L’allemand E.ON “souhaite vraiment développer le solaire”

Le Président du Directoire d’E.ON France, Luc Poyer, dans une interview, donne son avis sur la politique énergétique de la France, exprime les ambitions du groupe allemand dans la filière du renouvelable et évoque brièvement les technologies d’avenir.

Monsieur Poyer, pourriez-vous nous présenter le groupe E.ON et ce que vous y faites en quelques mots ?

Le groupe E.ON est un leader européen de l’énergie, du gaz et de l’électricité, qui vient de la fusion de deux groupes allemands, Veba et Viag, depuis 2000 qui compte plus de 30 millions de clients dans toute l’Europe et qui, en France, est – c’est assez souvent méconnu et c’est important de le souligner – le 3e producteur d’électricité avec 7 tranches charbon, 2 tranches gaz. Et tout cela représente à peu près 80.000 collaborateurs dans le monde et 850 salariés en France sur 4 bassins industriels.

23% d’EnR en 2020, ne pensez-vous pas que c’est un objectif trop ambitieux par rapport à la maturité actuelle des technologies ?

En France, on s’est fixé des objectifs ambitieux, les 23 % dans le mix énergétique en 2020.

En Allemagne qui est un pays que l’on connaît un petit peu chez E.ON, ils sont encore plus ambitieux puisque c’est 80 % de la production d’électricité qui devra être produite à partir de renouvelables en 2050, d’ailleurs avec une vision encore plus long terme et plus volontariste. Mais je ne me prononcerai pas sur les objectifs politiques de chacun des pays.

Chez E.ON, on a comme objectif d’être à 36 % de notre production d’électricité en 2030 à partir de renouvelables.

On part d’une situation qui est un challenge puisqu’on a beaucoup d’électricité produite à partir de charbon. Il y a d’abord une 1ère chose qui est de passer souvent du charbon au gaz. Ce n’est pas une EnR mais, pour la lutte contre le changement climatique, c’est un point important qu’il faut souligner.

Ensuite, sur le renouvelable lui-même, il faut avoir une approche pragmatique et réaliste sur le plan économique. Nous avons un socle d’environ 10.000 MW de renouvelables dans notre mix dont les deux tiers sont de l’hydraulique (un peu plus de 6.000 MW). Ce que l’on veut, c’est progresser dans l’hydraulique, puisque ce sont beaucoup de mégawatts, on pourrait passer de 6.200 MW à plus de 8.000.

On est l’un des 1ers opérateurs en Allemagne, l’un des 1ers opérateurs dans l’hydraulique… On est un gros acteur dans l’éolien, comme vous le savez, éolien onshore mais on est aussi le leader européen de l’éolien offshore. Ce sont là aussi des milliers de mégawatts que l’on peut décliner, avec une avancée dans la maturité des technologies qui permet d’arriver à la fois à une production importante et à un coût pour la collectivité qui soit acceptable.

Après l’hydraulique et l’éolien, on souhaite vraiment développer le solaire. On est déjà un acteur important dans le photovoltaïque. On s’est engagé lourdement dans le CSP, dit thermique à concentration, avec une centaine de MW en projet dans le sud de l’Espagne avec un partenaire qui s’appelle Abengoa.

On pense que c’est en séquençant bien les énergies et l’effort des acteurs industriels et des pouvoirs publics que l’on arrivera à ces objectifs qui sont une demande très forte de notre société et auxquels il faudra d’une façon ou d’une autre parvenir.

Est-ce que vous croyez à une rupture technologique en R&D d’ici 2050 ? Au niveau du stockage d’énergie, du nucléaire ?

Je crois qu’il y aura des ruptures technologiques, j’espère qu’il y en aura plusieurs. Il faut qu’il y en ait un certain nombre, une « grappe ». Je crois que Schumpeter parlait de « grappe d’innovations » qui permette d’enclencher des cycles. On est, j’ai l’impression, au début de cette phase-là.

Ce qu’il faut, c’est choisir des technologies dites décisives qui permettent d’accélérer les choses. Et pour les acteurs industriels, l’obligation que nous avons, c’est de nous concentrer sur un paquet de technologies dites décisives en partant de nos atouts.

