En sous-sol, le CO2 se dissout dans l’eau

Pendant des millions d’années, du dioxyde de carbone a été stocké naturellement et en toute sécurité dans les champs de gaz naturel. Une équipe de chercheurs a observé la façon dont se comporte le CO2 en sous-sol, en vue d’en faire profiter les techniques de séquestration artificielles.

La capture et le stockage du CO2 constituent l’une des pistes explorées pour limiter l’impact climatique des activités humaines, et notamment des centrales au charbon. Une fois la technologie maîtrisée, des millions de mètres cubes de CO2 pourraient être stockés en sous-sol, notamment dans des gisements épuisés de gaz et de pétrole. Le principal enjeu est d’en garantir la parfaite sécurité sur le long terme.

De façon naturelle, le dioxyde de carbone est piégé de deux manières : le gaz peut se dissoudre dans l’eau souterraine, à la façon des eaux minérales gazeuses. Il peut également réagir avec des minéraux de la roche pour former de nouveaux minéraux carbonatés.

Jusqu’ici, les recherches dans ce domaine ont utilisé des modèles informatiques pour simuler l’injection de dioxyde de carbone dans des réservoirs souterrains de gaz ou de pétrole, pour déterminer où et comment le gaz est susceptible d’être stocké. Certains modèles suggèrent la formation de nouveaux minéraux de carbonate, d’autre la dissolution dans l’eau.

Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par l’Université de Manchester, a combiné deux techniques. Ils ont utilisé de nouvelles méthodes informatiques et ont mesuré les taux d’isotopes stables de dioxyde de carbone et de gaz rares comme l’hélium et le néon, dans neuf champs gaziers en Amérique du Nord, en Chine et en Europe.

Les chercheurs ont constaté que l’eau y constitue le principal "puits" de CO2.

"Nous avons transformé l’ancienne technique qui reposait sur des modèles infomatiques et examiné le dioxyde de carbone des champs gaziers naturels, qui ont capturé le CO2 depuis très longtemps" explique le Dr Stuart Gilfillan, chercheur à l’Université d’Edimbourg et auteur de l’étude.

"En combinant les deux techniques, nous avons été pour la première fois en mesure d’identifier exactement où les émissions de CO2 ont été stockées. Nous savons déjà que le pétrole et le gaz ont été stockés en toute sécurité pendant des millions d’années.  Notre étude montre clairement que le CO2 a été stocké naturellement et en sécurité dans les eaux souterraines."

Environ 90% du CO2 est ainsi dissout dans l’eau, la précipitation du gaz sous forme minérale est donc négligeable.

Cette étude a également permis de mettre au point une nouvelle technique de suivi du gaz. "Cette nouvelle approche sera essentielle pour assurer le suivi et la traçabilité du CO2 capturé dans les centrales au charbon, pour connaître son déplacement lorsqu’injecté en sous-sol", indique le professeur Chris Balentine, de l’université de Manchester.

En tant que co-auteur de l’étude, le professeur Barbara Sherwood Lollar de l’Université de Toronto, espère que les nouvelles données pourront être introduites dans les modèles informatiques, afin de rendre plus précise la modélisation de la capture et stockage du CO2.

L’étude a été publiée dans la revue Nature

      

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Durieux

Enfin des expériences intéressantes sur l’évaluation de la durabilité du stockage du CO2,et en plus, L’étude a été publiée dans la revue Nature . On va enfin progressivement  en savoir plus sur la ccs .

Durieux

Pendant des millions d’années, du dioxyde de carbone a été stocké naturellement et en toute sécurité dans les champs de gaz naturel. Donc ça peut tenir (le stockage du CO2)au moins  des millions d’années .Ce n’est pas rien tout de même .

Escaravage

Il est étrange que la constatation que 90% du CO2 demeure dissout dans l’eau au lieu, comme il avait été prétendu, de se minéraliser, soit considéré comme un argument en faveur de la CSC, de même qu’il est surprenant que la découverte  de gisements étanches de CO2 soit une preuve que cette étanchéité va de soi dans tous les cas de séquestration. Il est évident qu’on ne peut découvrir des gisements perméables du fait même que leur perméablité implique leur rapide disparition, encore que les riverains du lac Nyos aient pu constater la possibilité d’un dégazage catastrophique.