Consommation d’énergies en léger retrait en février

La Direction Générale de l’Energie et des Matières Premières a publié vendredi son rapport mensuel de conjoncture énergétique pour le mois de février 2008.

Avec 266,4 Mtep en année mobile à fin février 2008, la consommation totale d’énergie primaire est en léger retrait en données corrigées du climat (-0,8%), mais en légère progression en données réelles (+0,9%, à 261,6 Mtep).

Sur douze mois, le pétrole est stable en données réelles, mais diminue de –1,1% en données corrigées. L’électricité primaire diminue de –0,4% en données réelles, mais de –1,7% en données corrigées. La consommation de gaz augmente de +5,2% en données réelles, mais est stable en données corrigées, et la consommation de charbon progresse de +6,3% en données corrigées.

Les douze derniers mois ont en effet été plus doux que la normale (indice de rigueur de 0,90), mais moins que les douze mois précédents (indice 0,82). La DGEMP explique cette hausse de la consommation réelle par la moindre douceur des températures. Le mois de février, avec une température moyenne de 7,4 °C, a été moins froid que la moyenne (5,1 °C), mais davantage que février 2007 (8,3 °C).

Facture énergétique

Le cours du Brent daté s’établit en moyenne légèrement en janvier à 92 $/bl, soit 62,5 €/bl, en légère progression par rapport à décembre (91 $/bl). Le prix moyen du pétrole importé est de 471 €/t, contre 456 €/t en décembre, alors que celui des produits raffinés est de 520 €/t (523 €/t en décembre).

Pour ce qui est du gaz, le marché spot NBP reste lui aussi très tendu, avec 10,7 $/MBtu, au même niveau qu’en décembre et novembre. La facture énergétique mensuelle de janvier atteint 5,4 milliards d’euros. Jusqu’en octobre, la plus forte facture mensuelle était de 4,4 milliards d’euros en mars 2006. Ce chiffre a été dépassé en novembre dernier (4,6 milliards), puis en décembre (4,9), puis à nouveau en janvier (5,4). La facture moyenne sur les trois derniers mois est ainsi de 5 milliards d’euros.

C’est la hausse des importations de pétrole, tant en volume qu’en valeur, qui est la principale cause de cette flambée.

Sur les douze derniers mois, la facture dépasse les 47 milliards. Là encore, c’est le chiffre le plus élevé de la période récente : la moyenne mobile s’était établie autour de 46,5 milliards mi-2006, puis avait diminué jusqu’à 41,8 en août 2007 sous l’effet de la baisse des cours de fin 2006-début 2007. Elle est repartie à la hausse depuis et le mois de janvier a vu s’accélérer nettement son rythme de croissance.

Energie primaire

A 94% nucléaire, la production d’énergie primaire est en retrait de –1,5%. La disponibilité hydraulique recule sensiblement en février, ce qui compromet le rétablissement qui était en cours. En année mobile et hors énergies renouvelables thermiques, le taux d’indépendance énergétique, à 47,1%, retrouve pratiquement son niveau d’il y a un an, après une période plus favorable début 2007.

La demande intérieure d’énergie primaire, en année mobile arrêtée à fin février 2008 et après correction climatique, diminue de –0,8%.

Son évolution est contrastée :

  • hausse pour le charbon : +6,3% (+6,5% en données réelles) ;
  • stabilité pour le gaz naturel : +0,0% (+5,2% en données réelles) ;
  • baisse pour les produits pétroliers : -1,1% (–0,0% en données réelles) ;
  • baisse pour l’électricité primaire : -1,7% (–0,4% en données réelles).

Produits pétroliers

Le baril de brent commence février à 92 $, se replie jusqu’au 7 à 87,5 $, puis réaugmente pour, le 29, dépasser les 100 $ (100,54 $). Les facteurs haussiers (troubles au Nigeria, menaces de restriction au Venezuela, affrontements au Kurdistan irakien, tension avec l’Iran, craintes d’une réduction de production de l’Opep) l’emportent sur l’éventualité d’une baisse de la demande provoquée par une récession américaine.

La moyenne mensuelle augmente de plus de 3% par rapport à janvier, à 95 $/bl et 64,5 €/bl. Malgré leur niveau très élevé, les prix à la consommation progressent encore vivement au cours du mois.

