Carburant: réduire la consommation,augmenter les taxes

Selon une étude publiée par le Cabinet de Consultants Enerdata, les normes européennes en matière d’efficacité énergétique sur les voitures neuves devraient conduire à une réduction mondiale des prix des carburants.

Selon les résultats de l’étude, une réduction de 1% de la demande mondiale entraînerait une baisse des prix de 1,6 à 1,8% sur 10 ans, et de 1,2% à 1,3% sur une période de 20 ans.

Les estimations économiques des résultats de l’efficacité énergétique prennent habituellement en compte un prix du pétrole fixe. L’étude conduite par Enerdata a pour la première fois étudié les effets sur le prix du pétrole d’une réglementation obligeant les constructeurs automobiles à respecter des normes d’émissions de C02 d’ici 2015.

Cette étude tend à montrer que les politiques européennes doivent prendre en compte les bénéfices économiques d’une plus grande efficacité énergétique, en intégrant le critère de baisse des cours du pétrole. Les économies d’énergie ne proviendraient pas uniquement de volumes d’importation plus faibles, mais également de prix plus bas.

L’enquête n’a pas pris en compte les effets indirects des mesures européennes sur d’autres pays. Ainsi l’ensemble les pays asiatiques, à l’exception du Japon, de la Corée et de Taïwan, suivent les normes de pollution de l’air européens pour les véhicules particuliers et les moteurs de camion. L’impact mondial pourrait donc se trouver accentué par les décision européennes.

Selon Enerdata, l’Union européenne devrait prendre en considération la baisse des prix du pétrole dans le calcul des bénéfices attendus de ses mesures de réduction de la consommation. Ceux-ci devraient être revus à la hausse de 17% sur 10 ans, et de 10% sur 20 ans. Appliquée aux Etats-Unis, cette tendance se traduirait par une revalorisation respective de 25 et 15% de ses bénéfices.

Si les normes de CO2 produiront un impact sur les cours, en revanche, le passage du carburant fossile au biocarburant verrait ses avantages annulés par une hausse des cours de matières premières végétales. Le passage au biocarburant entrainerait certes une baisse des prix du carburant fossile, mais en contrepartie une pression accrue sur les stocks de matière première biologique.

Un autre revers attendu est le rebond de consommation qu’induirait une baisse des prix à la pompe. Conséquence de la baisse des prix, la demande serait ainsi relancée, qui compenserait en partie les gains environnementaux obtenus par les économies d’énergie.

Pour éviter cet effet et profiter au mieux des bénéfices économiques des mesures environnementales, Enerdata estime que les gouvernements devraient compenser la baisse des cours par une hausse des taxes. Le cabnet d’étude pense que l’UE devrait ainsi réviser la directive en relevant le niveau minimum de taxation pour le pétrole et le diesel, et introduire un niveau minimum pour le kérosène.

Pour Michel Dubromel, vice-président de la fédération européenne Transport & Environnement, « cette étude montre bien que les bénéfices économiques d’une amélioration de l’efficacité énergétique dans le secteur des transports ont été sérieusement sous estimés dans le passé car personne n’avait jamais vraiment regardé aux conséquences sur le prix du pétrole ». « Mais notre environnement y sera perdant si les prix du pétrole baissent, c’est la raison pour laquelle l’Europe a besoin d’envoyer un message fort afin que les augmentations de taxe sur le carburant au niveau national aillent de pair avec les normes visant une réduction des émissions de CO2 dans le domaine des transports.

Les conclusions du rapport sont reprises par l’ONG France Nature Environnement, qui invitait mardi les gouvernements à "contrebalancer les effets négatifs sur la consommation de carburant et les émissions de gaz à effet de serre d’une baisse des prix du pétrole", en augmentant les taxations.

« Les normes technologiques au niveau européen concernant les véhicules neufs sont fondamentales, mais les Gouvernements ne doivent pas se voiler la face. Des taxes plus élevées sur les carburants devront jouer un rôle tout aussi important pour maîtriser les émissions de CO2 à la baisse. C’est l’un des éléments constitutifs d’une contribution climat-énergie telle que proposée depuis plusieurs années par France Nature Environnement».

« Il est évident que mettre en avant une augmentation nécessaire des taxes en période de crise peut sembler bizarre, mais le Gouvernement doit envisager un rattrapage de la fiscalité écologique par rapport aux autres pays de l’Union européenne. En 2005, selon le Conseil des Impôts, les recettes tirées de la fiscalité écologique représentaient 2% du PIB pour une moyenne de 2,6% dans l’Europe des 15 ! Il est nécessaire d’avancer rapidement !».

