Cette déclaration a été reprise par le magazine The Economist, par le Financial times et par courrier international.
Quoi de plus logique..? Si il est hors de question de partager les richesses, il est par contre naturel de vouloir partager les déchets et la pollution, même s’il s’agit de partager avec ceux qui n’ont pas participé à cette pollution.
Dans une économie où la recherche du profit maximal est le seul but à atteindre, la vie humaine n’a plus vraiment de valeur. Bien sûr, on va par principe nous parler d’éthique, mais tout le monde se gardera bien d’en définir les limites à ne pas franchir, car l’éthique limite le profit. Il est donc nécessaire que ces limites soient le plus floues possible. Comme l’économie libérale n’est qu’une concurrence acharnée, si jamais on s’impose des limites au nom de l’éthique, on se fera dépasser par le voisin qui gagnera plus d’argent en ne les respectant pas. Alors pourquoi se gêner ? On le voit bien en ce moment avec les Etats-Unis qui refusent de limiter leurs gaz à effets serre tout en se frottant les mains que les autres les respectent. La production américaine produisant ainsi sans contrainte des produits qui coûteront forcement moins chers que ceux des autres pays ayant accepter ces contraintes, et dont les prix tiennent compte des efforts à faire pour limiter les émissions de CO2. Faire durer les discussions et les négociations, c’est du temps gagné par les Etats-Unis pour continuer à vendre moins cher. Seule solution à la désinvolture américaine, la taxe carbone que j’espère le gouvernement aura le courage d’instaurer.
Malheureusement, la pollution n’est pas le seul domaine concerné par cette vision déshumanisée de l’économie. Pour obtenir plus de profit, le respect de la vie est largement bafoué dans plusieurs domaines. Pour ne citer que quelques exemples, on pourrait parler des hommes qui, pour ne pas arrêter la production, continuent le ramassage des bananes pendant qu’un avion procède à l’épandage de pesticides, on pourrait parler des ouvriers au Libéria récoltant le latex des arbres et qui manipulent et vivent au milieux de produits hautement toxiques, les exemples sont légions et je n’ai pas le courage de les énumérer tous dans cet article. Ce qui est sûr, c’est que chaque année des millions d’hommes, de femmes et d’enfants meurent simplement parce qu’il y a une éthique pour nous et une éthique pour les autres. Quand on voit déjà chez nous le nombre de maladies professionnelles malgré les protections réglementaires ou autres, il est facile d’imaginer le désastre dans les pays peu regardant sur la protection des salariés ou des populations.
L’actualité remet sur les devants de la scène un de ces jolis scandales… Le laboratoire américain Pfizer, fait actuellement l’objet d’une plainte pour s’être servie des populations africaines pour tester un nouveau médicament non homologué. Test qui a conduit à la mort de plusieurs enfants et de nombreuses conséquences graves et handicapantes sur les survivants. Bien sûr, Pfizer, se défend en insistant sur le fait qu’il a sauvé des vies, ce qui est de tout façon difficile à quantifier. Quoique puisse dire Pfizer pour sa défense, il n’empêche que Pfizer n’aurait jamais pris le risque de tester un nouveau médicament non encore homologué sur la population américaine. Alors pourquoi le faire sur les populations africaines? De plus l’argument qui consiste à dire que ces tests ont sauvé des vies est du cynisme à l’état pur, car ces mêmes laboratoires américains refusent à l’Afrique le droit de se soigner du SIDA, en leur interdisant de produire des médicaments génériques. Où est la cohérence? L’Afrique n’a pas les moyens d’acheter les médicaments au prix fort, mais a les moyens de sauver des vies en produisant des génériques. Pourquoi le lui interdire? Si les laboratoires américains sont capables de faire de “l’humanitaire” avec des médicaments non homologués, pourquoi ne sont-ils pas capable d’en faire avec des médicaments homologués?
Il n’y a pas de différence entre quelqu’un qui tue pour voler de l’argent et un autre qui laisse mourir pour gagner de l’argent. Car dans les deux cas, les morts sont la conséquence de la même avidité, la même soif d’argent.
Jusqu’où peut on solder la vie humaine pour pouvoir faire du profit?
[ Archive ] – Cet article a été écrit par Genfi