Donc, nous on se concentre, par exemple, sur les technologies qui vont permettre d’améliorer le thermique, d’améliorer les rendements de nos centrales thermiques, comme le captage, transport, stockage de CO2 – qu’il ne faut pas oublier au passage – ainsi que le stockage de l’énergie qui est absolument majeur puisque les énergies renouvelables sont intermittentes.

Solaire et éolien sont des productions dites fatales donc il faut trouver les moyens de stocker cette énergie en partant du plus simple qui est l’hydroélectricité avec des stations de pompage. D’ailleurs nous avons décidé il y a quelques semaines de doubler la capacité de notre principale station de pompage en Allemagne. Je pense qu’en France l’ouverture de certaines concessions à la concurrence devrait être l’occasion de remettre sur la table ces projets.

Et je pense qu’il faut regarder toutes les technologies de stockage, on parle souvent des piles, mais il y a aussi l’hydrogène qui ne doit pas être l’oublié de cette R&D, de cet effort de R&D qui doit être un effort combiné entre pouvoirs publics et industriels.

…Et peut-être l’occasion d’une coopération franco-allemande renforcée puisque vous avez souligné le nucléaire. Nous sommes en France très engagés dans une coopération avec le CEA pour encourager cette recherche en France. Et c’est un titre de fierté, je pense, de ce pays puisque on est leader sur ce marché en Europe. Et on pourrait imaginer une sorte de partage des rôles, puisque cet effort de R&D est important, entre la France et l’Allemagne selon les technologies et les énergies. Voilà une proposition que je livre à votre débat !

            

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edc10

On n’a pas besoin de vous.

Etiennedorves

@edc10 C’est marrant, quand EDF et consort (GDF Suez, Total) s’implante à l’étranger, on crie victoire, on est les champions du monde… Mais quand, il s’agit de faire entrer un peu de concurrence sur notre sol gaulois, alors là, pas question, barricades nous voilà..  Le conservatisme français…

edc10

Vous déformez mes propos. C’est l’idéologie européenne libérale que je refuse, celle véhiculée par les allemands. Celle de la concurrence plutôt que de la coopération. Ca se voit que vous ne les cotoyez pas tous les jours, les “deutschland über alles”. Quand à GDF et Total, je les méprise tout autant alors qu’ils engraissent leurs actionnaires plutôt que l’intérêt général.

Sicetaisimple

Là vous êtes au top, edc10! Boutons les teutons hors de France! Comme disait ma grand-mère ( paix à son âme)dans les années 70, “on ne dirait pas que nous avons gagné la guerre”…Enfin bon..comme elle disait aussi, ‘il vaut mieux entendre ça que d’être sourd” ou à transposé à l’ère d’internet, lire ça que d’être aveugle…. C’est sidérant…du sous-Khadafi, c’est un peu l’image qui me vient en tête ce soir… Pour être plus sérieux, si vous n’avez pas compris que l’électricité en europe ( c’est ce dont parle le Mr d’Eon) est européenne, vous avez loupé quelque chose.

edc10

Marius: vous faites probablement parti de ces aveugles qui depuis 30 ans n’y voit plus rien et on capitulé devant Bruxelles. Ca fait des lustres que je dis que la fillière française sera prête dans quelques années, mais qu’on s’est fait bouffé politiquement par nos voisins qui ont tout ficelé pour qu’on soit désormais obligé de vider leurs stocks de PV. C’est tout: c’est de l’arnaque très bien montée. Que les allemands aillent exporter ailleurs leurs PV, et puis c’est tout. sicetaitsimple: le Canada s’en sort bien à côté des E-U. Tout commer l’amérique, L’Europe est avant tout un continent, et on n’est pas obligé d’en faire un E-U bis. Les interconnexions réseaux sont là depuis longtemps, rassurez-vous, je connais le domaine. Mais libre à chaque pays de faire ce qu’il veut, notamment lorsqu’il s’agit de l’argent de ses contribuables.

