La production électrique en baisse depuis 2006

En 2007, la production totale nette d’électricité a connu une baisse de 4,4 TWh, soit -0,8% par rapport à 2006, pour une production de 544,4 TWh, alors que la consommation, poussée par le secteur tertiaire, ne cesse de progresser.

La production française en 2007 se répartit comme suit :

76,9% de nucléaire, 10,7% de thermique classique, 11,6% d’hydraulique et 0,7% d’éolien et  photovoltaïque.

Le recul relevé par l’Observatoire de l’Energie fait suite à une baisse de 0,2% en 2006 (-1,3 TWh), après une quasi-stabilisation en 2005.

Cette tendance marque une rupture par rapport aux progressions marquées observées auparavant ; entre 2001 et 2004, la chronique des croissances annuelles est en effet la suivante : +1,8%, +1,7%, +1,4% et +1,3%.

Ces hausses étaient déjà sensiblement inférieures à la croissance annuelle moyenne de la production d’électricité de 2,6% entre 1990 et 2000.

Par filière, les évolutions ont été contrastées en 2007, commente la Direction Générale de l’Energie (DGEMP) dans son rapport annuel : le nucléaire a reculé de 2,3%, tandis que toutes les autres filières ont progressé : +3,6% pour l’hydraulique, +2,7% pour le thermique classique et +84,9% pour l’éolien et le photovoltaïque.

La production électrique en baisse depuis 2006

 

  • En 2006, pour la 1ère fois depuis 1998, la production nucléaire s’était inscrite en baisse de 0,3%. En 2007, ce recul s’amplifie pour s’établir à -2,3%, soit 10,1 TWh de moins qu’en 2006 ; avec 418,6 TWh produits, la production nucléaire se situe ainsi à un niveau intermédiaire entre celui de 2002 et celui de 2003.
  • Concernant l’hydraulique, il s’agit de la 6ème année consécutive caractérisée par de bas niveaux de production. En 2007, l’hydraulique progresse de 3,6% (+2,2 TWh), pour s’établir à 63,4 TWh, encore bien en deçà de son productible (70 TWh). Cette hausse poursuit la reprise amorcée en 2006 (+8,7%), ce qui permet de retrouver des niveaux comparables à ceux de 2003 et 2004, niveaux qui restent toutefois très déficitaires, commente la DGEMP, qui rmeonte à 2001 pour trouver une année d’hydraulique abondante (78,4 TWh).
  • La production thermique classique demeure élevée en 2007, avec 58,4 TWh. Hormis 2005 où le parc thermique à flamme avait été fortement sollicité pour compenser la faiblesse de l’hydraulique, fournissant 62,9 TWh, il faut remonter à 1984 pour retrouver un niveau de production supérieur. La production thermique classique progresse de 2,7% en 2007, après un recul de 9,7% en 2006, qui avait presque entièrement compensé la hausse de 11,4% de 2005.
  • Le fort développement de l’éolien se poursuit, sa production atteignant 4,0 TWh, après 2,2 TWh en 2006 et 1,0 TWh en 2005.

 

Depuis 1974, un parc de production en mutation

La structure du parc de production français s’est considérablement modifiée depuis 30 ans, avec la mise en place du programme électro-nucléaire à partir de 1974.

La montée en puissance de la production nucléaire, de 14 TWh nets en 1973 à 419 TWh en
2007, s’est accompagnée d’une réduction de la production thermique classique, l’énergie nucléaire se substituant massivement au fioul pour la production d’électricité.

La production électrique en baisse depuis 2006

Les 58,4 TWh nets de production thermique classique atteints en 2007 représentent la moitié du niveau de 1973. Le charbon constitue encore le combustible majoritaire, avec 23,0 TWh d’électricité produite en 2007 ; mais le gaz naturel a beaucoup progressé, en particulier grâce au développement de la cogénération, pour produire 21,4 TWh d’électricité.

La production  thermique classique restante est issue de fiouls (5,2 TWh), de combustibles renouvelables thermiques et de déchets (5,0 TWh) ainsi que de gaz industriels et autres combustibles non répartis (3,7 TWh).

La production hydraulique n’a que modérément progressé depuis les années 1973, de telle sorte que sa part dans la production totale d’électricité s’est considérablement réduite, passant de 26% en 1973 à environ 12% en 2007.

 

2007, la douceur du temps modère la consommation

Du fait d’un climat plus doux en moyenne sur l’année, la consommation d’électricité apparaît nettement plus dynamique en données corrigées du climat qu’en données réelles.

Les faibles évolutions constatées en réel masquent donc une tendance qui reste dynamique, analyse la DGEMP.

