2008 : Sécurité nucléaire satisfaisante selon l’ASN

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a présenté hier le bilan de l’année 2008 en matière de sûreté et de radioprotection. Une année jugée "assez satisfaisante", malgré plusieurs incidents "à fort retentissement médiatique".

Lors d’une audition à l’assemblée nationale, l’ASN a présenté son rapport annuel sur « l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2008 ». Cette audition, la deuxième depuis le changement de statut de l’ASN, a été l’occasion d’aborder les événements notables de l’année 2008, mais également les perspectives et enjeux de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France et à l’international. 2000 inspections annuelles ont été menées sur le terrain au cours de l’année.

Le collège de l’ASN et son directeur général estiment que l’année 2008 a été "assez satisfaisante" en matière de sûreté nucléaire, malgré des "événements à fort retentissement médiatique". "Une action forte a été nécessaire pour que les exploitants maintiennent la rigueur nécessaire", reconnaît l’ASN.

EDF :

l’ASN considère que le niveau de sûreté de ses installations reste satisfaisant, mais que l’exploitant ne doit pas relâcher son effort en matière d’amélioration de la rigueur d’exploitation et de la propreté radiologique de ses centrales.

En septembre, deux assemblages de combustible étaient restés accrochés aux structures internes de la cuve du  réacteur du Tricastin.

Suite à des inspections menées en septembre, l’ASN a mis en demeure EDF de mettre en conformité la centrale de Cruas-Meysse. Des écarts à la réglementation concernant les canalisations de transport de fluides explosifs avaient été détectés.

 

AREVA :

L’Autorité juge qu’elle exploite ses installations de façon satisfaisante, mais estime qu’elle doit veiller au niveau de la sûreté d’installations auxiliaires telles que Socatri et poursuivre ses efforts de rigueur dans la déclaration des événements. L’ASN estime également qu’Areva doit intensifier son effort pour reconditionner les déchets anciens sur le site de La Hague.

En juillet, la fuite d’une cuve sur le site du Tricastin avait entraîné un rejet de carbone 14 gazeux supérieur aux limites autorisées.

En novembre, une fuite d’eau borée non radioactive est survenue sur le site du Tricastin.

CEA :

L’ASN porte un regard assez positif sur l’exploitation de ses installations nucléaires et constate que l’exploitant progresse sur les sujets liés à la maîtrise des opérations de génie civil et à la criticité. Toutefois, l’ASN attend du CEA qu’il renforce les pouvoirs et l’indépendance de son inspection générale nucléaire.

ANDRA :

L’ASN considère de façon positive la façon dont l’ANDRA exploite ses centres de déchets et se prépare pour les rendez-vous prévus par la loi du 28 juin 2006. L’ASN se déclare attentive au bon déroulement de la démarche de recherche d’un site pour le stockage des déchets FAVL (faible activité à vie longue).

Par ailleurs, en matière de nucléaire de proximité, le gendarme du nucléaire indique que tous les centres de radiothérapie ont été de nouveau inspectés en 2008. l’ASN note que la plupart des établissements médicaux ont fait des efforts réels, mais la situation demeure très hétérogène.

Perspectives

Le collège de l’ASN et son président ont également présenté les perspectives et les enjeux pour l’ASN pour 2009 :

La question de la durée d’exploitation des centrales est présenté comme un enjeu majeur.

Les premiers réacteurs du palier 900 MW, tels que Tricastin 1 et Fessenheim 1, vont connaître leur troisième visite décennale. Sur la base des résultats des contrôles approfondis des principaux matériels et des évolutions à apporter résultant du réexamen de sûreté, l’ASN décidera de la poursuite ou non de leur exploitation.

La poursuite d’exploitation des centrales au delà de 40 ans est souhaitée par EDF. L’ASN se dit prête à examiner cette demande sous certaines conditions.

