Le scandale de l’Uranium en territoire Navajo

Le comité sur la supervision et la réforme de l’administration a tenu une audition le 23 octobre sur la gestion par l’administration fédérale des conséquences des opérations d’extraction et de traitement du minerai d’uranium qui se sont déroulées sur le territoire Navajo de 1944 à 1986.

Afin d’alimenter ses besoins en uranium pendant les années de guerre froide, le gouvernement américain a loué des terrains riches en uranium situés sur les terres Navajo à des compagnies privées. Suite à une baisse du cours de l’uranium, ces activités diminuèrent petit à petit pour totalement s’arrêter dans les années 80. Les mines et les installations de traitement du minerai furent alors laissées à l’abandon sans que des dispositions particulières ne soient prises pour gérer les déchets. On recense aujourd’hui plus de 600 mines et 4 sites de traitements du minerai à l’intérieur ou à moins de 2km du territoire Navajo.

Sur les sites de traitements, les résidus du minerai ont été depuis recouverts d’argile et de roches, sans qu’aucun revêtement ne protège les nappes phréatiques situées en dessous. Les eaux souterraines sont aujourd’hui contaminées. En ce qui concerne les mines et les tas de déchets associés, beaucoup de puits ont été scellés mais une seule mine a fait l’objet d’une évaluation sanitaire et environnementale suffisamment poussée pour être en accord avec les normes du programme Superfund de l’Environmental Protection Agency (programme de gestion et de réhabilitation des sites pollués dangereux).

L’exposition aux résidus de l’exploitation de l’uranium est dangereuse comme l’a expliqué lors de l’audition le Dr Brugge un professeur de Tufts University School of Medicine : le minerai d’uranium ramené à la surface contient divers éléments toxiques tel l’arsenic (à l’origine de cancers du poumon et de la peau et également neurotoxique), les produits de la désintégration de l’uranium, principalement le thorium et le radium qui sont tous les deux radioactifs (à l’origine de cancers des os et des sinus, ainsi que de leucémies). La désintégration radioactive du radium produit également le radon, un gaz radioactif pouvant causer un cancer du poumon. L’uranium en lui-même peut provoquer des dommages aux reins et des anomalies congénitales.

Le Department of Energy, dont un représentant témoignait devant le comité, a dépensé 137 millions de dollars pour nettoyer le sol des sites de traitements de minerais. Il dépense actuellement 3,26 millions de dollars par an pour nettoyer et protéger les eaux souterraines passant sous ces sites. L’U.S. EPA est également active dans la région et vient de finir, en 2007, une évaluation de l’étendue des contaminations dans la région. Cette étude est actuellement dans les mains de l’Environmental Protection Agency de la nation Navajo, afin qu’elle puisse déterminer, en prenant en compte les facteurs culturels, quels sont les sites prioritaires à traiter. L’EPA a également nettoyé un ensemble de 6 mines au début des années 1990 et plus récemment (cet été), a enlevé près de 5000 m3 de sols contaminés par le radium. Cependant ces actions sont, de l’avis des Représentants présents à l’audition et des membres de la nation Navajo qui témoignaient, tardifs et très insuffisants, et elles ne supportent pas la comparaison avec les actions entreprises par l’administration dans des cas similaires touchant des communautés non Navajo.

Le récit de leurs conditions de vie par les membres de la nation Navajo qui témoignaient devant le comité : maisons construites à partir de matériaux radioactifs, niveaux de radiation gamma et d’uranium jusqu’à 30 fois supérieurs aux normes dans certaines propriétés privées, enfants qui jouent au milieu des résidus, bétail qui pâture sur les sites des mines car ceux-ci sont mal isolés,… tranchent en effet avec les règles environnementales en vigueur dans le reste du pays. Les représentants Navajo ont appelé à une action immédiate et à un investissement d’au moins 500 millions de dollars pour nettoyer le territoire Navajo. Ils demandent également un moratoire sur toute nouvelle activité d’extraction de l’uranium jusqu’à ce que le territoire Navajo ait été nettoyé et les victimes de cette contamination indemnisées. Enfin une étude sanitaire complète sur l’exposition de la nation Navajo à l’uranium et ses effets serait souhaitable.

Plusieurs Représentants, dont le président du comité, Henry Waxman (Californie), se sont déclarés honteux de l’inaction de l’administration. Les représentants des diverses agences officielles impliquées : l’EPA, le DoE, l’U.S. Nuclear Regulatory Commission, l’Indian Health Service et le Bureau of Indian Affairs devront se concerter pour coordonner leurs actions et sont re-convoqués pour une réunion avec le président du comité le 12 décembre.

 
BE Etats-Unis numéro 97 (29/10/2007) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/51594.htm

         

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Claude

puisque l’énergie nucléaire ne produit pas de gaz à effet de serre , n’est ce pas l’essentiel ?