Les énergies marines : une opportunité industrielle

La France dispose de nombreux atouts pour bâtir une filière « énergies marines » et s’imposer comme un leader industriel au niveau international dans ce domaine, estime Alcimed, une société de conseil et d’aide à la décision.

Ce début d’année a mis en avant une nouvelle filière dans le domaine des énergies renouvelables : les énergies marines. Le Président de la République a annoncé l’installation d’éoliennes offshore sur 5 sites en Bretagne et en Normandie, et l’appel d’offre pour leur construction sera lancé en mai 2011.

De grands industriels se positionnent déjà, tel DCNS qui a annoncé être prêt à investir des dizaines voire des centaines de millions d’euros dans les énergies marines, avant d’acquérir 8% de la société irlandaise OpenHydro pour 14 millions d’euros. Ces annonces révèlent la hauteur de l’enjeu économique.

Comme le précise la sénatrice Gisèle Gautier dans son rapport sur les énergies marines remis au Premier ministre en janvier, cette filière représente un vivier d’emploi, et tout particulièrement dans des régions à redynamiser. Mais en dépit de cet enthousiasme, il est légitime de se demander si la France possède un réel potentiel industriel dans ce domaine et si elle saura en tirer profit.

Faire mieux que la filière de l’éolien terrestre pour laquelle les retombées économiques ont été limitées

Le doute est autorisé. La France, qui avait pourtant lancé tôt des initiatives dans l’éolien terrestre et le solaire, n’a pas réussi à structurer ses filières contrairement à d’autres pays européens. Alors que l’éolien emploie 100 000 personnes en Allemagne, elle est à l’origine de 40 000 emplois au Danemark contre 10 000 en France.

Le retard de la France dans l’éolien terrestre risque de peser sur le développement de l’énergie éolienne offshore, freiné par un manque d’investissement jusqu’à aujourd’hui. Alors que le Royaume-Uni possède d’ores et déjà une capacité installée de 1 200 MW au large des côtes britanniques, l’hexagone part de zéro. « La France sait investir tôt, développe une expertise poussée en amont, mais peine à structurer une filière industrielle, limitant dès lors les retombées économiques sur son territoire. Le défi est de sortir de ce schéma » commente Xavier Pinardon, responsable de mission au sein de l’activité Innovation et Politiques Publiques d’Alcimed.

Les autres énergies marines – marémotrice, thermique des mers, hydrolienne, gradients de salinité – ont le potentiel d’être fortement exploitées

Les énergies marines ne se résument pas à l’éolien offshore et la France possède de réels atouts là où tout reste à faire. Dans le domaine de l’énergie marémotrice, la France se positionne comme leader mondial avec l’usine de la Rance qui, avec une puissance de 240 MW, produit 550 GWh annuellement, soit 90 % de la production mondiale.

Du fait des étendues marines françaises, et notamment en milieu tropical, la France possède incontestablement un potentiel élevé dans l’énergie thermique des mers dont le potentiel mondial est estimé à 10 000 TWh. La France dispose également du deuxième potentiel d’exploitation de l’énergie hydrolienne en Europe avec un potentiel techniquement exploitable compris entre 2,5 et 3,5 GW de puissance installée. Reste l’énergie des gradients de salinité qui n’est que très peu développée à ce jour, mais qui représente un potentiel estimé à 1 600 TWh dans le monde.

Les atouts majeurs de la France : ses centres de recherche et de formation, ses industriels et ses pôles de compétitivité
La connaissance des milieux marins acquise par les centres de recherche et les industriels français complète les atouts historiques et territoriaux de la France. L’IFREMER, acteur incontournable à renommée internationale, incarne l’excellence française dans les sciences de la mer. Le savoir-faire français dans le domaine maritime et énergétique est consolidé par l’existence de grands groupes tels DCNS, STX, ALSTOM ou EDF. Les réseaux industriels, et en particulier les pôles de compétitivité Mer Bretagne et Mer PACA, constituent des bases réelles pour coordonner la mise en place de démonstrateurs associant l’ensemble des acteurs de la filière. Enfin, les centres de formation, même s’ils requièrent la mise en place de programmes adaptés, ont le potentiel adéquat pour former le capital humain indispensable au développement pérenne des énergies marines renouvelables.

