Produire du courant, une affaire de vaches

"On ne peut pas fabriquer un sac à main en soie avec une oreille de cochon", dit un vieux proverbe. Une compagnie d’électricité de l’Etat américain du Vermont n’en est pourtant pas si éloignée en transformant de la bouse de vache en courant électrique par un processus qui permet à la fois de réduire la pollution et de donner un coup de pouce aux producteurs laitiers.

Lancé en 2005 par le Central Vermont Public Service (CVPS), le programme « Cow Power » repose sur la bonne volonté de milliers de clients – foyers et entreprises confondus – qui acceptent de payer un peu plus pour leur électricité si cela permet d’étendre la création d’énergies renouvelables et d’aider leurs voisins agriculteurs.

Le gouvernement fédéral et celui de l’État du Vermont ont également mis la main à la poche, octroyant aux agriculteurs participants des dons et des prêts pour les aider à défrayer les coûts initiaux élevés d’installation de l’équipement nécessaire à la transformation du méthane issu du fumier bovin en électricité.

Le procédé est relativement simple : le fumier et autres déchets agricoles sont entreposés dans des cuves de béton souterraines et maintenus à une température de 38 degrés Celcius, soit la température de l’estomac d’une vache.

Des bactéries décomposent la matière ainsi entreposée, dégageant du méthane. Ce gaz, qui est au moins 20 fois plus nocif que le gaz carbonique sur le plan de l’effet de serre, alimente un générateur.

Les clients de CVPS peuvent choisir d’obtenir tout ou partie de leur électricité par le biais de ce programme, et paient une surtaxe de 4 centimes par kilowatt/heure. Selon les responsables de la compagnie, cela se monte à près de 20 dollars par mois en moyenne. Cette surtaxe de 4 centimes est remise aux agriculteurs participant au programme, qui reçoivent également 95 % des revenus de la vente, au prix du marché, de l’énergie qu’ils génèrent.

De plus, les agriculteurs peuvent économiser sur les achats de combustibles en utilisant le surplus de chaleur du générateur pour chauffer de l’eau et des locaux. Étant donné, également, que le processus de décomposition bactérien tue les agents pathogènes, les déchets solides restants peuvent remplacer la sciure qui sert habituellement de litière pour les animaux.

Selon CVPS plus de 4.600 clients ont adhéré au programme. Cependant, seulement cinq exploitations à ce jour, y participent, ce qui est sans doute un reflet de la prudence suscitée par les coûts élevés de l’équipement initial.

« La technologie est encore relativement nouvelle, et très chère. Il faut parfois jusqu’à 10 ans pour la rentabiliser, » explique Mark Sinclair, directeur adjoint de la Clean Energy States Alliance (CESA), une association nationale sans but lucratif basée dans le Vermont.

Avec des troupeaux comptant un total de 5.200 vaches, les responsables de CVPS estiment que les fermes participantes produisent 9,4 millions de kilowatts/heure par an.

La participation limitée, à ce jour, des agriculteurs, signifie que la demande excède l’offre, ce qui, pour Dave Dunn, coordonnateur du programme « Cow Power » à CVPS, est une « bonne nouvelle ».

Si la transformation de fumier en énergie n’est pas nouvelle, a-t-il ajouté, la méthode de CVPS est unique parce qu’elle a créé un nouveau modèle d’entreprise. « Nous avons trouvé le moyen de créer un lien entre l’offre émanant des agriculteurs et la demande. Personne ne croyait que les clients accepteraient de payer 4 centimes supplémentaires par kilowatt/heure pour choisir une énergie renouvelable. Ce qui leur plaît surtout, c’est de choisir une source renouvelable d’énergie produite par un voisin. »

Afin de limiter les coûts de démarrage, le ministère de l’agriculture offre des prêts et des dons en vertu d’une disposition de la loi agricole de 2002 visant à favoriser la création d’énergies renouvelables. L’agence agricole et le bureau de l’énergie de l’État du Vermont offrent également de modestes subventions et des prêts à faible taux d’intérêt.

