L’aviation commerciale s’apprête à passer un nouveau cap. À l’usine d’assemblage d’Airbus à Toulouse, le premier Airbus A350-1000ULR de Qantas commence à ressembler à l’appareil qui reliera sans escale l’Australie à Londres et New York. L’ambition consiste enfin à abolir la « tyrannie de la distance » qui caractérise depuis toujours la position géographique du continent austral. Les premières images diffusées par Qantas et Airbus montrent l’assemblage d’un appareil hors norme, conçu pour des vols pouvant atteindre vingt-deux heures sans interruption.
Un assemblage qui avance rapidement
Les sections principales du fuselage (avant, centrale et arrière) ont été réunies sur la chaîne de montage, tandis que les ailes, l’empennage et le train d’atterrissage sont désormais fixés, détaille la compagnie aérienne. L’appareil sera transféré dans les prochains jours vers un nouveau hangar où techniciens et ingénieurs procéderont à l’installation des réacteurs et des instruments de test. Une campagne d’essais en vol, prévue pour débuter en 2026, permettra de valider les capacités exceptionnelles de l’A350 version ultra-longue distance.
Pour tenir vingt-deux heures en vol continu, l’appareil embarquera un réservoir de carburant supplémentaire de 20 000 litres installé à l’arrière de la section centrale, ainsi que des systèmes améliorés visant à garantir confort et bien-être aux passagers. Comparé aux liaisons actuelles avec escale, les vols directs raccourciront le temps de trajet de près de quatre heures, affirme Qantas.

Une configuration pensée pour le bien-être
La compagnie a fait le choix radical de limiter la capacité de ses A350 à 238 sièges, alors que d’autres exploitants du même modèle dépassent souvent les 300 places. L’espace gagné sert une ambition claire : transformer l’expérience du voyage ultra-long-courrier. En collaboration avec le designer industriel australien David Caon et une équipe pluridisciplinaire de l’Université de Sydney, dont des spécialistes du sommeil rattachés au Charles Perkins Centre, Qantas a développé des cabines où chaque détail vise à combattre le décalage horaire.
Entre les classes Premium Economy et Economy, une zone baptisée Wellbeing Zone — littéralement « zone de bien-être » — offrira aux passagers des poignées d’étirement, des programmes d’exercices guidés sur écran, une station d’hydratation et divers rafraîchissements. L’éclairage personnalisé et le service des repas suivront un calendrier précis, élaboré selon des principes scientifiques destinés à réguler l’horloge biologique des voyageurs, précise le communiqué.
Un héritage historique
Le nom « Project Sunrise » rend hommage aux vols d’endurance « Double Sunrise » opérés par Qantas durant la Seconde Guerre mondiale, baptisés ainsi parce que leur durée permettait aux équipages d’observer deux levers de soleil. Vanessa Hudson, directrice générale du groupe Qantas, a souligné l’importance symbolique du projet : « Compte tenu de la position de l’Australie dans le monde, Qantas a une longue histoire de franchissement de barrières aériennes. Project Sunrise ne surmontera pas seulement la tyrannie de la distance, il changera fondamentalement la façon dont nos clients voyagent à travers le monde », peut-on lire dans le communiqué.
La livraison du premier des douze appareils commandés est attendue fin 2026, avec un lancement commercial au premier semestre 2027. Si les essais se déroulent comme prévu, Qantas inaugurera une ère nouvelle pour le transport aérien long-courrier, où Sydney-Londres ou Melbourne-New York s’effectueront d’une traite, repoussant encore les limites techniques et humaines du vol commercial.
Source : Qantas











