Un jeune homme de 19 ans, Mathis, a perdu la vie début novembre à Lille, percuté par un automobiliste qui avait inhalé du protoxyde d’azote avant de prendre le volant. Surnommé « proto » ou « gaz hilarant », ce produit vendu dans les supermarchés pour faire de la chantilly maison provoque pourtant des dommages graves sur le cerveau et les nerfs. Plus de 14% des jeunes adultes français ont déjà essayé, sans toujours mesurer les dangers réels.
Les chiffres montrent une explosion des cas d’intoxication : 472 signalements en 2023, soit 30% de plus qu’en 2022. Chez les 18-24 ans, plus de 3% ont consommé du protoxyde d’azote dans l’année. La moitié des jeunes utilisateurs reconnaissent avoir pris le volant après avoir inhalé le gaz, alors qu’il affecte la vigilance comme l’alcool ou le cannabis.
Par ailleurs, le protoxyde d’azote est devenu la troisième substance addictive la plus consommée par les jeunes, juste après l’alcool et le tabac. C’est son prix dérisoire qui explique en partie son succès.
Des dangers immédiats et à long terme
Le protoxyde d’azote bloque définitivement une vitamine essentielle au corps humain comme la vitamine B12. Sans elle, les nerfs ne fonctionnent plus correctement et les cellules sanguines ne se renouvellent pas normalement. Le résultat sera des fourmillements dans les bras et les jambes, des jambes qui ne répondent plus, des difficultés à marcher, et même parfois une paralysie dans les cas les plus graves.
Au moment où on respire le gaz, plusieurs problèmes peuvent surgir tels que des vertiges, des nausées, une perte d’équilibre, des évanouissements. Le gaz sort glacé de la cartouche et peut brûler les lèvres, la bouche et voire les poumons. Pire encore, respirer uniquement du protoxyde d’azote prive le cerveau d’oxygène, ce qui peut entraîner une mort par asphyxie.
D’après la littérature médicale, avec une consommation répétée, d’autres complications apparaissent ( troubles de la mémoire, difficultés à se concentrer, sautes d’humeur, crises d’angoisse, voire hallucinations). Le cœur et les vaisseaux sanguins pourraient également être touchés, avec des risques de caillots, d’embolies pulmonaires ou d’accidents vasculaires cérébraux.
Des lois encore insuffisantes
Face à l’ampleur du problème, des dizaines de villes françaises comme Nice, Cannes, Marseille ou Lyon ont interdit la consommation dans les rues.
Cannes est allée plus loin en interdisant totalement la vente, même aux adultes, après avoir constaté deux fois plus de bouteilles abandonnées dans la ville. Au niveau national, la vente aux mineurs est interdite depuis 2021, mais beaucoup estiment que la loi ne va pas assez loin.
Les parents de Mathis réclament maintenant une interdiction claire de conduire après avoir inhalé du protoxyde d’azote et souhaitent rencontrer le ministre de la Justice. Le conducteur responsable de l’accident, âgé de 31 ans, a été mis en examen pour homicide routier.
Méfiance malgré les apparences
Alors que plus des deux tiers des Français ont entendu parler du protoxyde d’azote, 37% des moins de 35 ans disent ne pas bien connaître ses dangers. Les médecins alertent que certains dommages peuvent être inversés avec un traitement à base de vitamine B12, tandis que d’autres laissent des séquelles permanentes, surtout quand la consommation dure longtemps.
Plusieurs accidents mortels ont impliqué du protoxyde d’azote, comme celui survenu en juin dernier sur l’autoroute près de Cannes où trois personnes sont décédées. Le drame de Lille rappelle brutalement qu’un gaz vendu librement peut devenir mortel entre de mauvaises mains, et qu’il est urgent de mieux informer les jeunes sur ses véritables dangers.











