Les microplastiques, ces fragments minuscules et presque indestructibles issus des produits en plastique du quotidien, suscitent des inquiétudes au fur et à mesure que les recherches progressent. Déjà bien documentés dans nos océans et nos sols, nous les découvrons maintenant dans les endroits les plus improbables : nos artères, nos poumons et même les placentas. La recherche d’alternatives viables aux plastiques traditionnels à base de pétrole et aux microplastiques n’a jamais été aussi cruciale.
Une nouvelle étude menée par des scientifiques de l’Université de Californie à San Diego et de l’entreprise de science des matériaux Algenesis montre que leurs polymères à base de plantes se biodégradent, même au niveau microplastique, en moins de sept mois.
Le professeur de chimie et de biochimie Michael Burkart, l’un des auteurs de l’article et cofondateur d’Algenesis, souligne l’importance de cette découverte : « Nous commençons tout juste à comprendre les implications des microplastiques. Nous n’avons fait qu’effleurer la surface pour connaître les impacts environnementaux et sanitaires. Nous essayons de trouver des substituts aux matériaux existants et de nous assurer que ces substituts se biodégraderont à la fin de leur vie utile au lieu de s’accumuler dans l’environnement. Ce n’est pas facile. »
Des tests concluants
Pour tester la biodégradabilité de leur produit, l’équipe a broyé le matériau en fines microparticules et a utilisé trois outils de mesure différents pour confirmer que, placé dans un compost, le matériau était digéré par les microbes. Les résultats ont montré que le polymère à base de plantes correspondait à la cellulose, considérée comme la référence industrielle en matière de biodégradabilité à 100 %.
Après 90 jours, seulement 32 % des microplastiques à base d’algues ont été récupérés, montrant que plus des deux tiers s’étaient biodégradés. Après 200 jours, seulement 3 % ont été récupérés, indiquant que 97 % avaient disparu. En comparaison, près de 100 % des microplastiques à base de pétrole ont été récupérés après 200 jours, ce qui signifie qu’aucun ne s’était biodégradé.
Un long chemin vers la viabilité
Créer une alternative écologique aux plastiques à base de pétrole n’est qu’une partie du long chemin vers la viabilité. Le défi constant est de pouvoir utiliser le nouveau matériau sur des équipements de fabrication préexistants, initialement conçus pour le plastique traditionnel. Algenesis progresse dans ce domaine en s’associant à plusieurs entreprises pour fabriquer des produits utilisant les polymères à base de plantes développés à l’UC San Diego, notamment Trelleborg pour les tissus enduits et RhinoShield pour la production d’étuis de téléphone portable.
Comme le souligne le professeur Burkart, « Quand nous avons commencé ce travail, on nous a dit que c’était impossible. Maintenant, nous voyons une réalité différente. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais nous voulons donner de l’espoir aux gens. C’est possible. »
Article : « Rapid biodegradation of microplastics generated from bio-based thermoplastic polyurethane » – DOI: 10.1038/s41598-024-56492-6