En l’espace de six mois, Eiffage Énergie Systèmes a engrangé près de 950 millions d’euros de commandes outre-Rhin, confirmant l’appétit de l’entreprise française pour le premier marché industriel d’Europe. Dopée par ses récentes acquisitions et par la vitalité des projets de réseaux électriques allemands, la filiale du groupe de BTP affiche désormais plus de 5 000 collaborateurs dans le pays.
Près d’un milliard d’euros engrangés en six mois
Le premier semestre 2025 constitue un jalon inédit pour Eiffage Énergie Systèmes, qui cumule dans ses carnets de commandes allemands quelque 950 millions d’euros. Depuis plusieurs années, la filiale multiplie les opérations de croissance externe et les chantiers d’envergure, mais rarement une telle concentration de contrats n’avait été réalisée aussi rapidement.
À l’échelle du groupe, qui a clôturé 2024 avec 23,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, l’Allemagne s’impose désormais comme un pilier quasiment incontournable, soutenant la stratégie de diversification géographique engagée depuis une décennie.
Des acquisitions qui portent déjà leurs fruits
Le résultat n’est pas le fruit du hasard. En trois ans, Eiffage a procédé à une série d’acquisitions ciblées : Salvia en 2023 et Eqos en 2024 viennent compléter le trio historique Elomech, Schwarz & Grantz et Nat. Ce maillage offre aujourd’hui une couverture quasi intégrale des quatre grands segments servis par la filiale — industrie, infrastructures et réseaux, villes et collectivités, tertiaire. En alignant les compétences d’ingénierie électrique, climatique et industrielle, l’entreprise propose aux donneurs d’ordre allemands un interlocuteur unique, capable d’assurer la conception comme la maintenance de projets complexes.
Le projet Rhin-Neckar : vitrine des savoir-faire français
Parmi la kyrielle de contrats décrochés au premier semestre, celui confié à Eqos pour le renforcement du réseau Rhin-Neckar-Nord Bade illustre la montée en puissance d’Eiffage en Allemagne. Sur un tronçon de 31 kilomètres reliant Philippsburg à Karlsruhe-Daxlanden, les équipes interviendront pour construire de nouvelles lignes à très haute tension et remplacer les câbles existants. Placé sous la houlette du gestionnaire de réseau TransnetBW, le chantier vise à fluidifier l’axe Francfort-Karlsruhe et à absorber l’essor des productions renouvelables raccordées au Sud-Ouest du pays.
Les premiers travaux sont programmés pour début 2026, mais la préparation logistique a déjà débuté, mobilisant bureaux d’études, supply-chain et partenaires régionaux. Pour Eiffage, le dossier fera office de vitrine technique à l’heure où le gouvernement allemand annonce plus de 40 milliards d’euros d’investissements dans les réseaux électriques d’ici 2030.
Une dynamique européenne qui change d’échelle
La percée allemande s’inscrit dans une phase d’expansion continentale plus large pour Eiffage Énergie Systèmes, dont le chiffre d’affaires a atteint 7,2 milliards d’euros en 2024. En dépit d’un contexte économique européen heurté par l’inflation des coûts de construction et les tensions sur l’approvisionnement, la filiale capitalise sur la priorité accordée par les États à la décarbonation des infrastructures. Avec l’Allemagne désormais placée au rang de premier pays d’implantation hors de France, l’entreprise se dote d’un laboratoire grandeur nature pour ses solutions de réseaux intelligents et de pilotage énergétique, tout en élargissant son vivier de compétences grâce à plus de 5 000 salariés locaux.
À court terme, l’essentiel des revenus issus des nouveaux contrats ne se matérialisera qu’à partir de 2026, mais l’anticipation par le marché boursier pourrait déjà se faire sentir. Au-delà de la performance financière, c’est la capacité d’Eiffage à capitaliser sur les besoins massifs de modernisation des réseaux européens qui sera scrutée.
La Commission européenne estime que 600 milliards d’euros devront être investis dans les infrastructures électriques du continent d’ici 2030 : une manne dont Eiffage se positionne pour capter une part croissante. Reste, pour l’entreprise, à maintenir la cadence d’intégration de ses entités tout en préservant la rigueur opérationnelle qui fait sa marque.