Emissions de CO2 en France : polémique sur les chiffres

Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Écologie et de l’Énergie a tenu à répondre à différentes informations publiées ces derniers jours sur l’évolution des émissions de CO2 de la France.

En effet, plusieurs médias se sont fait l’écho d’une information (du 9 août) émanant du Commissariat général au développement durable** qui indique une relative stabilité des émissions de dioxyde de carbone en France depuis 1990, malgré les efforts ce celle ci pour les réduire.

Voici l’extrait mis en cause :

"L’empreinte carbone de la demande finale française est supérieure de 33% à la quantité de CO2 émise en France, une fois pris en compte le solde des émissions liées respectivement aux importations et aux exportations. La quantité de CO2 émise en France résulte pour 70% des activités de production ; 30% sont directement générés par les ménages (voiture et chauffage). Au cours de la période 1990-2007, le progrès technique réalisé en France a entraîné une baisse du niveau d’émissions unitaires de CO2 de la production et de la consommation. Cependant, l’augmentation du niveau de la production et de la consommation a de façon générale compensé les effets de cette baisse".

Le rapport pointe des chiffres quasiment comparables entre 1990 et 2007 concernant le total des émissions de CO2, qui passent respectivement de 438 millions de tonnes à 439 millions. (cf. graphique ci-dessous)

Emissions de CO2 en France : polémique sur les chiffres

En réaction, le ministère a indiqué (16 août) dans un communiqué que "contrairement à l’affirmation selon laquelle les émissions de CO2 n’ont pas baissé depuis 1990, un effort de réduction important est "clairement observé" depuis 2007 (année où les émissions de CO2 en France ont rejoint le niveau constaté en 1990)".

Sur l’ensemble des émissions de gaz couvertes par le protocole de Kyoto (dont le CO2), les émissions ont baissé de plus de 6% en 2008 et de 4% supplémentaires en 2009. Au total, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est supérieure à 10% par rapport à 1990.

Selon le ministère "ce résultat fait de la France l’un des rares pays industrialisés qui respecte, et même dépasse dès aujourd’hui ses engagements internationaux. A titre de comparaison, pendant la même période, les émissions des Etats-unis ont augmenté de 13%, celles de l’Espagne de 42 %".

"Avec la mise en oeuvre du Grenelle Environnement, voulu par le Président de la République, la France s’est donné les moyens d’accélérer sa mutation environnementale et d’amplifier encore la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre" précise encore le ministère dans le communiqué.

"C’est en ce sens que Jean-Louis Borloo appelle les partenaires européens à aller au-delà des engagements du « paquet climat-énergie » et de rechercher une baisse de 30% des émissions à horizon 2020".

** Dossier téléchargeable (.PDF) :
CO2 et activités économiques de la France (PDF – 2.1 Mo)

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Hitherto 75

Jene vois pas trop où il y a polémique, dans la mesure où le référentiel change, entre “émissions sur le territoire national” et “émissions résultant de la consommation nationale” .

Depassage

Ce qui pourrait faire polémique c’est plutôt la prise en compte des échanges économiques internationnaux pour le calcul des émissions de CO2, que le volume des émissions n’ait pratiquement pas changées depuis 1990 on s’en doutait un peu, les gains d’efficacité étant annulés par l’augmentation en volume Le solde des importations/exportations pour l’année 2005 est de 135 Mt de CO2 (page 34 du doc ci-dessus) du coup la quantité de CO2 émise par habitant passe à 9 tonnes au lieu de 6.7 tonnes comptabilisée avec la méthode “Emissions de CO2 intérieures”. Autre idée reçue qui en prend un coup dans l’aile, ce ne sont pas les échanges avec l’Asie qui provoquent le déséquilibre le plus important de la balance des émissions de CO2, mais les échanges intraeuropéens : 94 Mt de CO2 contre 26 Mt de CO2 pour l’Asie. Avec la méthode “Empreinte carbone de la demande intérieure” inévitablement certains pays européens (et asiatiques) devraient voir leur bilan s’améliorer. Il serait souhaitable qu’un organisme international (OCDE ?) publie rapidement ce genre de donnée à l’échelle mondiale.

Tassin

La consultaiton de ce rapport est particulièrement interessante pour constater l’effet rebond sur le transport et sur le chauffage des habitations. On peut ainsi voir que même si la consommation des véhicules a baissé en 17ans, la distance parcourue a considérablement augmentée, idem pour les logements où la surface et la température moyenne par habitant a augmentée dans de fortes proportions. Résultat : aucune baisse malgré tous les efforts consentis.

Dan1

On mélange un peu tout et on polémique. Pourtant, il est clair que les émissions de CO2 de la France sont en baisse depuis 2007 et qu’elles sont en dessous du niveau de 1990 : Bilan CITEPA : Si on prend le tableau page 5/25, on voit que le niveau d’émission (hors puit “UTCF” et hors biomasse) passe de 296 Mt à un maximum de 536 Mt en 1973 puis arrive à 391 Mt en 1990. Depuis, il a augmenté à 410 Mt en 2005 puis diminué pour arriver à 365 Mt en 2009. Donc entre 1990 et 2009, le niveau d’émission de CO2 a bien baissé de 26 Mt soit – 6,6 %. Et c’est la branche énergie qui a fait l’effort majoritaire. Evidemment, pour le transport, c’est plus contrasté, ça baisse depuis 2004, mais c’est encore plus qu’en 1990. Si on veut parler d’empreinte carbone induite par les importations, on parle d’autre chose et alors, il faut l’appliquer à tout le monde. On constatera alors qu’effectivement, beaucoup de produits manufacturés (dont les modules ou panneaux photovoltaïques) le sont dans des pays beaucoup plus émetteurs que nous (dont au premier rang… les pays européens !). On voit effectivement que nos importations d’Allemagne grève notre bilan de 48 Mt de CO2 (page 34 de l’étude du CGDD). Il faudra alors se pencher sur ces cas là… pour mettre une barrière aux importations (taxe carbone ?) ou bien décarboner ces économies “noires”. Mais visiblement ça ne préoccupe pas grand monde, vu le nombre d’article sur le charbon et sa phénoménale progression dans le monde.