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Guydegif(91)

”…le passage du carburant fossile au biocarburant verrait ses avantages annulés par une hausse des cours de matières premières végétales. Le passage au biocarburant entrainerait certes une baisse des prix du carburant fossile, mais en contrepartie une pression accrue sur les stocks de matière première biologique.” Annulé OUI Si on tape dans les cultures vivrières comme maïs, tournesol, huile de palme, blé pour faire des agri-carburants, mais PAS ANNULé si on tape dans des cultures autres comme bois rapide, déchets de bois, déchets végétaux et autres déchets solides ou liquides, jatropha sur terrain impropre à cultures vivrières, manioc amer (non alim) pour en faire des agri-carburants via biogaz et F/T ou autres cursus…===> donc restons OBJECTIFS pas défaitistes !!! Dans les actions autres, évidemment limiter les consommations des véhicules, donc les cylindrées (pas le syndrome US des moteurs veaux de 5 litres de dans le temps, etc…), mettre en place des hybrides pour véhicules légers, Véhicules utilitaires et poids lourds avec la récupération d’énergie cinétique pour tous, surtout les gros, càd les PL, pour recharger les batteries et avoir de l’énergie de proulsion dispo, pas pour aller plus vite mais pour soulager le moteur à combustion, càd une techno comme le SREC ou KERS des F1 en 2009 (joli terrain de tests !!!), chiader l’optimisation de la conso et des émissions GES, (CO2 mais aussi Oxydes d’azote avec correction ad hoc),…etc…càd combiner et oeuvrer pour le BOUQUET EnR et DD !! That’s it !  A+ Salutations Guydegif(91)

boris d

Même quand le prix du pétrole est revenu à un prix raisonnable, il faut en limiter son utilisation. On pourrait par la même occasion réequilibrer les taxes essence et diesel. Le gasoil n’a plus besoin d’être ainsi favorisé en Europe on consomme à en UE  (exception pour la Grèce) plus de gasoil que d’essence.

Denlaf

En matière d’énergie, il n’y a qu’une chose qui conditionne efficacement le comportement de l’immence majorité des consommateurs, c’est son portefeuille. La preuve en a été faite pour la consommation du pétrole et de l’électricité. Quand les prix montent, la consommation diminue invariablement. Alors, il serait sage d’augmenter les prix de l’énergie à l’aide des taxes. Avec une exception près : il faut considérer une certaine portion de la consommation domestique d’énergie comme étant un service essentiel. À cet effet, par exemple pour l’électricité, un certain nombre de kWh à chaque jour resterait à bas prix (un peu plus quand le climat est froid) et le reste de la consommation serait à prix majoré. C’est probablement la meilleure façon de diminer la consommation d’énergie. Articles au sujet des énergies renouvelables sur :  http://www.denis-laforme.over-blog.com

marcob12

L’efficacité des moteurs thermiques n’a pas arrêté de s’améliorer depuis les années 70, mais elle a été largement gommé par un accroissement des km parcourus et des véhicules  en moyenne plus massifs (songer à l’essor du transport par camions) , sans parler de plus fréquents encombrements urbains (bouchons par ex). Les auteurs de l’étude ont-ils entendu parler du “peak oil”, lu l’opinion récente de l’AIE qui le situait avant 2020, soupesés le développement exubérant du parc automobile chinois et des besoins énergétiques globaux simplement monstrueux ? Il faut 20 ans pour changer d’infrastructure énergétique, autant pour renouveler un parc automobile et à moins que les USA basculent brutalement aux petites voitures, que la mondialisation s’arrête ou que les composites débarquent en force ou un cocktail des trois, après la crise le marché spéculatif du brut (qui se moque pas mal des fondamentaux, voir les prix à mi 2008) reprendra. Je ne crois pas une seconde à la conclusion énoncée dans la 1ère phrase de l’article…

Loudubewe

Totalement évident. Seule une hausse continue des prix des combustibles fossiles peut aboutir au sevrage indispensable. Et le principe du cliquet (capter la moitié de la baisse en taxes mais les laisser inchangées lors des hausses) est socialement moins douloureux. Puis nous pourrions collectivement décider de la redistribution de ces taxes perçues par l’état (donc nous en théorie) en veillant d’abord (selon moi) à aider les plus défavorisés à résoudre leurs problème de consommation d’énergie. Sinon, la baisse des prix ne sera que temporaire (ce que ne précise pas clairement Enerdata) et la spirale infernale repartira de plus belle.

bmd

Les économistes ont un mal fou à comprendre que le fonctionnement du monde, dans sa matérialité, repose sur des flux énergétiques et non sur des flux monétaires.Dans leur candeur (naïve?)ils s’imaginent qu’il suffit d’augmenter les prix pour que miraculeusement, des flots supplémentaires de pétrole et de gaz sortent de terre! Cette analyse d’Enerdata, comme pratiquement toutes celles des économistes actuellement, n’a pas intégré le fait qu’avant 2030, on aura atteint la limite physique des capacités d’extraction du pétrole et du gaz, et que les pétroles artificiels ( biocarburants, carburants tirés du charbon…) ne pourront pas enrayer ce déclin! C’est pourquoi il faut prendre toues les mesures possibles pour réussir à convaincre les consommateurs de réduire leur consommation d’énergie; La taxe est le meilleur moyen!

Pierrotc1

il faut au contraire réduire les taxes pour augmenter la consommation afin d’arriver + vite au pick oil ,ainsi on sera débarrasser + vite du pétrole qui nous infeste l’industrie depuis 150 ans,et ça suffit comme ça !