Comment les Marines US comptent éliminer leurs déchets ?

En partenariat avec le Bureau des Recherche Navale (ONR), le corps des Marines US basé à Camp Smith (Hawaii) teste actuellent un système poussé d’élimination des déchets capable de réduire un conteneur standard (50 gallons – soit 190 litres) en cendres à faible taux d’émission, tenant dans un verre de 25cl !

Appelé "Micro Auto Gasification System (MAGS)" pour microsystème autonome de gazéification, l’unité conçu par la société Terragon est actuellement en cours d’évaluation par la Marine américaine du Pacifique (MARFORPAC). Elle constituerait une solution alternative intéressante pour lutter contre les déchets accumulés dans les bases opérationnelles avancées à l’étranger.

Le lieutenant-colonel Mike Jernigan, un soldat ingénieur des Marines qui a récemment commandé un bataillon de logistique en Afghanistan, indiquait que "l’élimination des déchets dans le domaine militaire demeurait un réel problème." En effet, débarrasser les installations militaires de leurs matières résiduelles par un moyen peu encombrant reste avant tout un impératif logistique.

Le système MAGS réduit le volume de déchets solides de plus de 95%.

Après deux semaines de tests, le système MAGS a traité plus de 3.000 kilos de déchets solides généralement voués à l’enfouissement. Tout au long de son évaluation au Camp Smith, le MAGS a été soigneusement contrôlé à tous les niveaux : consommation d’énergie, performance de la qualité de l’air, efficacité à convertir les déchets solides en bio-char.

"Le MAGS a traité quotidiennement environ 400 kilos de déchets pendant cette période. Toutefois, son taux d’utilisation limité entre 5 et 7 heures par jour, en raison des restrictions imposées par la base militaire, pourrait tripler au cours d’une journée normale" a déclaré Scott Kerchner, responsable du projet.

Un processus de décomposition contrôlée, qui convertit thermiquement l’énergie de la biomasse est la clé de l’efficacité du procédé. "Le système chauffe les ordures et récupère une grande partie du combustible gaz, un sous-produit utilisé pour alimenter le processus", a déclaré Donn Murakami, le conseiller scientifique du MARFORPAC.

Les essais du MAGS se poursuivront à Hawaii jusqu’en Mars 2012.

"Il y a des décennies, la récupération de l’énergie à partir des déchets relevait d’une simple attraction dans la mouvance environnementale", a indiqué pour sa part Steve McElvany, l’officier en charge du programme MAGS à l’ONR. "Maintenant, la technologie est suffisamment mature pour que le Département US de la Marine évalue sérieusement les avantages pratiques et tactiques d’un tel système." L’ONR s’est s’engagé à produire 50% des besoins énergétiques de ses installations à partir de sources alternatives d’ici 2020.

Le MAGS demeure attractif pour les unités expéditionnaires. Il possède une faible empreinte carbone, et des émissions qui ne sont pas visibles, un plus tactique. La chaleur résiduelle peut également être utilisée à des fins pratiques, comme le chauffage des quartiers d’habitation ou de l’eau.

"Ce que nous faisons pour les bases opérationnelles peuvent être appliquées aux écoles, aux hôpitaux ou dans les immeubles de bureaux", a conclu Donn Murakami.

Autre exemple. Le DNS de la Marine canadienne a installé un système MAGS à bord du NCSM Protecteur basé à Victoria (Colombie-Britannique). L’engin qui fonctionne déjà à des fins de démonstration, traite les ordures des 240 membres de l’équipage.

Microsystème autonome de gazéification :

En une heure, MAGS peut prendre en charge jusqu’à 40 kg à la fois d’ordures non traitées ni triées. Le procédé de traitement thermique à régulation chauffe les ordures dans un environnement à haute température (750°C) et faible teneur en oxygène. MAGS détruit toutes les matières organiques et les transforme en un gaz combustible dit gaz de synthèse. Ce combustible sert alors de principale source d’énergie pour faire fonctionner MAGS.

Parmi les matières que le système MAGS est en mesure de détruire en toute sécurité, on compte :

  • plastique
  • papier
  • carton
  • bois
  • produits chimiques
  • aliments
  • tissus
  • huiles et graisses
  • matières biologiques
  • déchets animaux
  • déchets agricoles
  • boues

Si des métaux et du verre se retrouvent dans les déchets à traiter, ils seront aseptisés et laissés intacts.

Une part importante du carbone que renferment les déchets est transformé en résidu carboné, un produit de carbonisation que l’on peut ensuite soit utiliser pour amender le sol, soit éliminer en toute sécurité dans un site d’enfouissement. Ceci permet de prévenir la formation de gaz à effet de serre et ce jusqu’à 2 tonnes en CO2 équivalent par tonne de déchets solides traités.

            

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