Rice

Ce post ne concerne pas cet article… .. mais, comme j’ai été censuré dans les commentaires sur l’article “Canadian solaire débarque en France” du 03/03/2011, je voulais un droit de réponse, alors… juste une petite précision pour le “modérateur” : Ce n’est pas parce que je vous ai accusé de faire de la publicité déguisée pour Canadian Solar (fabricant chinois que vous présentez comme un fabricant canadien… bonjour la mauvais foi) que vous devez censurer mon post et fermer la discussion publique. Auriez-vous quelque chose à vous reprocher ? Au mieux vous êtes incompétent (au sens étymologique -qui n’a pas la compétence de faire quelque chose-), donc rien de personnel la dedans, au pire cela confirme mes soupçons…

enerZ

Le post en question n’est pas fermé. Il suffit de vous inscrire et vous pourrez poursuivre la conversation. Après quelques recherches rapides, Canadian Solar a bien son siège au Canada, alors que sa production se situe en Chine… Si vous avez + des précisions sur la composition du capital ?  Chinois à combien de % ? Le modérateur

Sicetaitsimple

“”Ca fait des lustres que je dis que la fillière française sera prête dans quelques années”. Pour ceux qui connaissent un peu le francais, votre phrase ne manque pas de sel!

edc10

Un peu d’humour ne fait pas mal. Vu que je ne vous convaincrai jamais des déviances d’un système qui va nous écrasez si on ne résiste pas, malgré tous mes efforts de lucidité, voir parfois mes énervenements devant votre persévérance à l’aveuglement,  ma foi ça me fait plaisir de voir que vous appréciez mon style… c’est déjà ça. Au passage, y’en a des biens là (). Un jour peut-être trouverons nous d’autres terrains d’entente.

Sicetaitsimple

Vos messages seraient bien plus sympathiques s’il ne reprenaient pas le terme d’aveuglement ( pour Marius) et de “persévérance dans l’aveuglement” (pour moi)… Que vous soyez persuadé de détenir la vérité est une chose dont vous êtes le seul juge, ça ne vous autorise pas à traiter les autres d’aveugles sans le moindre début d’argumentation. Autrement, merci pour le lien sur la norme “pifométrie”, c’est effectivement très drôle.

edc10

Je dis juste que La France n’en n’a pas encore besoin (que c’est pour l’instant une hérésie de mettre cet argent là-dedans plutôt que dans la recherche et l’amélioration énergétique des batiments). Si les allemands ont fait ce choix, c’est qu’ils sont très dépendant du charbon. Qu’ils exportent leur PV ailleurs, je n’ai rien contre les allemands. Leur marketing et leur lobbies sont d’une redoutable efficacité, surtout à Bruxelles. Ca n’est pas l'”étranger” qu’on dénonce, mais un système monté de toute pièce contre nos intérêts. Mais aux rares français encore debouts, on ne la fait pas. Dans 10 ans, on achètera peut-être des panneaux PV allemands, mais au rythme de la R&D (il y a de bons résultats, même du côté français …), la donne peut changer. Faire MAINTENANT du PV connecté réseau, pour l’intérêt des français, c’est absurde (économiquement et même écologiquement). C’est pas qu’on n’a pas voulu faire cet effort, c’est juste que les règles ont changé sans qu’on l’ait prévu (et donc voulu. Rappelez vous, le bafouement du 55% “non à cette Europe là” ). Et vous verrez que les mêmes problèmes vont se jouer dans l’agriculture avec la PAC. Mais c’est un autre sujet … la France se fait spollier et personne ne dit rien … … Contrairement à vous, que les allemands ne fassent pas de cadeaux m’écoeure, et vivement qu’on sorte de l’euro pour arrêter de se faire humilier.

