La Commission européenne vient de mettre en place récemment un dispositif destiné à éviter les « fuites carbones », c’est-à-dire à faire en sorte que le mécanisme ETS** ne génère pas, à terme, un risque de délocalisation industrielle.
L’Union Française de l’Electricité (UFE) dans son édito a fait une petite analyse de la situation. Et selon elle, "cette préoccupation, qui concerne essentiellement les Etats-membres produisant massivement leur électricité à partir de combustible fossile, se superpose à une autre politique beaucoup plus discrètement mise en œuvre par l’Allemagne en faveur de ses industriels."
"Il est un fait acquis en France que nous disposons, grâce à notre parc nucléaire, d’un avantage économique significatif sur pratiquement tous nos voisins. Et cela, qu’ils aient mis l’accent sur l’utilisation de combustibles fossiles pour produire leur électricité ou qu’ils se soient, au contraire, lancés dans de vastes programmes de développement des EnR. De façon globale, non seulement l’écart de prix est important, mais il a tendance à se maintenir. Pour l’ensemble de l’UE 27, le prix de l’électricité, pour les gros consommateurs industriels, se situait, en moyenne, en 2011, à 112 € / MWh, alors que le prix français était inférieur à 70 €."
Le prix de l’électricité allemande, un handicap majeur pour les industriels allemands…
"Nos grands voisins présentent tous des niveaux de prix plus importants, en particulier l’Allemagne avec un prix au consommateur industriel pratiquement double du prix français."
Réf : Prix en € / MWh. Client à 70 GWH TLU type Vert HTA. Prix de marché fin 2011. Hors TVA. Sources Eurostat
"Le point complémentaire de cette observation c’est que l’écart de prix entre les deux pays provient moins du coût de l’énergie que du système de taxe supporté par l’électricité (en particulier EEG* et Taxe sur l’électricité).Très logiquement, les industriels allemands devraient donc être vent debout devant un tel écart, et l’Allemagne menacée de délocalisation industrielle avant même le problème de la « fuite carbone »."
Handicap subtilement contourné par les pouvoirs publics allemands.
"Les entreprises allemandes, et plus particulièrement les électro-intensives, bénéficient de nombreuses possibilités d’exemption de taxes, ou encore de remboursements de taxes ou de contributions diverses, en particulier au niveau des taxes EEG* ou de l’accès au réseau, ce qui donne le résultat suivant :"
Réf : Prix en € / MWh. Client à 70 GWH TLU type Vert HTA. Prix de marché fin 2011. Hors TVA
Sources UFE
"Pour traduire une telle approche dans le contexte français, disons que les électro-intensifs allemands sont, pour l’essentiel, exonérés de Turpe et de CSPE. Avec la mise en place de l’Arenh en France, le différentiel de prix pour un MWh entre un industriel français et un industriel allemand n’est plus que de 7€, soit un peu plus de 10 % (contre 60€ soit 98 % pour le coût complet sans les exemptions)."
Via un transfert financier sur les ménages
"Mais alors, compte tenu du poids financier d’un tel avantage, comment le système électrique allemand arrive-t-il à se financer ? La réponse est extrêmement simple, ce sont les clients particuliers qui financent le manque à gagner lié au soutien de l’industrie. Le particulier allemand paie près de 260 € là où son homologue français ne paie que 130 €, soit le double. Mais les ménages allemands supportent cette charge en partie à cause d’un pouvoir d’achat plus élevé, mais aussi avec la perspective que leur contribution impacte la compétitivité allemande, et également dans une approche de développement durable (financement de l’EEG*)."
"Le plus curieux de cette situation c’est, qu’a priori, il serait assez logique de considérer que nous sommes en face d’une distorsion concurrentielle, permise par une forme d’aide d’Etat, un peu similaire à la qualification dont la Commission menace la France au sujet du tarif réglementé de vente (TRV) en application de l’article 67 du Traité."
* EEG : Erneuerbare Energien Gesetz (soutien aux énergies renouvelables)
** Mécanisme d’échange de droits d’émission
Electricité chère : comment l’Allemagne maintient sa compétitivité ? ben moi qui croyait naivement que grace à notre parc atomique on etait independants et competitifs. je constate qu’il nous faut importer de l’electricite allemande des qu il y a un coup de froid et qu en plus il sont moins chers.
