Réchauffement climatique : des effets dramatiques qui vont s’intensifier

Les incendies catastrophiques liés à la canicule historique, en durée et intensité, que viennent de connaître certains pays, nous rappellent que le réchauffement climatique planétaire est non seulement une réalité mais provoque et provoquera de plus en plus d’évènements météorologiques extrêmes, canicules prolongées, sécheresses et inondations notamment.

La canicule sans précédent qui a touché la Russie n’est pas une réelle surprise pour les scientifiques russes qui tirent la sonnette d’alarme depuis des années quant à un réchauffement rapide du pays qui ne fera qu’accélérer au cours du XXIe siècle. Partant du travail d’éminents chercheurs, un rapport de 2008 établi par l’agence russe étatique de l’environnement concluait que la Russie se réchauffait deux fois plus rapidement que le reste du monde avec, au cours du XXe siècle, une augmentation de 2,1 degrés de ses températures moyennes.

Le rapport montrait que le travail des scientifiques russes « s’accordait bien » avec un rapport détaillé de 2007 conduit par le Panel intergouvernemental des Nations unies sur le Changement climatique recommandant vivement à toutes les nations d’agir pour ralentir les émissions de gaz à effet de serre.

La preuve du réchauffement s’étend à travers toute la Russie. Les glaciers et l’Arctique se sont considérablement réduits et pas moins de 995 000 km² de toundra sibérienne sont en train de fondre. Les feux de forêts sont également en hausse depuis des décennies : une tendance qui, selon les scientifiques, devrait s’accélérer dans les décennies à venir, tant que les températures continueront à grimper.

Pendant que la Russie brûlait, le Pakistan connaissait des inondions dramatiques qui ont tué plusieurs milliers de personnes et fait des millions de sans abris. On pourrait penser qu’il n’y a pas de rapport entre ces phénomènes extrêmes mais, selon Olivia Romppainen-Martius de l’Institut pour l’atmosphère et le climat de l’Ecole polytechnique fédérale (EPF) de Zurich, il y a bien un lien « dynamique » entre ces deux catastrophes. Ce lien, c’est le jet stream. Ce courant se transforme en vents très forts au-dessus du Pakistan. Leur vitesse augmente en direction de l’est et vont balayer l’Himalaya.

Or la canicule russe, avec ses masses d’air chaud, renforce ce jet stream, explique Olivia Romppainen, Dans la région où le jet stream se forme, des masses d’air plus fortes sont tirées vers le haut. A cet endroit-là, juste au-dessus du Pakistan, une nouvelle anomalie se produit. « Cette année, les moussons avaient amené énormément d’humidité vers le nord de l’Inde et du Pakistan. En montant, ces masses d’air humides ont provoqué les fortes pluies. »

Autre signe inquiétant, au Groenland, un immense bloc de glace, grand comme quatre fois l’île de Manhattan s’est détaché d’un glacier polaire dans le nord du Groenland, à environ 1.000 kilomètres au sud du Pôle Nord. L’Arctique n’avait pas perdu une telle masse de glace depuis 1962. Ce bloc de glace pourrait alimenter tous les Etats-Unis en eau potable pendant 4 mois !

La rétraction estivale de la banquise arctique sera de nouveau spectaculaire cette année. Elle va passer sous la barre des quatre millions de km2 pour la quatrième année consécutive – 2007 à 2010 – alors qu’elle n’était jamais descendue sous cette limite au moins depuis 1978, date à laquelle son observation quotidienne par satellites est possible.

Enfin, une étude publiée fin juillet dans la revue Nature montre que le plancton végétal a décliné au cours du siècle dernier, probablement à cause du réchauffement climatique, menaçant l’ensemble de la chaîne alimentaire dans les océans du globe. Le phytoplancton, constitué d’organismes microscopiques qui vivent en suspension dans l’eau, a décliné de 1 % par an en moyenne, selon l’équipe de l’université canadienne de Dalhousie.

Or ces micro-organismes végétaux sont à la base de la chaîne alimentaire marine, nourrissant aussi bien les minuscules organismes de zooplancton que les grands mammifères marins (baleines…), les oiseaux de mer et la plupart des poissons. "Le phytoplancton est le carburant de l’écosystème marin. Son déclin affecte toute la chaîne alimentaire, jusqu’aux humains", explique Daniel Boyce, qui a mené l’équipe de chercheurs.

Cette tendance représente une réduction d’environ 40 % depuis 1950, très probablement liée au réchauffement climatique. Les scientifiques ont constaté une corrélation entre le déclin du phytoplancton et la montée des températures de surface de la mer. "Le plancton végétal joue un rôle crucial dans l’écosystème de la planète. Il produit 50 % de l’oxygène que nous respirons, réduit le gaz carbonique et est important pour l’industrie de la pêche. Un océan avec moins de phytoplancton fonctionnera différemment", explique Boris Worm, l’un des auteurs de l’étude.

La température a une influence cruciale sur la biodiversité marine, constate une autre étude également publiée par Nature. L’équipe dirigée par Derek Tittensor, de l’université de Dalhousie, a analysé les relations entre divers paramètres environnementaux et la répartition de 11.000 espèces appartenant à 13 groupes principaux (zooplancton, plantes, invertébrés, poissons, mammifères…). La température de surface de la mer a un effet important sur la diversité dans tous ces groupes, ont-ils constaté. Cela suggère que "le réchauffement de l’océan dû au changement climatique, pourrait modifier la répartition de la vie dans l’océan", écrit Derek Tittensor.

Face à ces multiples signaux d’alarmes, souhaitons que la communauté internationale redouble d’efforts pour effacer l’insuffisance du sommet de Copenhague et parvenir rapidement à un accord mondial ambitieux et contraignant qui soit à la hauteur du défi climatique planétaire qui menace l’humanité.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par René Tregouët

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