La catastrophe du golfe du Mexique va accélérer le décollage des énergies renouvelables

A toute chose malheur est bon dit le proverbe et ce drame écologique sans précédent aura eu au moins le mérite de faire prendre conscience à l’opinion publique américaine que l’ère du pétrole facile et bon marché appartient définitivement au passé et qu’il fallait accélérer la transition énergétique pour que, dans une génération, l’ensemble des énergies « propres » passe devant les énergies fossiles dans le bilan énergétique mondial

Contrairement à certaines idées reçues en Europe, les Etats-Unis ont d’ailleurs déjà commencé cette mutation énergétique mais il est certain que cette catastrophe du Golf change la donne et va considérablement accélérer les choses. Dans ce contexte, il est bon de rappeler que les énergies renouvelables et notamment l’énergie éolienne, continuent leur irrésistible montée en puissance en dépit des oppositions de toute nature. Un rapport du Ministère de l’Energie américain (DOE) prévoit d’ailleurs que l’énergie éolienne pourrait fournir 20 % de l’électricité des Etats-Unis d’ici 2030, permettant de réduire de 7,6 milliards de tonnes de CO2 sur cette période.

Le rapport présente un scénario potentiel pour faire passer la production actuelle d’énergie éolienne de 16,8 GW à 304 GW d’ici 2030. Selon le DOE, pour atteindre cet objectif de 20 % d’énergie éolienne, les installations annuelles de turbines devront passer de 2.000 en 2006 à près de 7.000 en 2017. Les coûts d’intégration intermittente de l’électricité éolienne dans le réseau de distribution sont modestes à moins de 0,5 cent par kilowatt, ajoute le Ministère.

Le Texas a déjà pris ce virage éolien et est devenu le premier producteur d’énergie éolienne aux Etats-Unis avec 7 118MW. C’est au Texas que l’on trouve la plus grande ferme éolienne au monde avec une capacité de production totale de 735 MW. Aujourd’hui, plus d’un million de foyers texans sont alimentés en électricité grâce à l’éolien.

Toujours outre-atlantique, l’industrie de l’énergie éolienne est en pleine expansion au Québec. Au Canada, la puissance éolienne installée est passée en dix ans de 130 à 3400 MW et devrait atteindre 12000 mégawatts en 2015, de quoi alimenter près de 5 millions de foyers en électricité !

L’Europe n’est pas en reste et poursuit heureusement le développement à grande échelle de l’éolien. La Banque européenne d’investissement (BEI) a signé un prêt de 250 millions de livres avec DONG Energy, garanti par l’agence danoise de crédit à l’exportation (Eksport Kredit Fonden, EKF) sur la base des prestations de Siemens Wind Power et Per Aarsleff. Cette opération s’inscrit dans le cadre du financement de la construction du parc éolien marin London Array tout en diversifiant les sources de financement.

La première tranche du parc éolien London Array aura une capacité de 630 MW et devrait être opérationnelle en 2012, notamment pour pouvoir alimenter les sites des Jeux olympiques en énergie renouvelable. Une fois achevé, il s’agira de l’un des plus vastes parcs éoliens marins du monde.

Avec 111 turbines éoliennes, le nouveau parc éolien offshore d’Anholt au Danemark, qui sera mis en service en 2013, aura, pour sa part, une capacité de 400 mégawatts (MW). Commandé par Dong Energy à Siemens, le parc aura une puissance de près du double de celle de Horns Rev 2, actuellement le plus grand parc éolien en exploitation dans le monde (209 MW). A pleine exploitation, le parc éolien d’Anholt pourra approvisionner près de 400 000 ménages en énergie verte, soit 4 % environ de la consommation d’électricité totale au Danemark.

Autre projet emblématique : celui du gigantesque parc éolien du Markbygden, dans le nord de la Suède, qui couvrira une territoire de 500 kilomètres carrés, une surface équivalente à cinq fois la ville de Paris, à la lisière du cercle polaire.

Avec 1.101 turbines prévues d’ici 2022, son entreprise, Svevind ("Vent de Suède"), associée au géant allemand de l’éolien Enercon, entame la construction du plus grand parc d’Europe, qui doit produire à terme l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. Il est vrai que la Suède s’est donnée comme objectif de se passer des énergies fossiles d’ici 2020.

Au niveau européen, pour la première fois dans l’UE, les nouvelles installations éoliennes vont surpasser les centrales à gaz en terme de capacité de production et en 2010, l’Union prévoit en effet une augmentation de production d’énergie de 10 GW pour le secteur de l’éolien, portant la capacité totale installée à la fin 2010 à près de 85 000 MW, soit une croissance sur un an de 13 %.

Demain, avec la prochaine génération d’éoliennes géantes maritimes de 10 MW, il suffira de moins de 100 machines pour produire l’équivalent de la consommation électrique annuelle d’un million de foyers (hors chauffage).

Nous pourrons alors exploiter à très grande échelle l’immense potentiel éolien maritime européen et coupler cette production d’électricité éolienne avec les systèmes de stockage par air comprimé, gaz ou hydrogène qui sont à présent suffisamment performants pour permettre le « lissage » et l’intégration de cette électricité éolienne dans nos réseaux de distribution électriques.

Pour relever le défi écologique et énergétique qui nous attend, nous devons donc nous fixer, au niveau européen et mondial, un objectif ambitieux mais parfaitement réalisable compte tenu de l’état de la technologie et du potentiel éolien gigantesque à exploiter : produire au moins 20 % de la consommation électrique mondiale grâce au vent d’ici 2030.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par René Tregouët

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