La production électrique en baisse depuis 2006

En 2007, la consommation intérieure d’électricité (énergie appelée) s’établit à 479,9 TWh en données réelles, et à 487,0 TWh en données corrigées du climat.   En données réelles, l’énergie appelée progresse de 0,4%, après avoir reculé de 1,1% en 2006, du fait de la branche énergie. Corrigée du climat, la hausse est sensiblement plus forte puisqu’elle atteint +1,3%, après un recul de 0,6% en 2006.

La consommation de la branche énergie s’étant redressée en 2007, la consommation finale
d’électricité, qui n’intègre pas cette branche, affiche quant à elle un effritement de 0,2% en données réelles et une progression de 0,9% en données corrigées du climat. Elle s’élève à 426,8 TWh en données réelles et 434,0 TWh en données corrigées du climat.

Les évolution récentes de la consommation finale sont à comparer au rythme de progression nettement plus dynamique qui prévalait auparavant, l’évolution annuelle moyenne sur 1990-2005 étant de +2,3%.

En particulier, on observe toujours une dichotomie entre le résidentiel-tertiaire, qui reste dynamique, et l’industrie dont la consommation poursuit son recul, bien que légèrement atténué.

En données réelles, la consommation d’électricité de l’ensemble du résidentiel-tertiaire, qui représente presque les deux-tiers de l’électricité finale consommée, se stabilise (+0,1%), après quatre années de fortes progressions oscillant entre +1,8% et +6,3%.

En données corrigées du climat, la hausse se poursuit, s’établissant à +1,7% en 2007, après +2,8% en 2006 et +1,8% en 2005. Le total se répartit à peu près à parts égales entre le résidentiel et le tertiaire.

La consommation d’électricité de l’industrie (hors sidérurgie) continue de reculer, avec –0,4% ; il s’agit toutefois d’un recul modéré par rapport aux années précédentes : -1,8% en 2006 et -1,1% en 2005. La consommation d’électricité de la sidérurgie fluctue beaucoup d’une année à l’autre : en 2007, elle recule de 3%, après avoir augmenté de 8,8% en 2006 et reculé de 5,8% en 2005 ; ces évolutions sont en lien avec les fluctuations de l’activité.

La consommation d’électricité dans les transports urbains et ferroviaires est en hausse de 0,6% en 2007, après une progression de 1,4% en 2006, qui avait partiellement compensé le recul de 1,8% de 2005. La consommation de l’agriculture est également très fluctuante : elle recule de 8,1% cette année, après +2,6% en 2006 et +2,3% en 2005.

La multiplication par plus de 3 de la consommation finale d’électricité depuis 1970 s’est accompagnée d’une modification de la structure de la consommation par secteur en faveur d’une plus large place accordée au résidentiel-tertiaire. En 2007, cette tendance se
poursuit, de façon modérée sur données réelles, mais de façon marquée sur données corrigées du climat.

En 1970, le secteur le plus consommateur d’électricité était l’industrie, sa part s’établissant alors à plus de 50%, tandis que le résidentiel-tertiaire consommait environ 35% de l’électricité finale. Entre 1970 et 2007, la consommation d’électricité du résidentiel-tertiaire a augmenté beaucoup plus vite que celle de l’industrie, avec un rythme moyen de croissance annuel de plus de 5%, contre moins de 2% pour l’industrie, de telle sorte qu’en 2007, le résidentiel-tertiaire consomme deux fois plus d’électricité que l’industrie, avec une part de 65% (33% pour le résidentiel et 32% pour le tertiaire), contre 28% pour l’industrie. La part des transports ne dépasse pas 3% et celle de l’agriculture 1%.

Cette forte augmentation de la consommation d’électricité du résidentiel-tertiaire est notamment liée au développement du chauffage électrique, une particularité française.

La consommation finale d’électricité du secteur résidentiel est ainsi maintenant destinée pour 32% au chauffage, pour 46% à des usages spécifiques et pour 22% à l’eau chaude sanitaire et à la cuisson. Dans le secteur tertiaire, ces parts sont respectivement de 15%, 74% et 11%. Les inflexions récentes de la consommation totale d’électricité se retrouvent pour chacun des deux grands secteurs consommateurs d’électricité, l’industrie et le résidentiel-tertiaire.

Pour l’industrie, la progression annuelle moyenne n’est plus que de +1,0% par an entre 1990 et 2007, contre +2,7% sur la  période 1970-1990, et se transforme même en recul depuis 2000 (-0,4%). De même, pour le  ésidentiel-tertiaire, le rythme de progression s’est considérablement réduit, passant de +7,2%  ntre 1970 et 1990 à +2,7% sur la période 1990- 2007 (+2,3% depuis 2000).

