Eco-conception, le coup de pouce de l’Ademe

Dotée d’un budget d’1,2 million d’euros, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie lançait en 2004 un programme d’aide à la recherche en éco-conception. Cette aide concernait le développement technologique de produits de grande consommation d’une part, et la mise au point d’outils méthodologique pour les professionnels d’autre part.

Ont été sélectionnés 11 outils et 7 produits parmi la centaine de propositions reçues.

Impact des matières première, consommation énergétique, déchets, utilisation des ressources : l’Ademe a accompagné les industriels pour la remise en question de ce qui pouvait constituer une source de pollution ou d’émission de gaz à effet de serre tout au long de l’élaboration des produits et dans leur usage.

Résultats : De l’aspirateur ultra-léger et économe en énergie, aux chaussures de randonnées en matériaux renouvelables, l’éco-conception est une démarche à adapter spécifiquement au type de produit et surtout en fonction de gains potentiels en terme d’économies. Elle mélange l’ensemble des préoccupations relatives à la réduction de l’impact des productions sur l’environnement.

Exemples  :

Le marquage routier, généralement composé à partir d’hydrocarbures, a été repensé par la société Somaro Prosign pour remplacer ces matériaux non renouvelables par des produits à base de résines de pin, d’huile végétale et… de coquilles d’huître. Ces nouvelles matières permettrent également de gagner 20 à 30% d’énergie de chauffe, pour un prix similaire aux produits classiques.

A l’usage, l’aspirateur présenté par Rowenta permet de réduire sa consommation de 20%, grâce à un moteur à haut rendement. Mais c’est surtout sa composition qui en fait son originalité, puisque grâce au polypropylène qui en compose presque entièrement le corps, il est deux fois plus léger qu’un appareil de même gamme, et plus facile à recycler. Son prix, est, là encore, similaire aux appareils de même gamme.

Chanvre, caoutchouc naturel, polyester ont su être adaptés aux exigences techniques de chaussures de randonnée. L’esthétique n’étant pas pris en compte par l’Ademe, elles ont reçu une subvention de 100 000 € pour leur développement.

 

 
N’en déplaise aux puristes, une cuillère d’huile suffit pour faire cuire des frites, et limiter d’autant les déchets. Ne faire chauffer que la quantité d’eau nécessaire pour le thé, et ce, en à peine 10 secondes, pourrait faire réaliser des économies considérables outre-Manche.  

 

L’aide financière -modeste- proposée par l’Ademe, n’est qu’un enjeu très relatif par rapport au potentiel considérable que peut représenter l’éco-conception en terme de marketing.

Potentiel seulement, car, reconnaît le Président de Lafuma Philippe Joffard, l’argument de vente en éco-conception ne suffit pas à ce jour pour influencer l’achat.

Mais, assure-t-il, l’investissement n’est pas pour autant plus pénalisant qu’un autre, grâce notamment aux économies réalisées tout au long de la chaîne de production, par la réduction des emballages par exemple. Ce qui permet aux produits d’être proposés à des prix équivalents à d’autres de même gamme.

L’Ademe assume pleinement son rôle de levier de la consommation, et espère voir à terme le marché basculer en faveur d’une généralisation de la démarche. Même si les sommes mises en jeu ne permettent que de jouer sur l’exemplarité de quelques entreprises.

Jean-Louis Borloo dicute bouilloires écologiques avec Philippe Joffard, Président de Lafuma"Quel pourcentage d’entreprises converties à l’éco-conception faudrait-il pour faire basculer l’ensemble du marché français ?" s’est d’ailleurs interrogé le ministre de l’Environnement, Jean-Louis Borloo.

Conscient d’un nécessaire "rééquilibrage des moyens", il a une nouvelle fois insisté sur la généralisation des "étiquettes-carbone" sur l’ensemble des produits de grande consommation. Une mesure qui sera prise "dans 2 ou 5 ans", a-t-il promis.

Et qui permettra d’influencer les producteurs en jouant sur la responsabilisation des consommateurs. L’objectif : que la grande distribution se plie aux impératifs d’une production plus propres, avec un minimum d’engagement de l’Etat.

En attendant, l’Ademe remet 1,5 millions d’euros sur la table pour un nouvel appel d’offre de recherche, incluant cette fois-ci les commandes publiques.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Thomas Picavet

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