Bush lance sa propre stratégie climatique

George W. Bush a dévoilé sa stratégie de lutte contre le réchauffement climatique.

Dans un discours prononcé à Washington ce jeudi 31 mai, le président américain a fixé pour la fin 2008 la définition d’un objectif mondial de réduction des gaz à effet de serre.

"Les Etats-Unis vont travailler avec d’autres pays pour établir un nouveau cadre pour les émissions de gaz à effet de serre quand le protocole de Kyoto expirera en 2012",

"Pour atteindre cet objectif, les Etats-Unis organiseront une série de réunions entre les nations qui émettent le plus de gaz à effet de serre, et notamment les nations à croissance économique rapide, comme l’Inde et la Chine."

Les premières discussions auront lieu cet automne, avec en vue la définition de ces objectifs pour l’horizon 2050.

En plus d’une visée mondiale à long terme, le nouveau cadre proposé par le Président américain fixerait des objectifs à moyens termes selon les spécificités énergétiques propres à chaque payse, en association avec les responsables industriels.

George Bush a également appelé de ses voeux la suppression des barrières douanières sur les technologies vertes.

Réactions contrastées avant l’ouverture du G8

Ces déclarations ont suscité de nombreuses réactions dans le monde, alors que se prépare la réunion du G8, qui aura lieu du 5 au 8 juin à Heiligendamm en Allemagne.

Tony Blair a salué l’entrée des Etats-Unis dans le débat climatique international, ainsi que "l‘opportunité de parvenir à un accord mondial digne de ce nom".
"Sans l’Amérique et la Chine, franchement, le reste du monde peut se mettre d’accord sur ce qu’il veut, cela n’aura aucune conséquence sur l’amélioration de l’environnement", a-t-il ajouté.

Réaction plus mesurée de la part d’Angela Merkel, organisatrice du G8 :
"Ce qui est positif, c’est que nous constatons à partir du discours prononcé aujourd’hui par le président américain que personne ne peut plus ignorer la question du changement climatique."

L’Annonce du plan américain intervient alors que Washington a clairement fait part de son rejet de l’approche européenne qui consiste à lutter contre le réchauffement climatique par des limitations des émissions de dioxyde de carbone, sur le modèle de Kyoto.

Alors que les discussions du G8 devraient majoritairement tourner autour des questions climatiques, le refus des Etats-Unis d’intégrer le protocole de Kyoto, et plus généralement d’adopter des mesures restrictives, fait grincer des dents.

José Manuel Barroso a pour sa part ouvertement critiqué la nouvelle initiative du président américain : "Il est clair que nous avons besoin d’une position plus ambitieuse de la part des Etats-Unis" a-t-il déclaré au quotidien Financial Times Deutschland publié vendredi.

Les ONG et les experts ont joint leurs voix à celle du Président de la Commission :
"La bonne nouvelle, c’est que pour la première fois l’administration Bush a manifesté un intérêt à participer à une discussion mondiale sur un deuxième engagement au-delà de 2012 (à expiration du protocole de Kyoto)", a réagi le professeur Rob Stavins, directeur du programme d’économie environnementale à Harvard. "La mauvaise nouvelle, c’est que la Maison blanche rejette un processus international de limitations et de commerce. Il me semble que cela devrait au moins figurer sur la table des négociations", a-t-il ajouté.

La stratégie de George Bush n’a "absolument aucun sens" selon Charlie Kronick, expert des questions climatiques au sein de Greenpeace.
"La seule manière d’avoir prise sur les émissions de dioxyde de carbone, c’est de les limiter et d’autoriser leur commerce au niveau mondial. Bush rejette cela, donc il y a des contradictions fondamentales dans ses déclarations."

Kit Vaughan, conseiller climatique auprès de la WWF, ajoute que "la rhétorique employée montre clairement qu’en se prononçant ainsi juste avant le sommet du G8, on tente vraiment de le saborder".

      

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