L’Energie dans l’Union Européenne : Rien ne va plus !

La faute aux diversités des besoins entre pays matures à forts besoins d’énergie et pays en développement aux besoins plus faibles et aux équipements parfois obsolète et uniques. Rajoutez la dessus la grande variété des sensibilités environnementales d’un pays à l’autre, celle des équipements de production d’électricité et celle des réseaux de distribution et vous comprendrez que le problème ne va pas être facile à résoudre. Il serait logique que l’on puisse traiter un problème aussi important sur un plan industriel vraiment européen, mais la variété des opinions sur le sujet et leur irréconciabilité entre partisans de telle ou telle approche l’empêchera très certainement.

A ce sujet la différence des approches entre la France et l’Allemagne en est caricaturale. D’un coté , la France, le pays au monde le plus engagé dans l’électricité nucléaire avec une présence des sujets environnementaux dans l’opinion relativement faible, avec une absence de concurrence étonnante entre les intervenants et un parc de centrales malheureusement vieillissant et risquant d’arriver quasiment en même temps en fin de vie et avec un développement des énergies renouvelables peu avancé.

De l’autre coté, l’Allemagne, un pays dans lequel la sensibilité environnementale est très forte au point que ce pays a décidé de sortir totalement du nucléaire et a commencé d’ores et déjà une transition qui s’avère difficile. Elle dispose d’implantations d’éoliennes et de panneaux photovoltaïque de forte capacité, mais qui sont situées à l’opposé géographique des besoins, malheureusement. Elle est confrontée au problème de l’intermittence de cette forme d’énergie qui implique de doubler ces installations par des installations de production traditionnelles. Enfin elle constate comme ailleurs de grandes différences entre les coûts de production d’électricité à partir des différentes énergies primaires, différences en plus faussées par l’importance des subventions attribuées au fil des ans qui font que leur prix d’accès peut être l’inverse des coûts de production réels !

L’Union européenne est globalement mal pourvu en gisements d’énergie primaire et est donc fortement dépendante de sources d’approvisionnement extérieures à son territoire. C’est le cas pour le pétrole mais encore plus pour le gaz pour lequel elle est fortement dépendante de la Russie.

En dehors du couple franco-allemand, la Grande Bretagne a fait le choix pragmatique du nucléaire tout en investissement lourdement dans les énergies renouvelables. L’Espagne est lourdement investi en renouvelables mais commence à se rendre compte du coût insupportable des subventions qui leur ont été accordé. L’Italie devait revenir sur l’arrêt du nucléaire avant que Fukushima ne l’en dissuade et s’est impliqué fortement dans l’approvisionnement du pays par gazoduc en gaz en provenance des méga-gisements de la mer Caspienne.

Je vous ai fait un tableau aussi simplifié que possible de la situation générale de l’approvisionnement en énergie de l’Union Européenne telle qu’elle se présentait il y a encore six mois ou un an, et après Fukushima.

Or les manières de voir, déjà très diverses commencent à changer sous l’influence de différents facteurs.

L'Energie dans l'Union Européenne : Rien ne va plus !

Tout d’abord l’industrie pétrolière commence à trouver des limites à sa capacité à retrouver toujours des gisements pour remplacer ceux qui s’épuisent.Les courbes ci contre de l’évolution de la production de trois majors américaines montrent qu’elles n’arrivent pas à compenser seulement la perte de production "naturelle" liée à l’épuisement des gisements existants. Alors, de là à l’augmenter, il y a un pas que les actionnaires rechignent à franchir.

Ils ont constaté le coût astronomique de la recherche et de la mise en exploitation des gisements nouveaux qui existent certes mais dans des lieux ou des conditions climatiques telles que les délais et les coûts de mise en exploitation sont devenus exorbitants et sont systématiquement en large dépassement. Ils renâclent donc maintenant à de nouveaux investissements dont la rentabilité devient incertaine.Or à 44 milliards de dollars de dépenses d’exploration/production chez Shell en 2013, 42,5 chez ExxonMobil ou 41,9 Chez Chevron, on aurait pu espérer que cela se traduise par une amélioration significative des résultats alors qu’on ne fait finalement que boucher les trous.Et comme les réserves sont un élément très important de la valorisation des sociétés pétrolières, ça signifie que cette valorisation ne peut guère progresser.

Et donc les actionnaires qui eux ont le choix de porter leur argent sur les secteurs industriel qui leur parait le plus porteur d’avenir se posent la question de savoir s’il n’existeraient pas sur la planète d’autres sources d’investissements qui seraient plus profitable et moins risqué que dans des projets pétroliers aussi complexes et pour lesquels les risques d’échec ou de retour limité sur investissements commencent à les rendre déraisonnables.

Le cas le plus caricatural d’un investissement pétrolier extrêmement lourd et sans retour convaincant est celui du gisement de Kashagan en mer Caspienne, censé coûter 10 milliards de dollars au départ et qui en a coûté finalement 48, a pris 8 ans de retard par rapport à la date initiale de démarrage prévue et est déjà arrêté pour cause de fissures des gazoducs liés à la forte concentration en H2S du gaz extrait. Si on avait placé le même montant d’investissement, dans l’informatique ou le luxe n’aurait on pas eu un retour meilleur sur cet investissement se disent les investisseurs ?

Et donc on constate une attitude nouvelle ses actionnaires visant à freiner les ardeurs des pétroliers à se lancer dans de nouveaux projets tout aussi risqués en très grande profondeur ou dans l’Arctique ?

Bien sur si les pétroliers diminuaient leurs investissements, cela se traduirait à terme par des tensions sur le marché du brut ou des produits pétroliers et une hausse de leur prix ce qui redonnerait un retour accru sur investissement mais dans 20 ans ? 30 ans ?

Bref le beau temps d’investissement pétroliers sans fin pour augmenter continument la production est sans doute terminé et l’accroissement de la valorisation des sociétés pétrolières également,ou du moins sera repoussé dans le temps.

Incidemment, ce scénario correspond parfaitement à une déclaration que Mr De Margerie, le PDG de Total, avait faite dans les années 2008/2009, à l’époque du Peak oil et qui avait beaucoup surpris. Face à des prévisions de l’AEIA, l’agence internationale de l’Energie, qui voyait la production mondiale dépasser les 100 millions de barils/jours, il avait affirmé que l’on ne pourrait jamais dépasser cette limite, et que l’on resterait sans doute assez longtemps en plateau sur cette valeur avant que la production mondiale ne décline un jour. Et que donc les besoins en énergie primaire du monde au delà de ces 100 millions de barils/jour devraient être fournis par d’autres énergies que pétrole et gaz

Il avait sans doute raison … A suivre…

[ Archive ] – Cet article a été écrit par CaDerange

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