La modération de la demande globale d’électricité se traduit par une poursuite en 2007 de la baisse de l’intensité énergétique relative à l’électricité (ratio de la consommation finale d’électricité au PIB).

Par grands secteurs, des évolutions de sens opposés ont été observées de 2003 à 2006 : croissance pour le résidentiel-tertiaire, après une dizaine années de stabilisation ; recul pour l’industrie, prolongeant une tendance de fond, à la baisse, amorcée dès 1998. En 2007, les intensités des deux secteurs sont orientées à la baisse, très légèrement dans le Résidentiel-Tertiaire, très fortement dans l’Industrie.

Depuis trois ans, une dichotomie était apparue entre une consommation en basse tension toujours dynamique et une consommation en haute et moyenne tension qui amorçait un recul.

En 2007, des évolutions opposées ont été observées, la consommation en basse tension reculant de 0,3%, alors que celle en haute et moyenne tension progressait de 1,0%. Toutefois, ces évolutions masquent les véritables tendances sousjacentes, explique la DGEMP.

D’une part, le léger recul de la basse tension reflète en premier lieu un moindre besoin en chauffage, du fait des conditions climatiques : une fois corrigée du climat, la consommation en basse tension reste orientée à la hausse.

D’autre part, le regain de consommation en moyenne et haute tension provient de la branche
énergie, dont la demande augmente après le recul de 2006
: hors branche énergie, les livraisons en moyenne et haute tension ont été quasiment stables : -0,1%.

La stabilité de la consommation en haute et moyenne tension, hors branche énergie, masque également des évolutions sectorielles contrastées. En particulier, le dynamisme de la consommation d’électricité des secteurs du tertiaire ne se dément pas, contrastant avec les reculs souvent constatés pour les secteurs industriels.

Ainsi, les consommations des quatre grands secteurs tertiaires considérés, « Administrations et
services non marchands », « Transport et télécommunication », «Commerce et Hôtellerie » et
« Services marchands », progressent toutes à des rythmes très voisins, entre 0,9% et 1,1%.

Les progressions dans ces secteurs sont pourtant inférieures à celles de 2006, du fait du moindre besoin en chauffage qui a caractérisé l’année 2007. Dans l’industrie, à l’inverse, les reculs sont majoritaires, même s’ils sont souvent de moindre ampleur qu’en 2006 : la plus forte baisse concerne la métallurgie, avec –2,8%.

Viennent ensuite le « Papier, carton » (-1,1%), puis les « Minéraux et matériaux » (-0,7%). La consommation des secteurs « Mécanique, fonderie, travail des métaux » se stabilise, tandis que  celle de la « Chimie et parachimie » progresse de 0,5%.

 

Baisse continue du solde exportateur d’électricité

Le solde des échanges d’électricité s’établit à 56,8 TWh en 2007, en recul de 6,5 TWh.

Après un pic exceptionnel à 77 TWh en 2002, le solde de nos échanges physiques d’électricité s’est continûment dégradé de 2003 à 2005, tombant à 60,3 TWh.

La production électrique en baisse depuis 2006

Après une légère reprise en 2006 (+3 TWh), le solde reprend son recul en 2007 (–6,5 TWh). En 2007, c’est toujours avec l’Allemagne que le solde exportateur le plus important a été enregistré avec 15,7 TWh, suivi de l’Italie (14,1 TWh) et de la Suisse (8,2 TWh) ; viennent ensuite le Royaume-Uni (6,9 TWh), la Belgique (6,2 TWh), et enfin l’Espagne (5,5 TWh).

En 2007, le recul du solde des échanges physiques d’électricité résulte d’une baisse de 4,3 TWh des exportations (à 67,6 TWh), à laquelle s’ajoute une hausse de 2,3 TWh des importations (à 10,8 TWh). La France a ainsi exporté l’équivalent de 12,4% de sa production nette, tandis qu’elle a importé l’équivalent de 2,2% de sa consommation.

En conséquence, le taux d’indépendance énergétique (ratio de la production primaire aux disponibilités) relatif à l’électricité recule de 1,4 point, reprenant ainsi sa tendance à la baisse enregistrée après le pic de 2002 à 118,1%, et qui avait marqué une pause en 2006.

 

Articles connexes

1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Dominique

Peut-on parler d’indépendance énergétique alors que tout l’uranium de nos centrales nucléaires est importé, au même titre que le charbon, le pétrole et le gaz. Dans le domaine électrique, notre indépendance se limite à la seule électricité d’origine renouvelable : hydraulique, éolien, solaire, marémotrice, géothermie, déchets de biomasse, et un tout petit peu de méthane provenant des élevages (mais beaucoup en Allemagne et dans quelques autres pays).