Après correction climatique, la consommation totale de produits pétroliers reste en léger recul en année mobile (-1,1%), à 93,4 millions de tonnes. Malgré le niveau des prix, la consommation mensuelle de février est bien plus forte qu’en février dernier (+3,7%), mais la hausse correspond au jour supplémentaire de cette année bissextile.

Les ventes de fioul domestique (FOD), corrigées des variations climatiques, restent à un très bas niveau, le même qu’en février 2007, plus de 20% en-dessous de la moyenne des quatre précédents. C’est un effondrement qui dure puisque sur les douze derniers mois, la baisse de consommation du FOD est de 10% après correction climatique. Les ventes de fioul lourd sont elles aussi en forte baisse : que ce soit dans l’industrie ou pour les centrales électriques, elles reculent de façon importante par rapport à février 2007. En année mobile, la baisse est de 14%.

La consommation mensuelle de carburants routiers rebondit, même en corrigeant du nombre de jours du mois :  elle est au total de 6,7% supérieure à la moyenne des mois de février précédents. La consommation de supercarburants est même supérieure à celle de février 2007, alors que la tendance pour ce carburant est à la baisse.

Celle de gazole est en hausse de 9,1%. La part du gazole atteint 79% en février et 77% sur les douze derniers mois. La consommation de carburéacteurs pour le trafic aérien reste en hausse sensible (+4,0% en année mobile).

Combustibles minéraux solides

Mesurées en année mobile à la fin février 2008, les importations de combustibles minéraux solides sont en retrait de –2,8%, après –3,8% en janvier et –6,5% en fin d’année, pour un total de 20,1 Mt. La houille, principal produit importé, accuse un retrait de –2,5%. La valorisation de produits de récupération (PR)1, livrés aux industriels, totalise pour le mois de février 20 000 tonnes et cumule en année mobile 354 kt, soit une baisse atténuée de –9,2% par rapport aux douze mois précédents.

A 20,9 Mt en année mobile à la fin février, la consommation intérieure corrigée du climat voit sa tendance haussière s’accélérer pour atteindre +6,3% (+6,5% en données non corrigées du climat), après +4,2% en janvier et +1,0% en fin d’année.

Cette évolution tient à l’activité des centrales à charbon, toujours fortement sollicitées, dont la progression en cumul annuel atteint +24,3%, après +16,9% en janvier et +8,8% en décembre. En mensuel, la demande gagne +5,2% en février, après +25% en janvier et +44% en décembre.

Dans le secteur de la sidérurgie, la tendance baissière ne cesse de s’accentuer comme en témoigne la production d’acier brut en recul de –3,8% en cumul annuel, toujours plus marquée dans la filière à oxygène (-4,8%), ce qui affecte sensiblement les besoins en charbon du secteur : -7,3% sur douze mois, après -6,3% en janvier et –5,9% en fin d’année.

Plus d’un demi-million de tonne a été déstocké sur les douze derniers mois, ce qui porte le stock de fin de période à 5,3 Mt, principalement du charbon (y compris produits de récupération) destiné aux centrales électriques pour un degré d’autonomie constant depuis trois mois, avoisinant les quatre mois et demi au rythme actuel de la consommation, soit environ deux mois en moins par rapport à février 2007. 

Gaz naturel

A 45,6 TWh, les importations nettes (*) du mois de février 2008 sont en très forte hausse (+32,8%) par rapport à celles de février 2007 qui étaient particulièrement basses. En année mobile, l’évolution est de +3,0% après -1,2% en janvier.

Les entrées brutes de gaz sur le territoire français sont, elles aussi, en progression : en cumul annuel elles sont à 597,4 TWh contre 575,6 TWh en février 2007 (+3,8%).

Les entrées de GNL, à 145,0 TWh en année mobile (142,9 TWh en janvier), sont plus faibles que celles de février 2007 (158,7 TWh) ; leur poids dans le total des importations diminue légèrement et atteint 28,9% (en année mobile) contre 32,5% en février 2007.

Les importations "gazeuses" progressent de +8,4% en cumul annuel ; celles en provenance de Norvège représentent 32,3% des importations totales (contre 30,0% en février 2007), celles en provenance des Pays Bas 19,9% (contre 18,3%), celles de Russie 14,7% (contre 15,3%) et celles d’Algérie 17,4% (contre 17,8%). Celles des autres provenances (Egypte et Nigeria notamment) ne représentent que 9,7%  du total contre 13,2% il y a un an.