@Enpassant: Je vois pas le rapport
« ben moi qui croyait naïvement que grâce à notre parc atomique on était indépendants et compétitifs. je constate qu’il nous faut importer de l’électricité allemande des qu il y a un coup de froid et qu en plus il sont moins chers. » En effet, quel rapport ? C’est pas parce que aux heures de pointe en hiver il nous coûte moins cher d’importer que de démarrer certains moyens de production que notre électricité n’est pas compétitive ! Les chiffres de coût de l’électricité en France et en Allemagne sont là. Ils sont indéniables, et les industriels allemands s’en rendent bien compte : « Monsieur Dieter Zetsche, président du célèbre groupe Daimler, a jugé que cette décision « prise en quelques jours » et « très émotionnelle » faisait peser des risques sérieux sur la compétitivité de l’industrie allemande, grâce à laquelle, pourtant, l’Allemagne résiste mieux que ses concurrents européens à la crise internationale. »
Et encore, le kWh allemand n’est pas aussi cher qu’il pourrait ou devrait l’être s’il n’était pas subventionné et s’il payait une taxe carbone. En effet, le kWh allemand bénéficie encore de subventions indirectes à la production du charbon. De plus, l’électricité allemande émet environ 300 millions de tonnes de CO2 par an et cela pourrait bien majorer grandement le prix du kWh un jour. A 30 Euros la tonne de CO2, les émissions électrogènes allemandes représentent 9 milliards d’Euros de surcoût. A 100 Euros la tonne, c’est 30 millliards de surcoûts.
… c est bien ce que je dis !!!!! 1. pas d indépendance énergétique puisqu il faut importer … 2. malgré nos usines atomiques, on est pas foutus capable d’avoir une electricite beaucoup plus competitive que les allemands ! nucleaire = arnaque économique + pollution pour 1 million d annees
J’aime bien le passage sur la distorsion de concurrence au profit des électrointensifs allemands. A méditer par rapport à ce que l’on reproche à la France.
J’aime bien le passage sur la distorsion de concurrence au profit des électrointensifs allemands. A méditer par rapport à ce que l’on reproche à la France.
A Enpassant. Ce n’est pas en assénant des affirmations sans sources que l’on parvient à avoir raison. L’indépendance : Dans le nucléaire comme ailleurs l’indépendance absolue n’existe pas, mais elle peut être limitée à des choses raisonnables. Pour produire 420 TWh d’électricité nucléaire, nous importons pour 200 millions d’euros d’uranium de divers pays. Le reste du travail sur le combustible est réalisé en France sous notre maîtrise. Si nous passons à la génération 4, nous avons déjà plus de 250 000 tonnes d’uranium en stock sur notre sol. c’est u peu plus d’indépendance; Avec le gaz, le charbon et le pétrole c’est beaucoup moins évident. Compétitivité du kWh : Le parc nucléaire actuel est en grande partie amorti et le coût comptable de production du MWh est d’environ 33 Euros selon la Cour des Comptes. Le coût marginal de production est d’environ 10 €/MWh. Donc si on veut produire un peu plus à partir du parc actuel, ça ne coûte pas très cher. Conclusion : Si on ajoute à cela une deuxième poule aux oeufs d’ors (l’hydraulique), la France possède un système de production d’électricité très compétitif. C’est tellement vrai que tout le monde veut acheter des kWh nucléaire… pour les revendre, sans en assumer la responsabilité industrielle de la production. D’ailleurs si on écoute les concurrents d’EDF dans la négociation de l’ARENH, le MWh ne vaudrait pas plus de 35 Euros, là où EDF dit qu’il vaut au moins 42 à 46 Euros !
En Allemagne les industriels se pose le problème de la compétitivité. Et en France, certains pensent que cela pourrait booster le nucléaire : Le tableau n’est peut être pas aussi noir, car le photovoltaïque bat des records de production ces temps-ci : Cependant, aujourd’hui, l’Allemagne « produit » encore 50,3 GW de conventionnel (FOSSILE) à 11h00 du matin.
Faux : l’Allemagne à 11H produit 50,3GW de nucléaire, biomasse, géothermie, hydraulique, charbon et gaz. Et exporte pas mal de GW. Quand à votre article sur la « bonne nouvelle » pour le nucléaire français, le moins que l’on puisse dire et que depuis sa parution (2011) le brillant auteur à été quelque peu désavoué par les investisseurs qui ont fait tomber le cours d’AREVA de 80% et celui d’EDF de 75%. Tout le monde ne semble pas partager votre optimisme sur l’avenir du nucléaire français. A titre personnel j’investirai beaucoup dans le nucléaire chinois si cela était possible et pas un centime dans le français qui en plus s’est cramé en vendant des EPR en joinventure aux chinois, scellant la fin de sa pseudo-ouverture sur ce marché. Proglio essaie bien de vendre encore davantage son âme à ces derniers, en parlant d’ouvrir le capital de centrales nucléaires françaises à nos amis asiatiques. Heureusement nous avons quand même quelques limites à nous vendre corps et âme aux dictatures.
C’est vrai que j’avais oublié que l’allemagne carbure encore pas mal au nucléaire et un peu à l’hydraulique. Il est donc fort probable que dans ces 50 GW, il y ait 10 GW de nucléaire. Pour avoir une idée du détail du FOSSILE + FISSILE, il suffit de regarder la journée du 05 juin : le pic « conventionnel » de 11h00 était composé de : – 15 606 MW de lignite, – 10 457 MW de nucléaire, – 10 053 MW de charbon, – 1 143 MW de gaz, – 2 400 MW de déstockage de pompage, – 571 MW d’hydraulique fil de l’eau, – 855 MW de stockage saisonnier Pour un total de 41 085 MW. Tout cela nous donne tout de même une majorité de FOSSILE + FISSILE. Attendons demain pour avoir le détail du 06 juin.
