L’optimisation des performances des batteries représente un enjeu capital pour les industries technologique et automobile. La compréhension approfondie des mécanismes opérant à l’interface entre l’électrode et l’électrolyte constitue un défi scientifique majeur. Des chercheurs de l’Université Penn State et de l’industrie ont mis au point une méthode innovante pour observer cette interface avec une résolution sans précédent. Leurs travaux élargissent les possibilités d’amélioration de l’efficacité et de la longévité des batteries.
Les conclusions de cette recherche ont été publiées dans le Journal de la Société chimique américaine. L’étude se concentre sur l’interface électrode-électrolyte, zone déterminante pour les performances des batteries. Cette frontière, où l’électrode solide et l’électrolyte liquide se rencontrent, joue un rôle essentiel dans l’accumulation et le transfert des ions et des molécules de solvant.
Jianwei Lai, assistant de recherche diplômé en énergie et ingénierie minérale et premier auteur de l’étude, a souligné l’importance de la double couche électrique (DCE) dans ce processus. «La DCE régit la migration des ions et le transfert d’électrons qui permettent les réactions électrochimiques dans les batteries». L’analyse de cette double couche s’avère donc primordiale pour comprendre et améliorer les performances des batteries.
Des obstacles techniques considérables
L’observation de la double couche électrode-électrolyte présente des difficultés majeures. Sa taille nanométrique et sa nature dynamique, évoluant selon la tension appliquée, rendent son étude particulièrement complexe. Les modifications dans cette couche peuvent impacter négativement l’efficacité de la batterie, réduire sa capacité de stockage d’énergie et diminuer sa durée de vie.
«La DCE se situe à l’échelle nanométrique, ce qui la rend très difficile à caractériser. De plus, sa structure n’est pas statique – elle dépend fortement de la charge appliquée, ce qui rend son étude directe très difficile» a expliqué Jianwei Lai.
Les méthodes de mesure conventionnelles, telles que la voltamétrie, l’électrocapillarité traditionnelle et la spectroscopie d’impédance électrochimique, ne fournissent que des indices indirects et imprécis.
Une approche innovante aux résultats prometteurs
Pour surmonter ces obstacles, l’équipe de recherche a développé une version améliorée de l’électrocapillarité. Cette technique mesure les variations de tension superficielle de l’interface lorsqu’une tension est appliquée. L’approche innovante utilise des capteurs et des équipements avancés pour capturer les changements rapides à l’interface électrode-électrolyte.
Les chercheurs ont également élaboré de nouvelles méthodes analytiques pour évaluer non seulement la tension interfaciale globale, mais aussi la distribution spécifique des ions et les variations de potentiel à l’interface. Jianwei Lai a affirmé : «Par rapport aux méthodes traditionnelles, notre approche haute résolution améliore la résolution des données de 50 à 100 fois». Cette avancée permet de cartographier la structure de la double couche et le profil de potentiel avec une précision inégalée.
Application aux batteries au zinc
L’équipe a appliqué sa technique avancée à l’étude des électrolytes des batteries au zinc, de plus en plus prisées pour leur sécurité et leur faible coût. Leurs analyses ont révélé une accumulation plus importante d’ions zinc dans la double couche, conduisant à une charge plus rapide et plus efficace des batteries.
Les chercheurs ont découvert que les ions zinc sont guidés vers la position optimale par les ions chlorure, qui adhèrent étroitement à la surface de l’électrode.
«Cette stratégie accélère la charge et rend les batteries plus efficaces en aidant les ions zinc à se déplacer plus rapidement pendant la charge et la décharge» a expliqué encore Jianwei Lai, et de conclure : «La modernisation de l’électrocapillarité représente un bond en avant significatif dans le domaine de l’électrochimie».
Leur nouvelle technique offre une compréhension plus approfondie des interactions entre l’électrode et l’électrolyte. Elle permet aux scientifiques de mieux mesurer et capturer les interactions infimes entre ces composants, ouvrant la voie à une meilleure conception des électrolytes pour le stockage d’énergie.
Légende illustration : Une nouvelle technique d’électrocapillarité révèle comment les ions et les molécules s’organisent aux interfaces, ce qui nous permet de mieux comprendre et contrôler les surfaces des batteries. Credit: Jianwei Lai
Article : « Linking Interfacial Structure and Electrochemical Behaviors of Batteries by High-Resolution Electrocapillarity » – DOI: 10.1021/jacs.4c03791