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Ronald

C’est le caca de le dire

Guydegif(91)

Pourrait très bien s’appliquer chez nous; en plus du fumier et déchets agricoles, on peut y rajouter du lisier, déchets bois, etc…”Le procédé est relativement simple : le fumier et autres déchets agricoles sont entreposés dans des cuves de béton… Le ministère de l’agriculture (Vermont USA) offre des prêts et des dons en vertu d’une disposition de la loi agricole de 2002 visant à favoriser la création d’énergies renouvelables….” voilà des idées à reprendre chez nous…aux bons soins du MEDAD. A+ Salutations Guydegif(91)

Remi

Il ne s’agit pas de kiloWatt/heure mais bien de kiloWatt.heure . “kiloWatt/heure” ne correspond à rien ! Désolé pour cette réaction de scientifique, mais une erreur comme celle ci mérite d’être signalée et corrigée!

Mamouth

Comme il est dit, technologiquement, le procédé n’a rien de neuf : des centaines, voire des milliers d’installations de ce type existe à travers l’Europe.

Dan

Cette forme d’exploitation des déjections animale peut être localement intéressante : quitte à avoir une pollution, autant qu’elle produise de l’énergie. tant que la production reste marginale et qu’il n’y a pas d’incitation à produire plus, tout va bien, au-delà c’est une autre histoire car évidemment le lisier est renouvelable… mais c’est justement bien là le problème ! On voit aussi que fournir de l’énergie à partir de l’incinération des ordures est séduisant. Pour être rentable, il faut beaucoup d’ordures à incinérer d’où découle deux problèmes : 1) Doit-on ne rien faire pour diminuer le volume d’ordures ou pire : en encourager la production ? 2) Doit-on s’interdire de diminuer l’importance de l’incinération des ordures ou pire l’encourager ? Ces solutions ne sont donc intéressantes que dans des cas très ciblés et peuvent servir à titre pédagogique, mais elles ne représentent nullement une alternative crédible aux systèmes de production de masse.

louzou

j’ai consulté l’article de wikipedia indiqué par Rémi. Il n’est nulle part fait mention que “scientifiquement” on note kilowatt.heure, mais kilowwatt-heure, ce qui revient au même que kilowatt/heure! le / signifie bien “par”, ce qui est cohérent avec le sens. CQFD

Dan

Attention : dire que kW/h est équivalent à kWh est scabreux. Quand on parle de quantité d’énergie, il faut bien multiplier une puissance par un temps, en l’occurrence il s’agit de multiplier une puissance en kWatts par une durée en heure. Si on note kW/h, cela veut dire que l’on divise une puissance par un temps et cela ne donne pas une quantité d’énergie ! Wikipédia dit : “La puissance correspond donc à un débit d’énergie” et ” La puissance est toujours égale au produit d’une grandeur d’effort (force, couple, pression, tension, etc.) par une grandeur de flux (vitesse, vitesse angulaire, débit, intensité du courant, etc.). L’unité de puissance du SI est le watt, noté W, qui correspond à un joule fourni par seconde”. Le Watt est donc égale à une quantité d’énergie (le Joule) divisé par l’unité de temps (la seconde) et non l’inverse : P = Q/t (le kWatt = kWh/h) et non Q = P/t (le kWh = kW/h). Je ne vois pas Wikipédia dire le contraire et puis ce n’est pas la seule source de savoir.

rageous

La récup du méthane devient intéressante à partir d’un certain nombre de bestiaux, l’installation est lourde et onéreuse, la production d’énergie sert l’éleveur et/ou est vendu à EDF. Donc c’est pour des gros cheptel et cela représente une moins mauvaise solution pour le recyclage des déjections, la production principale restant dans ce cas le lait, on n’élevera pas des vaches que pour leurs bouses!