Les approvisionnements de court terme, qui sont un complément aux contrats de long terme, sont en niveau mensuel plus forts qu’en février 2007 et représentent 6,1% des importations sur douze mois, contre 5,4% il y a un an. La production de gaz (y compris grisou), à 10,8 TWh sur douze mois et 0,8 TWh en mensuel, est en baisse de -11,2% sur un an.

A 534,6 TWh en année mobile en février (533,3 TWh en janvier), la consommation totale(**) corrigée du climat reste stable, comme en janvier. La consommation réelle croit de +5,2% sur les douze derniers mois après +0,7% en janvier; la douceur de l’automne 2006 et de l’hiver 2007 avaient entraîné une baisse importante des consommations réelles dans le secteur résidentiel tertiaire particulièrement.

La consommation du résidentiel, tertiaire et petite industrie, corrigée du climat, continue de diminuer sur les douze derniers mois, de -2,2%, après -1,4% en janvier. La consommation corrigée du climat des gros clients reliés directement aux réseaux de transport progresse de +5,7% après +4,1% en janvier (+4,4 % en données réelles, après +4,8% en janvier).

Les stocks utiles ont diminué de 16,2 TWh (21,5 TWh en février 2007) après 18,6 TWh en janvier 2007 (25,8 TWh en janvier 2006) ; ils sont estimés à 63,0 TWh contre 56,1 TWh en février 2007. Les stocks totaux demeurent à un niveau élevé, à 230,0 TWh contre 224,1 TWh en février 2007. (*) Il s’agit des entrées nettes de gaz sur le territoire français, donc exportations déduites et hors transit.(**)

Les informations sur les consommations et sur leur répartition entre petits et gros clients ont été révisées en février 2007 pour toute la période commençant en février 2005.

Electricité

La production totale d’électricité, mesurée en année mobile, progresse de 0,3% en février 2008, mettant fin à plus d’un an de tendance à la baisse.

Ce mois-ci, la production hydraulique est inférieure de 20,3% à son niveau d’il y a un an ; en cumul sur douze mois, la hausse constatée  jusqu’au mois dernier se transforme en baisse en février, avec –0,8%.

La production éolienne mesurée en année mobile progresse de 62,8%.

La production nucléaire se situe en février 2008 à un niveau supérieur de 7,5% à celui de février 2007 ; en année mobile, son recul continue de s’atténuer, avec –1,5%, après –1,9% en janvier et –2,3% en décembre.

Au total, les disponibilités en électricité primaire baissent de -1,1% en cumul annuel, soit un rythme quasiment inchangé depuis 4 mois.

Hormis juillet, les centrales thermiques classiques ont, depuis avril, été nettement plus sollicitées qu’au cours des mêmes mois de l’année d’avant, contrairement à la situation des 12 mois précédents (+5,8% sur un an en février) ; en année mobile, la tendance à la baisse s’est transformée en nette hausse depuis trois mois : +12,9% en février, après +7,7% en janvier et +2,7% en décembre.

L’énergie appelée corrigée du climat est, en mensuel, supérieure de 3,8% à celle de février 2007 ; en cumul annuel, la hausse accélère à +2,0%, après +1,5% en janvier et +1,0% en décembre.

Les livraisons en basse tension de février sont supérieures de 3,8% à celles de février 2007 ; en cumul sur 12 mois, la progression se renforce et s’établit à +1,9% après +1,5% en janvier et +0,8% en décembre.

De même, la consommation en moyenne tension de février 2008 est très supérieure à celle de février 2007 (+5,0%), ce qui se traduit en cumul annuel par une accélération de la hausse : +1,0% après +0,3% en janvier, qui marquait une rupture par rapport à la tendance à la baisse observée sur toute l’année 2007.

Après deux ans de baisse, la consommation en haute tension progresse en rythme annuel depuis cinq mois : +3,4% en février, soit un rythme quasiment inchangé par rapport à décembre et janvier ; en revanche, hors filière nucléaire, et toujours en année mobile, la baisse de consommation de l’industrie se renforce : -2,2%, après –1,1% en janvier et +0,2 % en décembre. Le solde mensuel des échanges est en février de 4,3 TWh. Sur douze mois, le solde exportateur a perdu 14 TWh.

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