Fonds de réserve pour les retraites : des investissements trop polluants ?

A l’occasion de la Journée mondiale du désinvestissement (13 février dernier), l’Observatoire des multinationales a publié un nouveau rapport sur les investissements du Fonds de réserve pour les retraites (FRR) dans le secteur des énergies fossiles.

Il existe une large consensus pour considérer que le réchauffement global doit être maintenu en dessous du seuil critique de 2ºC si l’on veut préserver une planète vivable et éviter les impacts les plus destructeurs du changement climatique. Ce qui implique de renoncer à exploiter la majeure partie des réserves d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) encore présentes dans le sous-sol.

Face à l’inaction des dirigeants politiques et à la mauvaise volonté des acteurs économiques en matière climatique, un vaste mouvement citoyen s’est créé à l’échelle mondiale pour encourager les investisseurs institutionnels (universités, fonds de pension, collectivités, fondations) à se désinvestir dès maintenant des énergies fossiles.

En France, comme le montre un nouveau rapport de l’Observatoire des multinationales, le Fonds de réserve pour les retraites détient plus de deux milliards d’euros d’investissements directs dans ce secteur, dont plus d’un milliard d’euros dans le seul secteur du charbon (mines et centrales). Ses investissements dans les plus grandes entreprises pétrolières, gazières et charbonnières mondiales représentent plus de 194 milliards de tonnes de CO2 encore non exploitées, et qui seront libérées dans l’atmosphère au cours des prochaines années si l’on ne fait rien.

Le rapport Fonds de réserve des retraites et énergies fossiles : "des investissements aux dépens des générations futures ?" a été publié, en partenariat avec 350.org.

Voici les principales conclusions :

► En France, le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) est un fonds d’investissement public mis en place pour assurer la pérennité du régime de retraites. Selon les derniers chiffres publiés (en date du 31 décembre 2013), le FRR détient des investissements directs dans 60 des 100 premières entreprises mondiales du secteur pétrolier et gazier, et dans 21 des 100 premières entreprises mondiales de charbon. Ces investissements représentent 523 227 084 euros en actions (6,31% du portefeuille actions) et 399 713 189 euros en obligations (2,09% du portefeuille obligations), soit 922 940 273 euros au total. Ces entreprises ont des réserves cumulées équivalentes à plus de 194 milliards de tonnes de CO2.

► Les entreprises dans lesquelles le Fonds de réserve des retraites est le plus investi sont Total, ENI, Glencore, GDF Suez, ExxonMobil, BHP Billiton, Rio Tinto, BASF, Repsol et Shell, pour ce qui est de la production d’hydrocarbures proprement dite. À travers ses investissements dans ces entreprises, le FRR contribue à des activités extrêmement controversées et polluantes, comme les sables bitumineux canadiens, l’exploration pétrolière en Arctique, les gaz et pétroles de schiste, le développement du charbon en Australie, l’offshore profond, ou encore l’extraction pétrolière en Amazonie.

► Dans le secteur des énergies fossiles au sens large (incluant l’extraction, les parapétrolières, le transport et stockage et la génération d’électricité à partir de sources fossiles), le Fonds de réserve pour les retraites a placé en tout 2,137 milliards d’euros dans 264 entreprises : 962 479 033 euros en actions (11,6% du portefeuille actions) et 1 174 159 142 euros en obligations (6,1% du portefeuille). Ceci inclut 334 776 426 euros en actions et 694 014 381 euros en obligations, soit au total 1,029 milliards d’euros, rien que pour le secteur du charbon (mines et centrales). Et ce chiffre ne tient pas compte des participations indirectes du FRR ni des secteurs économiques gros consommateurs d’hydrocarbures comme le ciment, la sidérurgie ou la pétrochimie.

► Le Fonds de réserve pour les retraites a mis en place des politiques d’investissement responsable, y compris en termes de « décarbonisation » de ses placements, mais ces initiatives ne semblent rien changer à la composition de son portefeuille. Les grandes entreprises pétrolières comme Chevron ou ExxonMobil occupent encore une place importante même dans la partie « responsable » et « décarbonée » du portefeuille du FRR.

► Au-delà du climat et des énergies fossiles, le portefeuille du Fonds de réserve pour les retraites accorde une large place à des secteurs controversés comme le tabac, les industries d’armement, l’huile de palme ou encore les casinos. Son portefeuille comporte des investissements important dans des entreprises parmi les plus controversées pour leur impact social et environnemental.

>>> Lire l’intégralité du rapport : ici (pdf, 21 pages).

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Pastilleverte

OK, c’est bon l’article peut paraitre, il a tout bon : (je cite) Il existe une large consensus pour considérer que le réchauffement global doit être maintenu en dessous du seuil critique de 2ºC si l’on veut préserver une planète vivable et éviter les impacts les plus destructeurs du changement climatique. Non, vraiment, topu ce qui DOIT être dit est dit, bravo : 20/20

chelya

C’est un constat qui a été reconnu et signé par les représentants de 141 pays donc je pense que c’est une bonne définition pour “large consensus”.

Pastilleverte

donc politique et en aucun cas scientifique… la science ne se décrète pas par vote démocratique. Au passage, merci de me donner les références du fondement scientifique des “+2°C”, qui n’est qu’ bon slogan pour des hommes politiques ou des journalistes, et surtout ne pas oublier “sauver la Planète” ni de parler de “conférence de la dernière chance” à propos du COP21. Mais peu importe, je voulais souligner le ridicules des phrases toutes faites impérativement reprises telles que en introduction à n’importe quel sujet où le mot “climat” ou “énergie” apparait.

Verdarie

Bien sûr que les entreprises du secteurs des fossiles,doivent inciter ou recommander à leurs salariés d’investir leurs primes dans leurs fonds de réserve. Ce qui leurs permet de financer leurs besoins sans être obligé d’avoir à apporter des garanties tout en concurrençant les autres énergies. On voit bien la perversité du système !.

Tech

a chelia, justement j’avais vu un reportage sur un inuit qui était hyper content du réchauffement et qui même en redemandait! il en avait marre de se geler les C… trop longtemps dans l’année pour l’aborigène d’australie si l’école ne lui a pas fait oublier les connaissances de ces ancêtres, ce doit bien encore être le seul à savoir comment ne pas mourir de soif dans son bush! un australien moyen n’y tiendrait pas qq jours!