Areva : revers en Chine

Au début août, réagissant à l’annonce des pénalités de retard qu’Areva allait devoir supporter en Finlande, le Figaro consolait ses lecteurs en expliquant « le jeu en vaut la chandelle.

L’EPR finlandais a en effet servi de vitrine pour vendre cette technologie aux États-Unis et en Chine. » (voir notre article du 11/08/07).

Pour ce qui est de la Chine, ce n’est peut-être pas encore gagné.

Dans un communiqué du 22/08/07, le collectif Sortir du Nucléaire annonce que la Chine aurait décidé d’annuler définitivement la construction de 2 réacteurs EPR à Yangjiang.

Pourtant l’offre faite par Areva pour ces 2 réacteurs (3,66 milliards d’euros) semblait intéressante puisqu’elle correspond grosso modo au prix de l’unique centrale EPR finlandaise.

« Même à prix cassé, les Chinois ne veulent pas de l’EPR, » constate le Réseau qui demande en conséquence, devant un tel fiasco, au gouvernement français de renoncer au projet d’EPR à Flamanville (Manche).

Il est certain que, si la nouvelle se confirme, il s’agit là d’un revers important pour le nucléaire français qui, au-delà des deux centrales en discussion, lorgne sur la trentaine de projets en gestation en Chine à l’horizon 2020 (pour un total de 50 milliards d’euros) (1)

Selon Reuters pourtant, un porte-parole d’Areva a déclaré que les discussions "avancées" sur la construction de centrales EPR en Chine se poursuivaient, mais a refusé de commenter les informations sur le changement éventuel de site.

Répondant au Nouvel Obs, Jean-Hervé Lorenzi, professeur à Paris Dauphine, spécialisé dans l’énergie, estime de son côté que « il ne s’agit que de spéculations » et relativise le revers éventuel en expliquant : « il faut avoir à l’esprit la stratégie d’Areva sur l’uranium. Le groupe a dans ce cadre annoncé avoir lancé une OPA sur UraMin pour 2,5 milliards de dollars. Or, ces matières premières vont devenir un enjeu fondamental. De plus, Areva gère des positions concurrentielles, il traite de l’ensemble de la filière. Et la filière électronucléaire française est unique au monde. »

Unique au monde, peut-être, mais pas toute seule. Fin juillet 2007, c’est avec Westinghouse que la Chine a signé un contrat de quelque huit milliards de dollars pour la construction de quatre centrales équipées de réacteurs réacteurs de 1,1 gigawatt chacun, issus de la technologie AP1000 (qui, aux dires de Westinghouse, constitue la base de près de la moitié des centrales nucléaires du monde).

(1) Actuellement, la Chine compte dix réacteurs en état de marche qui lui fournissent environ 2% de son électricité.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Citron Vert

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