Le rôle déterminant des pouvoirs publics dans la structuration d’une filière des énergies marines, condition sine qua non à leur exploitation économique

Le degré d’engagement des pouvoirs publics sera crucial. L’Etat détient de nombreux leviers pour soutenir la structuration de la filière autour de grands industriels et d’un réseau de PME : lancement d’appels d’offres ciblés, revalorisation du tarif de rachat, clarification de la réglementation régulant la gestion de l’espace maritime ou encore choix dans les dossiers de Grand emprunt (IEED, démonstrateurs, Equipex, etc.).

Les collectivités territoriales ont également un rôle à jouer, tout particulièrement dans les coordinations entre les acteurs de la filière et leur concentration géographique, les subventions aux programmes de recherche, l’orientation des programmes de formation, l’identification de sites propices à leur déploiement et leur acceptabilité sociétale.

« La structuration de la filière des énergies marines ne se fera pas sans le soutien des pouvoirs publics et il est indispensable que les acteurs publics à tous les niveaux de gouvernance s’impliquent afin que la France puisse s’imposer comme un leader industriel au niveau international », explique Xavier Pinardon.

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Guydegif(91)

Disposer d’un POTENTIEL… avoir été LEADER (UMMrance)…ne signifient PAS être AUTOMATIQUEMENT en mesure de développer ces ressources et ce savoir-faire ! Pour le faire il faut une vraie VOLONTé politique et industrielle !!! et des actes concrets et déterminés ! ASAP ! Pas juste une petite envie du bout des lèvres…un ”tient on pourrait …peut-être…si le coeur nous en dit”….. A+ Salutations Guydegif(91)

Rice

D’accord avec GuyDeGyf, après l’éolien dans les années 60 et la thermodynamique en 1970, nous étions également leader en énergie thermique des mers dans les années…. 1930 ! – Jules Verne, écrivain dans 20.000 lieues sous les mers)en 1869, – Asène d’Arsonval, physicien, en 1880, – Georges Claude, ingénieur fondateur de l’Air Liquide en 1920. Cette technologie (coûteuse au rendement faible) que nous avons abandonnée, a été reprise par les américains et les japonais après le choc pétrolier de 1973… mais pas les français ; probablement attendons nous là-aussi que d’autres les industrialisent pour les acheter ensuite…. Encore une occasion de ratée ? Merci le Gang des Grille-Pains !

Aec

LUTTE CONTRE L’HIPPOPHAGIE   NON ! UN CHEVAL CA NE SE MANGE PAS !   Obtenez un autocollant gratuit en écrivant à : AEC Résidence La Pléiade 98, rue de Canteleu 59000 LILLE   Joindre une enveloppe timbrée pour le retour du courrier.   Merci aussi de visiter les sites :         Rejoignez la groupe sur :      Faites passer le message à vos amis.   Amitiés.   AEC.

Fleurent

L’énergie thermique des mers est une solution interessante malheureuseùent pas du tout adoptée à nos climats. Les échanges d’energie dans les oceans sont considerables la France n’a pas tout raté comme le disent les insatisfaits elle a (merci à Gibrat le recurseur) la Rance . Mais les energies exploitables des marées sont peu par rapport aux autres notament celles de la Houle.Mais a quand le developpement destechnologies permettant deprendre une partie de l’énergie des courants permanents energie qui a un avantage essentiel elle n’est pas intermittente. Au liue de faire payer par dessubvention l’importation de materiel photovoltaique on ferait mieux de conscrer ces sommes au developpement des energies marines bravo a la société qui a le courage d’investir dans ce domaine

fredo

sur la forme, le consultant brosse dans le sens du poil et surfe sur les éléments de langage actuel, donc on n’apprend pas grand chose. Au passage réclamer une revalorisation du tarif de rachat c’est carrément gonflé (quid des appels d’offres?) sur le fond, rappelons que l’éolien offshore n’a pas d’objectif chiffré de puissance à installer dans la ppi 2009-2020, juste un objectif qualitatif de recherche et de réalisation de démonstrateurs. donc, vous faitguez pas, ça n’ira pas plus loin pour le marché français, c’est soi-disant pour faire de l’export, et revitaliser DCNS. en revanche, l’ETM pour les DOM TOM c’est du sérieux, quand on a de l’eau de surface à 27°C environ, toute l’année. La Polynésie attend son démonstrateur 10 MWc DCNS pour l’électricité de l’ïle de Tahiti. Là, même si le rendement est faible, c’est de l’électricité en production de base.