Sicetaitsimple

De mon point de vue, vous mélangez tout, et pour reprendre dans l’ordre: – d’abord, je pense qu’effectivement il faut bien regarder le marché automobile, que le marché de la prduction d’electricité peut en tirer quelques leçons. Eon, en France, est un producteur francais, comme EDF est anglais en Angleterre ou italien en Italie..La production d’électricité, ça ne se délocalise pas ou vraiment à la marge.Autrement dit, on peut discuter de l’opportunité d’une ferme PV au sol, mais qu’elle soit réalisée par Eon france ou EDF En m’est à vrai dire un peu indifférent. – Personne, absolument personne en europe n’a besoin aujourd’hui de PV, ni d’éolien d’ailleurs. C’est toute la difficulté d’une transition. Le système tel qu’il est (les centrales actuelles),que ce soit en france ou en allemagne, permet de faire face, le PV ou l’éolien viennent peu à peu se superposer, c’est au bout d’une dizaine d’années ou plus que cette surimposition provoque une vraie transition, au moment du renouvellement des vieilles centrales centralisées qui vont être soit non renouvelées, soit différentes de celles qu’elles vont remplacer.Comme le dit Marius, dans 10 ou 15 ans, le PV sera très certainement une option parmi d’autres, sans subventions. Ou je suis d’accord avec vous, c’est que ce n’est certainement pas en France qu’il faut faire le plus d’efforts financiers(CSPE) pour installer en masse des panneaux chinois voire allemand compte tenu de notre situation enviable en termes d’émissions de CO2. -Quant à la PAC et les francais qui se font spollier, je ne suis pas un spécialiste et ce n’est effectivement pas vraiment le sujet, mais j’avais l’impression que la France ne s’en sortait pas si mal..En attendant, les 15000MW+ de PV installés fin 2010 en allemagne, ce sont bien les allemands qui payent.

dede29

Merci pour le site sur la normalisation ,dans laquelle j’ai “un peu ” travaillé; j’ai bien apprécié !

Rice

CANADIA SOLAR INC, créé en Ontario (Canada) en Octobre 2001 est détenue par : – Shawn Xiaohua Qu (domiciliation non communiquée) : 30 %, – administrateurs et dirigeants du groupe (domiciliés à Suzhou, Jiangsu, CHINE : 31,9 %, – autres actionnaires (liste et domiciliation non communiquées) : 39,10 %. Le groupe est constitué de : – CSI Solartronics (novembre 2001), Changshu, CHINE : ventes de modules solaires. – CSI Technologies (août 2003) Changshu, CHINE: développement des modules. – CSI (janvier 2005), Suzhou, en CHINE: fabrication de modules solaires standard. – CSI New Energy Solar (décembre 2005) CHINE, : batteries au plomb-acide. – CSI Luoyang, (février 2006), Luoyang, CHINE: lingots solaire et wafers solaires. – CSI cellules (juin 2006) Suzhou, CHINE: cellules solaires. – CSI avancée (août 2006) Changshu, CHINE: modules solaires. – Canadian Solar (JUIN 2007) Delaware, USA : marketing et ventes aux États-Unis. – Canadian Solar Solutions Inc (juin 2009) Ontario, CANADA : marketing et ventes au Canada. – Canadian Solar Japan (juin 2009) JAPON : marketing et ventes au Japon. – CSI Solar Power (juillet 2009) Suzhou, CHINE: holding en Chine. – Canadian Solar Deutschland (aôut 2009) ALLEMAGNE : marketing et ventes en Europe. – Canadian Solar Solutions Inc (novembre 2009) Ontario, CANADA : développement de projets au Canada. – Canadian Solar Ontario Inc (juin 2010) Ontario, CANADA : fabrication. Modules : capacité de production : 1,3 GW (usines à Suzhou, Changshu et Luoyang en Chine. Début 2011, l’usine de modules d’Ontario au Canada devrait porter la capacité globale à 1,5 GW. Lingots, wafers : capacité de production : environ 300 MW de lingots et 150 MW de wafers en cours d’augmentation à 350 MW d’ici Juin 2011. CSI envisage d’utiliser la quasi-totalité des tranches de silicium qu’ils fabriquent pour leurs propres usine de cellules solaires et d’utiliser la totalité des cellules solaires fabriquées leurs propres modules. Voila donc bien un bon groupe chinois, non ?

Rice

Shawn (Xiaohua) Qu, a fondé CSI après avoir travaillé chez Automation Tooling Systems Inc. (ATS) au Canada de 1998 à 2001, où il exerçait diverses fonctions dans des filiales ATS du secteur de l’énergie solaire chez MATRIX et… PHOTOWATT INTERNATIONAL SA…. Il y a exercé comme chercheur scientifique, directeur des achats de silicium, directeur des produits solaires, planification stratégique et développement des affaires et technique et Vice-Président (Asie Pacifique) de PHOTOWATT INTERNATIONAL SA. Ironie de l’histoire à un moment où PHOTOWATT ne va pas trop bien… et que CSI s’implante en France.