A moyen terme et en ma qualité de client d’EDF, je vois d’abord l’avenir du nucléaire français… dans le passé. En effet, le parc actuel de 58 réacteurs n’a donné que la moitié de ce qu’il peut raisonnablement produire. Aujourd’hui, ce parc a produit environ 11 000 TWh et il a été programmé pour en produire au moins 18 000 avec une extension possible jusqu’à 26 000 TWh. Aujourd’hui la construction est très largement amortie et il reste à gérer correctement la jouvence, le fonctionnement et la maintenance puis le démantèlement. Si des pays européens nous achètent de l’électricité dans les 20 années à venir, ce sera esentiellement de l’électricité nucléaire sans EPR. Pour le reste c’est une autre histoire. Je constate que les Chinois font pareil pour toutes les secteurs industriels. Il n’est pas impossible qu’ils réussissentà mettre à genoux l’industrie nucléaire occidentale comme ils ont mis à genoux une partie de l’industrie photovoltaïque allemande si florissante. Ce débat là dépasse largement le domaine du nucléaire.
Si vous poursuivez sur cet site très instructif vous constatez aussi que lors du fameux week-end de records solaires (22/05) c’est le charbon et dans une moindre mesure la lignite qui ont été presque coupés ou réduits. Le solaire permet chez eux d’intéressantes baisses d’émissions en remplaçant une production très polluante. Si l’on prend l’éolien (01/04 par exemple), c’est exactement le même phénomène qui se produit : inversion pompage/turbinage des STEP (stockage par conséquent) et réduction drastique de la production par du charbon et dans une moindre mesure de la lignite, conservation au même niveau du nucléaire ce qui est parfaitement logique d’un point de vue économique. Cela va dans le bon sens pour ce qui est des émissions de C02 avec une électricité bien plus décarbonnée (nucléaire+ENR).
Welcome on board! Attention quand même, la Pentecôte peut certes être un moment de révélation voire de conversion, mais il faut quand même regarder les choses sur l’année entière….Pour l’instant, la baisse du recours au fossile en Allemagne,ce n’est pas flagrant.
Un article qui me semble tomber fort à propos : Pas mal de choses dedans, notamment des chiffres et des pays qui écarquillent les sourcils
Pour Chelya. Je croyais que la fiscalité écologique sur l’électricité datait de 1999 en allemagne. Je pensais que les pionniers était les Finlandais.
L’article est clair : « Tout un symbole. Dès ce matin, les automobilistes roulant sur l’autoroute A7 ne verront plus de fumée blanche sortir des tours de refroidissement du site nucléaire du Tricastin. Cette nuit, l’usine d’enrichissement d’uranium Eurodif, à l’origine du panache, devait en effet s’arrêter définitivement après trente ans de service. » Euh, c’est vrai, à cause de GB II on arrête définitivement les réacteurs nucléaires de tricastin ? Parce qu’il y aurait une reconversion toute trouvée :
« Euh, c’est vrai, à cause de GB II on arrête définitivement les réacteurs nucléaires de tricastin ? » Non ces quatre réacteurs vont désormais produire de l’électricité pour le réseau.
Il me semble que les 2 tableaux sont inversés dans l’article.
L’esprit du journaliste était peut être embrumé lorsqu’il a écrit que l’on ne verrait plus la fumée blanche des tours de refroidissement de Tricastin A-t-il compris ce qu’il a écrit ? M’enfin, on va récupérer aux alentours de 15 TWh par an sans rien construire de nouveau.
En effet les deux tableaux semblent inversés. Si j’ai bien compris, sans exemption de taxes, les industriels Allemands paieraient 121 Euros le MWh. Avec les exemptions, ils payent en moyenne 67 Euros le MWh. Faut quand même pas rigoler, quand il s’agit de compétitivité, les Allemands trouvent des parades pour subventionner indirectement l’énergie au profit de leurs industriels. Je rappelle aussi la subvention à la production du charbon.
« L’esprit du journaliste était peut être embrumé lorsqu’il a écrit que l’on ne verrait plus la fumée blanche des tours de refroidissement de Tricastin » Ah ah non non y a pas d’erreur : les tours de refroidissement servaient à refroidir Eurodif, la centrale EDF de Tricastin étant refroidie par le fleuve.
Bon alors j’efface tout. Le journaliste avait juste. En effet, les quatres réacteurs de Tricastin sont tous refroidis par l’eau du canal. Je pensais que le refroidissement était mixte comme sur certaines centrales à quatre réacteurs. Mais ça dépend du débit.