Une étude controversée sur le potentiel de l’éthanol US

Une étude réalisée par le US Department of Energy’s Sandia National Laboratory, a révélé que la production des biocarburants pourrait très largement dépasser l’objectif des 36 milliards de gallons inscrit dans le "l’Energy and independance security act" de 2007. Cette étude soutenue par l’entreprise General Motors montre qu’il serait possible d’atteindre une production de 90 milliards de gallons de bioéthanol d’ici 2030 avec 75 milliards de gallons de bioéthanol cellulosique et 15 milliards de gallons de bioéthanol provenant de maïs.

L’étude avance également que la production de 90 milliards de gallons de biocarburants pourrait réduire directement les émissions de gaz à effet de serre équivalentes à celles produites par 87 centrales électriques au charbon.

D’aussi grands volumes de biocarburants cellulosiques pourraient, par ailleurs, provenir de biomasse déjà identifiée (résidus agricoles, forestiers et cultures dédiées telles que le swithgrass), sans déplacement de production agricole. L’étude a également révélé que l’investissement dans des bio raffineries cellulosiques serait comparable à celui nécessaire pour développer l’exploitation pétrolière nationale. Enfin, les constructions d’infrastructures de distribution et de transport seraient un défi, mais loin de représenter un obstacle insurmontable.

Les résultats de cette étude ont été accueillis avec enthousiasme par le Département d’éthanol cellulosique de l’entreprise DuPont Danisco, LLC (DDCE). Son Président a déclaré que cette étude confirme bien que l’éthanol cellulosique est un moyen totalement réaliste pour parvenir à l’indépendance énergétique. Les Etats-Unis pourraient ainsi produire suffisamment d’éthanol pour remplacer près d’un tiers de toute l’essence utilisée d’ici 2030.

Différentes voix s’élèvent du côté des scientifiques :

Le professeur Cole Gustafson, économiste spécialisé dans les biocarburants à North Dakota State University à Fargo, a déclaré que cette estimation de production était difficilement concevable et qu’elle dépasse de très loin la prévision du gouvernement fédéral qui tient compte des avancées technologiques nécessaires pour atteindre cet objectif. D’après Cole Gustafon, pour que la production des biocarburants augmente telle que le montre l’étude, il faudrait que le gouvernement protège l’industrie des biocarburants de la concurrence des autres sources d’énergie, notamment fossiles.

Pour l’instant le prix de l’éthanol est bas et reste plus stable que le prix du pétrole. En effet le prix de l’éthanol E85 varie entre 1.50 et 1.65 dollars le gallon hors taxe, alors que le prix de l’essence est de 1.93 dollars aujourd’hui (2.95 dollars hors taxe il y a un an).

David Pimentel, professeur d’Ecologie et d’Agriculture à Cornell University, déjà connu pour son engagement contre les biocarburants produits à partir de maïs, pense également que cette estimation de 90 milliards de gallons de bioéthanol cellulosique d’ici 2030 est irréaliste ; les technologies de production d’éthanol à partir de cellulose ne sont pas du tout compétitives du fait de la teneur moindre en sucre et de la nécessaire prise en compte d’une étape supplémentaire de transformation de la lignine en sucres simples.

Les entreprises travaillent en partenariat avec les centres de recherche sur les moyens d’améliorer les procédés de transformation, mais pour l’instant la production reste très chère. Pour le chercheur David Pimentel, un objectif plus raisonnable serait de 10 milliards de gallons par an d’éthanol cellulosique pour ces prochaines dizaines années, dans l’attente d’approfondir les problématiques liées (transport et stockage, analyses de cycle de vie, usage des sols…).

[BE Etats-Unis numéro 154 (20/02/2009) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/57884.htm]

Articles connexes

2 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Denlaf

Le fait d’utiliser des terres agricoles pour produire de l’éthanol à partir du maïs constitue probablement une des pires décisions en ce qui concerne les énergies renouvelables. Cette façon de procéder diminue les espaces agricoles voués à l’alimentation de nos populations, ce qui entraine une augmentation des coûts y étant reliés .Les choix en énergies renouvelables ne manquent pas pour remplacer l’éthanol. Il faut aussi considérer l’efficacité énergétique de l’éthanol en comparaison avec celle de l’essence qu’on utilise dans nos véhicules automobiles. Des tests ont démontré qu’il faut 5 litres d’éthanol pour produire autant d’énergie que 4 litres d’essence (mauvais choix en terme d’énergie renouvelable). De plus, le labourage des terres agricoles pour produire le maïs rejette du carbone dans l’atmosphère. Forcément, il y aura augmentation de l’effet de serre et, par le fait même, du réchauffement climatique. Consultez mes articles sur les énergies renouvelables : http://www.denis-laforme.over-blog.com

Biocarb

Bravo aux américains s’ils réussissent à en produire autant d’ici 2030,donc en seulement 21 ans . Dont 75 milliards de gallons de bioéthanol cellulosique (2ème génération ).