plus exploitée, ou celle du CIS, dont la production de masse est prévue pour le second semestre 2012 (par le japonais Solar Frontier). Ces modules CIS, moins chers et plus maniables que des panneaux en silicium, devraient avoir un rendement compris entre 13 et 14%. Selon Lux Research, le marché mondial des panneaux photovoltaïques à couches minces CIGS devrait doubler d’ici 2015 pour atteindre 2,35 milliards de dollars et 2,3 GW de puissance annuelle installée.

Développer le recyclage des panneaux photovoltaïque, car la filière n’est pas encore organisée. Il faut créer un réseau de collecte et surtout développer un processus moins énergivore que celui qui est utilisé actuellement : aujourd’hui, les éléments des modules subissent des traitements thermiques et chimiques avant de pouvoir être réutilisables pour construire de nouveaux panneaux.

L’innovation est omniprésente dans le secteur, mais de nombreuses marches doivent encore être gravies pour rendre la filière plus rentable, moins énergivore et plus accessible pour les particuliers.

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11 Commentaires
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Alfred

Je ne comprend pas qu’on oublie toujours le photovoltaïque organique dont la technologie avance pourtant à grand pas. En plus la France n’est pas à la traîne sur cette techno ! Ce sont des cellules solaires en plastique qui ne coûteront rien à fabriquer et la production industrielle va bientôt commencer : Personne n’y croît à cette techno ou quoi ?

michel123

les cellules organiques sont intéressantes pour dépanner (recharger sont teléphone portable en montagne)mais ne sont pas durables dans le temps.

Alfred

J’ai lu que la société Heliatek espérait réussir d’ici fin 2012 à prolonger la durée de vie du photovoltaïque organique au delà de 20 ans. Est-ce vrai ? Si oui, il faudra certainement compter sur cette technologie à l’avenir et pas seulement pour dépanner ou bien y a-t-il d’autres écueils ?

crolles

Cette étude est complètement bateau. Je ne sais pas si Alcimed se l’est fait payer, mais on n’y apprend strictement rien. Encore un exemple de parasites sui se nourissent “sur la bete”. Cdlt

Etiennesolar

Si la société Alcimed est un minimum honnête et indépendante, elle commence par montrer les chiffres officiels par pays, des puissances PV déjà installées en 2010 et des nouvelles installations en 2011 … l’analyse révèlera sans aucun doute que, sur le plan énergétique, fort heureusement, la politique Française est une exception ! … Dommage, car notre petit pays est l’endroit idéal pour le PV simple (plus ensoleillé que l’allemagne et moins chaud que l’Espagne) … seulement le loup est dans la bergerie et mange tous les nouveaux nés … pour finir par déféker gaillardement dans les mangeoires !!!

enerZ

Merci de rester courtois et de mesurer vos mots. Pas de diffamation non plus. Nous rappellons que tous nos lecteurs ne sont pas des spécialistes dans le domaine photovoltaïque. La rédaction

Pastilleverte

bien d’accord avec vous (sur le fond…) lieu commun pour le moins : il faut qu’une industrie “de pointe” innove pour s’adapter et survivre… Merci pour l’info. (tous les lecteurs ne sont pas des spécialsites de l’innovation)

fredo

Le projet de First Solar d’une centrale de 2 GWc est crédible et finançable car First Solar est à la fois le développeur du projet et le fabricant des panneaux PV. En d’autres termes, il est son propre client, et crée son propre débouché, cela avec un prix de revient PV au Wc le plus bas au monde! Ce modèle d’intégration est de plus en plus adopté (Sunpower, LDK, …) et est valable une fois atteint la parité réseau, n’en déplaise à Sicetaitsimple qui en dénigre la faisabilité économique (si,si!). Ce modèle va lui vers des projets de grande ampleur, ce qui copntrecarre un peu la thèse défendue par Alcimed, oups.

Le skeys

le silicium cristallin a en effet encore de grosses marges de progression (performances et compétitivité) et ce sont des entreprises européennes sinon françaises qui mettent en oeuvre ces progrès… il permet par ailleurs des rendements bien supérieurs à ceux indiqués plus haut… (on peut acheter en quantités commerciales couramment du >20%).

Mamouth

Il faut aussi rappeler que l’objectif français de 5,4 GWc pour 2020 est ridicule. L’Allemagne a dépassé les 15 GW déjà installés fin 2010.

Rice

D’accord avec les détracteurs de cette “étude” qui n’apporte rien de plus que ce que, même les moins spécialistes, savaient déjà… 🙂 2 remarques toutefois, hors les querelles de chiffres et autres responsables de la situation française du PV (vous voyez de qui je veux parler bien sûr…) : – le modèle économique développé par Solaire Direct n’est viable qu’avec des produits low-cost fabriqués en Asie ! Autant dire que s’il s’agit de couvrir nos champs au profit d’atelier de fabrication à l’autre bout du monde et en les faisant payer par les contribuables français via la CSPE… c’est non ! – le rendement des cellules est un leurre auquel succombe facilement beaucoup de lecteurs : s’il s’agit de faire de la puissance surfacique pour montrer sa “supériorité” technologique, aucun intérêt. S’il s’agit à coût égal de permettre de faire des panneaux plus petits (et donc normalement moins chers si tout le monde joue le jeu…), alors pourquoi pas. Mais en gardant à l’esprit qu’un 1 Wc, quelle que soit le rendement de la cellule, ne fera toujours qu’un WC… En ce qui concerne les couches minces de nouvelle technologie, voire les cellules organiques, si elles permettent à nos industriels français de reprendre une longueur d’avance…. Mais en attendant, difficile de faire meilleur marché que du bon vieux silicium au vu des tarifs pratiqués actuellement. Concernant le solaire thermodynamique, le marché ne semble pas en France et donc les usines n’y seront pas non plus… (cf SOITEC qui va ouvrir une usine dans la région de San Diégo pour se rapprocher de ses marchés…). Donc, si la recherche est bonne pour les brevets, elle l’est nettement moins pour les emplois si nous fabriquons à l’étranger le fruit de nos innovations…