Les données de la station ESTOC collectées par PLOCAN confirment l’augmentation soutenue de la température de la mer dans les îles Canaries. Les informations ont été extraites après l’achèvement réussi de la maintenance de cet observatoire marin pour la surveillance des variations climatologiques. L’opération de maintenance et les données historiques renforcent le rôle stratégique de la station dans la surveillance du réchauffement des eaux océaniques dans l’Atlantique Nord.
Telde (Grande Canarie), 5 mai 2025 – La Plate-forme océanique des Canaries (PLOCAN) a achevé une nouvelle campagne de maintenance et de rénovation de la station océanique EMSO-Canarias, également connue sous le nom d’ESTOC (Estación de Series Temporales Oceánicas de Canarias), située à 112 km au nord de l’archipel et à une profondeur de 3 610 mètres. Cette infrastructure, exploitée par PLOCAN, qui fait partie des réseaux européens EMSO-ERIC et ICOS, est essentielle pour la surveillance à long terme des paramètres météorologiques et océanographiques dans l’Atlantique Nord.
Une équipe de chercheurs et de techniciens de PLOCAN, à bord du navire océanographique Pelagia (des Pays-Bas), a récupéré l’observatoire pour y installer de nouveaux capteurs qui assureront la continuité des observations sur la variabilité océanographique dans ce point stratégique.

La station utilise des technologies avancées dans sa structure fixe (amarrage en profondeur et bouée de surface) pour collecter des données essentielles sur la température, la salinité, l’oxygène dissous, le pH, la pCO2 (pression partielle du dioxyde de carbone), les courants et les pigments.
Parmi les données les plus pertinentes obtenues par ESTOC figurent les observations de la température de surface de la mer (SST). Ce type de mesures in situ est essentiel pour valider les données obtenues par les satellites météorologiques. Cela garantit la fiabilité des résultats globaux de la TSM, qui sont essentiels à la modélisation du climat, à la prévision des phénomènes extrêmes et à la gestion des ressources marines.

Augmentation de la température de la mer
L’analyse comparative des températures de surface de la mer entre la moyenne de l’Atlantique Nord – entre l’équateur et le Groenland et de la côte est à la côte ouest – et les données spécifiques recueillies par l’ESTOC pour la période allant de février 2024 à mars 2025, a révélé des tendances significatives pour l’année dernière et le premier trimestre de cette année.
La station ESTOC enregistre des données depuis 1994, avec des températures moyennes de 18,5 degrés. Au cours des premiers mois de 2024, les mois les plus froids de la saison, des températures supérieures à la normale ont été enregistrées, atteignant 20 degrés Celsius. Au cours de la même période de 2025, la température moyenne a été de 19,7 degrés, ce qui est toujours supérieur à la normale. Ainsi, les dernières données confirment l’augmentation soutenue de la température de la mer dans les îles Canaries.
« Les relevés des premiers mois de l’année 2025 montrent des températures légèrement inférieures à celles observées en 2024, mais toujours supérieures à la normale. Les données reflètent également une anomalie froide marquée au cours du mois de juillet 2024, lorsque la température a chuté de manière significative », a expliqué Andrés Cianca, technologue chez PLOCAN, qui a souligné que « la station ESTOC reflète une plus grande variabilité quotidienne et est plus influencée par les phénomènes locaux et de mésoéchelle que la série moyenne de l’Atlantique Nord. Ces phénomènes génèrent de la variabilité en raison du mélange d’eaux plus profondes, c’est-à-dire plus froides. Cependant, elle s’est rétablie plus tard, après la fin de l’événement, revenant à des valeurs anormalement élevées vers la fin de l’année ».

Il a ajouté que « ces anomalies thermiques s’inscrivent dans un contexte de réchauffement des eaux océaniques déjà documenté pour la région des Canaries, reflétant un schéma progressif qui s’est manifesté au cours des dernières décennies. Cette tendance est cohérente avec les projections climatiques pour les îles Canaries, qui prévoient une augmentation significative des températures, qui pourraient atteindre jusqu’à 4,2°C d’ici la fin du siècle dans le scénario le plus défavorable, selon le rapport Clivar »
Le technologue de PLOCAN a souligné que ces anomalies de température hivernale ont un impact sur les échanges d’oxygène et de nutriments dans l’océan, qui sont réduits, ce qui peut affecter la croissance du phytoplancton et les cycles biologiques marins et, à son tour, peut avoir des conséquences potentielles sur l’écosystème marin.
La situation stratégique de l’ESTOC, dans la région d’influence du courant froid des Canaries, fait de ces enregistrements des indicateurs particulièrement pertinents des changements de la circulation océanique.
Les images correspondent aux travaux de maintenance de l’ESTOC effectués récemment. Crédit PLOCAN