La Chine vient de présenter un projet spectaculaire : le plus grand navire cargo au monde fonctionnant à l’énergie nucléaire. Ce bateau géant pourra transporter 14 000 conteneurs et utilisera une technologie totalement nouvelle basée sur le thorium, un métal rare qui pourrait transformer le transport maritime.
Une nouvelle forme d’énergie nucléaire plus sûre
Contrairement aux centrales nucléaires classiques qui utilisent de l’uranium, ce navire fonctionnera avec du thorium. La différence est importante : le réacteur au thorium utilise du sel liquide très chaud pour refroidir le système, au lieu de l’eau sous pression des centrales traditionnelles. Cela le rend beaucoup plus petit, plus silencieux et surtout plus sûr.
Le réacteur produira 50 mégawatts d’électricité, assez pour alimenter une petite ville. Le grand avantage reste que le navire pourra naviguer pendant des années sans avoir besoin de refaire le plein de carburant. Un générateur diesel de secours est prévu en cas d’urgence.
« Le réacteur possède un système de sécurité automatique : quand la température monte trop, la réaction ralentit toute seule. Il n’y a donc aucun risque d’emballement », explique Hankai, ingénieur chez Jiangnan Shipbuilding, le constructeur du navire.

Une première mondiale dans le Désert de Gobi
En novembre 2025, des scientifiques chinois ont réussi une première mondiale : transformer du thorium en combustible nucléaire utilisable dans un réacteur en fonctionnement. Cette expérience s’est déroulée dans un petit réacteur expérimental installé dans le désert de Gobi.
Concrètement, les chercheurs ont converti du thorium-232 (qui existe naturellement dans la nature) en uranium-233 (qui n’existe pas à l’état naturel mais qui peut produire de l’énergie). C’est un peu comme transformer du plomb en or, mais pour l’énergie nucléaire.
Cette réussite est d’autant plus émouvante qu’elle arrive quelques semaines après le décès de Xu Hongjie, le scientifique de 70 ans qui dirigeait ce programme depuis plus de dix ans. Il est mort le 14 septembre 2025 en travaillant chez lui sur son ordinateur, alors qu’il préparait encore des cours pour ses étudiants.
Des réserves énergétiques gigantesques
La Chine possède d’énormes réserves de thorium sur son territoire. Rien que dans le complexe minier de Bayan Obo en Mongolie intérieure, il y aurait environ un million de tonnes de thorium, de quoi alimenter le pays en énergie pendant 60 000 ans. Cette ressource est stratégique pour la Chine, qui doit actuellement importer plus de 80% de l’uranium nécessaire à ses centrales nucléaires. Avec le thorium, elle pourrait devenir totalement indépendante pour son énergie nucléaire.
L’Institut de physique appliquée de Shanghai prévoit de construire un réacteur de démonstration de 100 mégawatts d’ici 2035, avec plus de 90% des composants fabriqués au niveau national. « Cette réalisation marque l’établissement initial d’un écosystème industriel pour les technologies de réacteurs à sels fondus au thorium en Chine », a indiqué un responsable de l’institut.
Des défis importants restent à surmonter
Malgré ces avancées spectaculaires, le projet fait face à plusieurs obstacles. D’abord, construire et faire fonctionner un tel navire coûtera beaucoup plus cher qu’un cargo classique. Le réacteur expérimental dans le désert a déjà coûté plus de 500 millions d’euros. Ensuite, personne ne sait encore comment assurer un navire commercial à propulsion nucléaire. Les réglementations internationales devront être créées de toutes pièces.
Enfin, est-ce que les économies de carburant sur le long terme compenseront les coûts énormes de départ ? Seul l’avenir le dira, mais la Chine semble déterminée à parier sur cette technologie révolutionnaire.
Source : SCMP











