Climat : quelles conséquences pour les assurances ?

Les diverses régions et ecosystèmes de la planète sont proches d’atteindre le "point de rupture" pouvant conduire à des changements économique, social et environnemental dévastateurs, selon un nouveau rapport du WWF et Allianz.

Le rapport "Les points de rupture majeurs dans le système climatique mondial" nous informe que les changements relatifs au réchauffement climatique mondial sont bien plus forts et imprévisibles que ce qu’on peut imaginer.

Des émissions historique de GES nous ont déjà « engagé » à un réchauffement supplémentaire d’au moins 0,6 °C. Le manque de mesures déterminées pour réduire les émissions de GES signife qu’il est très probable que nous subissions un réchauffement au delà de 2°C et probablement supérieur à 3° C dans le courant de la deuxième moitié du 21e siècle, à moins que des efforts extrêmement radicaux et déterminés soit pris à court-terme (d’ici 2015).

Fait alarmant, cela signife que, théoriquement, il pourrait y avoir des éléments de rupture qui n’ont pas encore été déclenchées pour le moment mais que nous sommes déjà en train de déclencher et/ou ont déjà été déclenchés, mais dont nous n’avons pas encore pleinement pris conscience, en raison d’un retard dans la réaction du système.

Le phénomène d’élevation combinée du niveau de la mer – Elévation mondiale du niveau des mers à hauteur de 2 m à la fin du siècle conjuguée à une croissance anormale et localisée du niveau de la mer de la côte Est d’Amérique du Nord.

Il est estimé qu’une montée du niveau global de la mer de 0,5 m d’ici 2050 augmentera la valeur des actifs exposés dans les 136 mégapoles portuaires dans le monde entier par un total de 25,158 à 28,213 million de dollars en 2050. Cette montée des eaux aura des impacts sur les facteurs socio-économiques, tels que l’urbanisation, et augmentera sensiblement la population exposée aux risques associés.

Actifs exposés sur la côte Nord des Etats-Unis :

L’augmentation additionnelle de 0,15 m du niveau de la mer affectant la côte Nord-Est des Etats-Unis à la suite de l’anomalie localisée d’augmentation du niveau de la mer, impactera les mégapoles portuaires. Les villes notamment de Baltimore, Boston, New York, Philadelphie et Providence pourraient faire face à une montée totale du niveau de la mer de 0,65 m en 2050.

Il est estimé que 0.65 m d’augmentation du niveau de la mer augmentera la quantité d’actifs exposés, actuellement estimées de 1,359 à 7.425 milliards de dollars.
La quantité supplémentaire d’actifs exposés en raison de l’anomalie régionale seule (0,65 contre 0,5 mm) est estimée à environ 298 milliards de dollars (rien que pour les villes mentionnées ci-dessus).

Les impacts pour le secteur de l’assurance – La question cruciale, est de savoir quel impact aurait un ouragan s’il s’abattait dans la région de New York. Potentiellement le coût pourrait être de 1 milliard de dollars à l’heure actuelle, et s’élever à plus de 5 milliards de dollars d’ici le milieu du siècle. Bien qu’une grande partie ne soit pas assurée, les assureurs sont fortement exposés à travers les assurances sur les ouragans, l’assurance en cas d’inondation de propriété commerciale, et en tant qu’investisseurs dans le secteur immobilier et de valeurs dans le secteur public.

Le phénomène de sécheresse et dépérissement de l’Amazone – dépérissement de la forêt amazonienne et une augmentation signifcative de la fréquence de la sécheresse dans les parties occidentale et méridionale du bassin de l’Amazone.

Plusieurs modèles ont démontré le potentiel signifcatif de dépérissement de la forêt tropicale de l’Amazonie à la fin de ce siècle et dans le siècle suivant, et que les écosystèmes peuvent subir des changements à long terme avant que même que des signes précurseurs soient observables. Toute estimation du coût du dépérissement de l’Amazone est susceptible de tomber bien en deça du vrai coût, mais une indication des coûts a été obtenue par application du prix fictif du carbone (en utilisant les valeurs et approches britanniques). Ceci suggère :

• un dépérissement en cas de stabilisation entre 1 et 2°C, entraîne des coûts (en valeur actuelle nette) supplémentaires de carbone proches de 3,000 millions de dollars;
• Une stabilisation à 2°C entraîne une perte de quelque 1,6 millions de km² de forêt amazonienne avec des coûts en valeur actuelle nette de l’ordre de 3,000 millions de dollars, et
• Au-delà de 2°C les coûts font plus que doubler pour atteindre respectivement près de 7,800 millions et 9,400 millions de dollars en valeur actuelle
nette pour 3°C et 4°C (avec des pertes de superfcie forestière de près de 3,9 millions de km² et 4,3 millions de km²).

