Des micro-capteurs ont traversé un réservoir de pétrole lourd canadien

Pour la première fois, des micro-capteurs ont pu être envoyés dans un réservoir de pétrole lourd canadien** par le biais d’un puits d’injection puis récupérés via un puits de production.

Ce résultat provient d’un essai sur le terrain réalisé par le PI Innovation Centre – une coentreprise du Centre de recherche canadien en technologie pétrolière (PTRC) et de son partenaire hollandais INCAS3 – en collaboration avec Canadian Natural Resources Limited (CNRL), qui a permis l’accès sur le terrain.

La récupération du pétrole lourd, un défi de taille

Si l’on utilise les méthodes de récupération existantes telles que CHOPS** (Cold Heavy Oil Production with Sand), les réservoirs de pétrole lourd au Canada affichent un taux de récupération de seulement 5 à 8 %. Avec la méthode CHOPS, un mélange de sable et de pétrole est extrait ; le sable produit aboutit à la création d’espaces vides ou « trous de ver » dans le réservoir. Ces « trous de ver » forment un réseau de canaux potentiellement immense, empêchant la pressurisation et influençant donc l’efficacité de la production de pétrole. Si un tel réseau de « trous de ver » existe, des capteurs devraient pouvoir fournir des informations sur leur nombre, leur direction et leur localisation.

Les résultats initiaux indiquent qu’entre 10 et 20 % des capteurs injectés – ceux dont le diamètre était au maximum de 7 mm – sont parvenus à traverser le réservoir. John van Pol, directeur d’INCAS3, est positif à propos des résultats.

"Le fait que les capteurs aient réussi à traverser le réservoir constitue un début prometteur pour cette recherche innovante" a déclaré le Dr Malcolm Wilson, PDG du PTRC. "Avec des taux de récupération tels que ceux dont nous bénéficions avec la méthode de production CHOPS, la capacité de pouvoir visualiser et mieux comprendre ces ‘trous de ver’ nous permettra de développer de meilleures techniques de récupération".

La prochaine étape sera d’analyser les résultats.

Le PI Innovation Centre mettra en place un programme de recherche avant de passer à la prochaine phase des essais.

 

** Méthode CHOPS : alors que, dans les techniques de production classiques, les opérateurs évitent de produire du sable, responsable de l’abrasion et de la dégradation des installations, c’est le mélange sable / hydrocarbures qui est pompé avec la méthode Chops (Cold Heavy Oil Production with Sand). Ce mélange est ensuite traité pour en retirer le pétrole selon un procédé se rapprochant des techniques d’extraction minière classiques. Seulement applicable à des sables inconsolidés et à des viscosités inférieures à 15 000 cP, cette technique permet de produire 100 000 b/j au Canada grâce à l’usage de pompes “moineau” et à une perforation agressive.

** Qu’est-ce qu’un pétrole lourd ? Au sens strict, les pétroles lourds sont les bruts dont la densité se situe entre 10 et 20°API. Quant aux pétroles extra-lourds et aux bitumes, ils affichent une densité inférieure à celle de l’eau, soit moins de 10°API. À titre de comparaison, le Brent de la mer du Nord est un pétrole léger de 38°API. Les bitumes se distinguent des bruts extra-lourds non par leur densité ou leurs caractéristiques chimiques, mais par une viscosité plus élevée liée aux conditions de pression et de température du réservoir : alors que les bitumes sont figés à la température du gisement, les bruts extra-lourds conservent une certaine mobilité.

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