Fatigue pour le bio

C’est en examinant les publications scientifiques publiées que l’équivalent britannique de l’Agence Française pour la sécurité sanitaire des aliments, la FSA, Food Standards Agency,en arrivé à la conclusion qu’il n’y a aucune différence significative entre les apports nutritionnels( vitamines,sucres, métaux divers, calories) des aliments bio par rapports aux aliments cultivés par les méthodes classiques. Pour les teneurs de résidus en pesticides, engrais ou produits de traitement, il existe bien une différence en faveur des produits bio qui en sont quasiment exempts mais à des niveaux infiniment faibles en teneur de ces résidus et dans tous les cas bien en deça des Limites Maximales de Résidus imposées par la législation.

Pourtant les produits bio sont vendus en moyenne 25% plus chers que les produits conventionnels. Ces 25% correspondent ils à des rendements inférieurs d’autant, ou bien intègrent ils une marge supérieure pour les producteurs, -genre 10% de perte de rendement et 15% de marge producteur en plus-,l’étude ne le dit pas ? Ce que l’on sait néanmoins c’est que les rendements des cultures bio offrent un caractère aléatoire certain.

Qu’avez vous donc de plus pour ces 25 % de plus à l’achat ? Rien sur le plan nutritionnel ou santé donc d’après l’étude mais sans aucun doute votre contribution à la santé des terres, des cours d’eau, voire de l’air encore que de ce point de vue là, il n’y ait pas non plus d’études exhaustives sur ce type d’affirmation.Signalons que l’excédent de nitrates dans les eaux bretonnes à qui l’on attribue la prolifération des algues sur le littoral, est une réalité bien connue qui tient au fait que nos autorités ont été incapable de faire respecter les réglementations françaises et européennes à l’agriculture bretonne, ce qui a valu à la France d’être condamnée par la Commission Européenne.

On peut se demander dans ces conditions pourquoi d’un coté l’Etat, dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, a pris des engagements forts de développement de l’agriculture bio,- 20 % des surfaces agricoles en bio pour 2020- , à coup de subvention ( 200 euros l’hectare de prime de reconversion, plus le crédit d’impot, plus l’aide à la structuration des filières de commercialisation,plus l’engagement d’approvisonnement à 20pct de cantines, plus… plus… plus…) et pourquoi, plutôt, il ne ferait pas respecter les législations existantes, voire les sévériser considérablement si les scientifiques en jugent ainsi, pour la santé des terres,de l’air, des rivières et de la mer ? En d’autres termes, l’Etat doit il se prêter à nos/vos frais à une démarche marketing à laquelle la promotion de l’agriculture bio ressemble fortement ou plutôt, si les aspects de protection de l’environnement sont effectivement cruciaux, imposer à la totalité de l’agriculture conventionnelle comme bio, de nouvelles normes de protection de l’environnement infiniment plus sévères ?

D’autant plus que l’on sait déjà que, face à une population mondiale voire française en augmentation forte et permanente d’içi là,on ne pourra se contenter des rendements plus faibles et aléatoires des culture bio? Enfin quelle cohérence dans la logique de l’Etat entre le développement du bio plus cher à cout de subvention et la lutte pour l’accroissement du pouvoir d’achat?

Décidément, notre Etat est bien peu cohérent dans ses programmes et ses décisions. Est ce que par hasard ce ne serait pas par clientèlisme ou encore par démagogie puisqu’hélas c’est un défaut des démocraties ? Il y a une cause nouvelle qui, pour des raisons ou des intérêts divers devient populaire. Il faut forcément, quel que soit le bien ou le mal fondé de la dite cause, paraitre la soutenir si on veut pouvoir… être réélu un jour! Le crédo du système démocrate, du moins tel que le comprennent nos hommes politiques d’aujourd’hui.

Mangeons donc du bio…

[ Archive ] – Cet article a été écrit par CaDerange

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