Les impacts pour le secteur de l’assurance – Les assureurs seraient directement touchés par les effets économiques de la sécheresse dans la région, à travers un ralentissement économique et la détérioration des finances publiques. Les impacts sur les forêts naturelles seraient moins matériels, puisque les marchés du carbone naturel et la biodiversité ne risque pas d’être importants avant un certain temps, et le risque de sécheresse deviendra évident au cours de cette période. D’une manière générale, la sécheresse pourrait stimuler l’investissement dans d’autres formes d’énergie, tel que l’énergie solaire par exemple.

Le phénomène de transition vers un climat aride au Sud-Ouest de l’Amérique du Nord (SWNA) – un changement important vers une climatologie très aride au Sud-Ouest de l’Amérique du Nord (SWNA)

Il est prévu que l’aridité du Sud-Ouest de l’Amérique du Nord s’intensife et persiste à l’avenir. Une transition est probablement déjà en cours et sera désormais bien établie dans les années et décennies à venir. Celle-ci s’apparente à des conditions de sécheresse permanentes. On prévoit que les niveaux d’aridité observés lors de la sécheresse des années 1950 ou du Dust Bowl des années 1930 deviendront la norme climatologique au milieu du siècle, résultant de la sécheresse perpétuelle. Rien qu’en Californie, cela entraînera de nombreux impacts, y compris sur les ressources en eau, l’agriculture et les incendies forestiers.

Les incidences plus larges – Outre les régions du Sud-Ouest de l’Amérique du Nord, d’autres régions risquent d’être durement touchées par des sécheresses subtropicales, notamment l’Europe méridionale, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ainsi que certaines parties d’Amérique du Sud. Si les projections des modèles sont correctes, le Mexique, en particulier, devra faire face dans l’avenir à une diminution des ressources en eau, ce qui aura de graves conséquences pour l’approvisionnement public en eau, l’agriculture et le développement économique. Ceci affectera (et a déjà affecté) la région dans son ensemble, y compris les États-Unis.

Les impacts pour le secteur de l’assurance – Les assureurs sont désormais informés du risque d’incendie de forêt dans la région. Les aspects les plus graves du point de rupture pour les assureurs seraient indirects, à savoir, des perturbations économiques et du marché du travail ainsi qu’une détérioration des finances publiques. Le point positif est que les investissements effectués dans la gestion de l’eau et les énergies alternatives pourraient fournir des opportunités pour les gestionnaires de fonds.

 

Voir l’animation dédiée en français : "Climate Tipping point "

            

Articles connexes

1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Pastilleverte

plus la population croît (localement ou globalement) , plus de richesses sont créées, et plus des événements naturels extrêmes climatiques ou pas (tsunamis, tremblements de terre, volcanisme etc) auront des conséquences financières lourdes, notamment pour les assureurs. A ce propos, Katrina en 2005 (4 ans déjà) a sans doute été le cyclone le plus couteux en $$, pas en pertes humaines, jusqu’au prochain, tout simplement parce qu’il a touché une ville avec une population importante ainsi que des biens immbiliers et d’activité; Si on valorisait à un équivalent population et richesse, les dégats en $$  auraient été bien supérieurs après le cyclone qui a touché Galveston au Texas en 1905 (+ de 100 ans déjà) D’ailleurs, bizarement il n’est pas fait mention dans l’article des dégats des cyclones aux USA; peut être le fait que l’année 2009 a été la MOINS active dans ce domaine depuis les observations satellite (soit 30 ans) l’explique t il ? Al Gore et al. nous avait pourtant prédit une augmentation de l’activité cyclonique liée à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère (ça au moins c’est vérifié !) tant qu’on est dans les bonnes nouvelles, et malgré l’annonce de AL encore hier sur FR3 (film de Y.A.B sur la fin du pétrole), la calotte glaciaire (du pôle Nord) n’aura pas disparu dans 10 ans (sic M Al Gore ou ses conseillers  scientifiques), l’épisode du plus bas de septembre 2007, dont on nous rebat encoreles oreilles ne s’est pas reproduit en 2008 ni en 2009 (1 million de km2 de plus au plus bas en septembre 2009), et dans le même temps l’extension de l’Antartique a été au plus haut depuis 30 ans; Merci aux medias, surtout français de nous avoir (pas)  fait part de ces bonnes nouvelles, il y en a quand même en “climatoalarmologie. Préparation de Copenhague oblige ?