Par ailleurs, l’ASN a tenu a rappeler que sa légitimité et sa crédibilité sont liées à son indépendance statutaire, personnalisée par le collège des cinq commissaires : nommés pour six ans, ils sont inamovibles et ne reçoivent pas d’instructions du Gouvernement ni d’aucune autre institution.

Cependant indépendance ne veut pas dire isolement, nuance l’ASN, qui entend développer ses relations avec les parties prenantes, notamment avec les CLI et l’ANCLI. Il est de son devoir de rendre compte devant le Parlement.

Elle prévoit en outre de poursuivre le renforcement de son action pour la transparence et l’information des citoyens. Après la publication depuis 2002 des lettres de suite des inspections qu’elle réalise dans les installations nucléaires, et celle des lettres de suite de ses contrôles d’installations de radiothérapie depuis 2008, l’ASN a pour objectif de publier l’ensemble des lettres de suite d’inspection de toutes les activités utilisant les rayonnements ionisants.

L’ASN diffuse également depuis 2009 les avis des Groupes permanents d’experts sur lesquels elle s’est appuyée pour prendre ses décisions les plus importantes. Elle doit inciter fortement les exploitants à la transparence comme le demande la loi TSN.

Dans le domaine international :

Devant la mondialisation croissante des questions de sûreté nucléaire, l’ASN souhaite s’impliquer davantage dans l’harmonisation des règles et des pratiques internationales de sûreté et de radioprotection.

L’année 2009 sera importante pour la mise au point du projet de directive européenne sur la sûreté nucléaire proposée sous la présidence française et pour la convergence à l’horizon 2010 des différents pays vers les règles de sûreté de WENRA pour les réacteurs de puissance existants.

Enfin l’ASN répond à des demandes de concours d’Autorités qui souhaitent disposer de l’expertise de l’ASN sur des installations, notamment les réacteurs de type EPR, que l’ASN contrôle. Il s’agit de pays qui ont déjà recours ou non à l’énergie nucléaire.

La sécurité des sources radioactives, notamment les sources scellées qui peuvent donner lieu à des utilisations malveillantes – par dissémination ou par irradiation – doit être mieux assurée, indique le rapport. L’ASN a proposé au Gouvernement, dans un souci d’efficacité, d’être désignée comme autorité compétente pour la sécurité des sources radioactives sous réserve de recevoir les moyens nécessaires et de pouvoir appliquer ses règles de transparence pour informer le public.

Le gendarme du nucléaire insiste sur la primauté des valeurs d’indépendance, de rigueur, de compétence et de transparence avec deux objectifs clairs : faire progresser le niveau de sûreté du nucléaire et fournir aux parties prenantes les éléments qu’elles souhaitent avoir pour se faire une opinion sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France.

Le rapport 2008 est téléchargeable sur le site de l’ASN

         

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pierrotb

Mais bien sûr tout cela n’est que “fort rentissement médiatique”. Les médias cherchent la petit bête . Bah voyons…

Denlaf

Ces affirmations sont pour le moins inquiétantes. Si on se donne la peine de dire qu’on s’active à améliorer les mesures de sécurité, c’est admettre qu’elles ne sont pas suffisantes. Même si elles l’étaient, on ne doit pas s’en satisfaire. Le passé étant garant de l’avenir, les accidents sont toujours possibles. De plus, on n’a toujours pas résolu le problème concernant la disposition sécuritaire des déchets nucléaires. Encore plus inquiétant, certains composants des déchets des nouveaux réacteurs sont jusqu’à 7 fois plus radioactifs. Vivement les énergies renouvelables qui, elles, sont sécuritaires et créent des emplois.  http://www.denis-laforme.over-blog.com

dede29

 C’est bien d’avoir une autorité de sureté indépendante et de plus en plus compétente .Il serait souhaitable de disposer de la meme chose pour les autres activités humaines . Dire que la centrale de Tricastin est une centrale vétuste ,c’est non fondé et assez comique .

dede29

  les durées de vie de ce type de centrales est de 40 à 60 ans;certaines aux USA ont eu ces autorisations .En France notre système est différent ,on procède à un examen complets tous les 10 ans .On sait changer tous les composants d’une centrale sauf la cuve ; en revanche on controle sa tenue aux radiations “cumulées” et les résultats sont satisfaisants. La décision d’arreter une unité sera certainement  économique (cout des réparations trop élevé) .Pour le moment on en est loin .Les centrales citées sont sans doute à mi-vie . Pour plus de détails  

energizer

Vu notre glouttonnerie énergétique, difficile de se passer de nucléaire, qui reste une énergie fort critiquable par ailleurs. Je connais des personnes qui militent pour la fin du nuc’ et qui vivent en mode décroissance (non non, pas de bougies et de caverne pour autant!): cela me semble déjà plus sensé.

Dan1

Vieille antienne : le nucléaire = surconsommation d’énergie. Seulement ce raisonnement n’est pas fondé et cela est facilement démontrable. Relisez les commentaires de l’article : “EPR : la 2ème centrale sera construite à Penly (76)” publié le 30 janvier 2009. Vous verrez que les français “hyper nucléarisés” ne sont pas les plus gros consommateur d’énergie par habitant, même en Europe. Le pays qui a la plus grande “addiction” à l’énergie : les Etats-Unis, y arrive fort bien avec 20 % de nucléaire et 50 % de charbon ! Remarquons également que l’énergie électrique était reste une énergie chère par rapport reste, même  en France.

pierrotb

“puisque les centrales à charbon émettent beaucoup plus de radioactivité dans l’environnement que les centrales nucléaires, nous économisons là aussi environ 500 morts par an!” arf arf laissez nous rire monsieur. Ne comparons pas la peste et le choléra. Je suis choqué du silence médiatique de ce Bilan 2008. Comme beaucoup de choses autour du nucléaire.

Henritb

Dés qu’on lui met le nez dedans,mr pierrotb botte en touche en prétendant ne pas vouloir comparer .Mr pierrotb est un écolo-tricheur trés ordinaire,à la mauvaise foi antinucléaire classique.Moi ce qui me choque: C’est le silence médiatique sur cette grosse arnaque prétentieuse de la pseudo-écologie antinucléaire prête à délirer n’importe quoi à chaque occasion pour fourguer aux naifs sa minable propagande antinucléaire,toujours plus méprisable.

Dan1

Je ne sais pas si les faibles doses de radioactivité sont dangereuses, toujours est-il que la combustion du charbon-lignite libère au moins trois élements radioactifs (uranium, thorium et potassium). Si on se réfère à une étude de l’ORNL que j’ai déjà citée, pour l’uranium la concentration serait de 1,3 ppm et de 3,2 ppm pour le thorium. Ce n’est pas beaucoup, mais la masse de charbon annuellement brûlée est colossale et ne cesse d’augmenter. Dans ce cas, en prenant une consommation annuelle de 4 milliards de tonnes de charbon et un milliard de tonnes de lignite au niveau mondial les rejets s’élèveraient à 6 500 tonnes d’uranium et 16 000 tonnes de thorium par an. Si on applique la célèbre relation linéaire sans seuil, on doit bien trouver quelques morts ! D’ailleurs l’EPA (agence américaine de protection de l’environnement) considère qu’il est plus dangereux d’habiter près d’une centrale à charbon que près d’une centrale nucléaire.

Dan1

Merci BMD pour ces précisions. Puisque les EnR manquent de moyens pour se développer, je propose que l’Allemagne transfère toutes les subventions allant actuellement à la filière charbon-lignite vers les EnR. Cela ferait un beau pactole de plus de 2 milliards d’Euros par an (accepté par la communauté européenne). Il paraît même que dans les années 90, il a dépassé 5 milliards d’Euros/an et que au total, les subventions auraient dépassé largement les 100 milliards d’Euros. A ce rythme les allemands auraient pu construire des parcs d’éoliennes immenses et éradiqué le nucléaire !