Les métiers verts : une source de croissance [1]

Les secteurs impactés par la croissance verte touchent près de 12 millions d’actifs, soit 1 actif sur 2 en France et pour les filières qui ont pu évaluer le maintien/création d’emplois dans leur secteur, 600 000 emplois est une fourchette basse à l’horizon 2020.

Selon la dernière édition (décembre 2009) de l’étude annuelle de l’ADEME sur les marchés et les emplois liés à l’amélioration de l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables, ce marché a dépassé la barre des 50 milliards d’euros en 2008 et devrait atteindre 57 milliards en 2009. La croissance est tirée par les énergies renouvelables (en particulier le photovoltaïque et les pompes à chaleur) et l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les transports.

Le nombre d’emplois directs estimés correspondant approche en 2008 les 260 000 équivalents temps plein (+27% depuis 2006, ce qui en fait un des secteurs qui résistent le mieux à la crise), concentrés en partie dans l’amélioration de l’efficacité énergétique du secteur résidentiel (110 000 emplois). Le secteur pourrait atteindre environ 300 000 emplois équivalents temps plein en 2009 soit une augmentation de 90 000 emplois depuis 2006.

Les métiers verts : une source importante de croissancePrésident du comité de la filière « Energies renouvelables » : Alain LIEBARD, enseignant depuis 1982 à l’Ecole d’Architecture de Paris la Villette dans les champs disciplinaires Architecture et Construction puis Sciences et techniques pour l’Architecture, est président d’Observ’ER.

Les énergies renouvelables constituent une des clés de la transition énergétique, en apportant une des réponses au défi climatique et de la sécurité d’approvisionnement.
Le Grenelle de l’environnement a introduit un changement d’échelle en programmant, en accord avec le Paquet « énergie – climat » de l’Union européenne, le doublement de la production d’énergies renouvelables d’ici 2020 alors qu’on est à peu près au même niveau depuis 1970.

Le marché des ENR pesait environ 16 milliards d’euros en 2008. L’éolien, le bois énergie et les pompes à chaleur représentaient les plus importants marchés de production. Les évolutions ne sont pas les mêmes selon les secteurs. Ainsi, c’est le photovoltaïque et, dans une moindre mesure, les pompes à chaleur qui, depuis 2008, portent le marché des ENR. La croissance du secteur de l’éolien entraîne une croissance des créations d’emplois conforme aux ratios de référence. De même, les énergies renouvelables croissent beaucoup plus rapidement que le marché de l’efficacité énergétique.

En 2008, 72 640 emplois ont été recensés comme liés directement au marché des énergies renouvelables, dont environ 46 000 pour la production de matériel et leur vente et 26 000 pour la vente d’énergies renouvelables. Ces résultats sont un peu inférieurs aux objectifs fixés par le Grenelle pour 2012.

Quatre types de métiers liés aux énergies renouvelables :

  • la fabrication et la distribution d’équipements producteurs d’énergies renouvelables,
  • l’installation, la maintenance et l’usage de ces équipements, notamment dans les bâtiments,
  • le conseil technique et les services non marchands, exercés notamment au sein des collectivités locales par exemple dans le cadre de l’élaboration d’un plan climat-énergie territorial
  • l’aide au financement des énergies renouvelables

Il ne faut pas attendre avec les énergies renouvelables de révolution en termes de création de nouveaux métiers, si ce n’est le métier de développeur de projet ou de contrôleurs / coordonnateur qualité. Pour le reste, les énergies renouvelables offriront davantage d’emplois sur des métiers traditionnels avec des nouvelles compétences.

Les compétences manquent dans certains domaines

C’est notamment le cas, pour ce qui concerne l’ingénierie, dans les grosses chaufferies bois et le biogaz. Dans les emplois liés aux bâtiments, une approche globale qui tient compte de l’ensemble des différents corps de métiers et des complémentarités nouvelles inhérentes aux énergies renouvelables et à la maîtrise de l’énergie est nécessaire ; peut-être un métier comme celui de contrôleur qualité finira-t-il par émerger. Une nouvelle filière de juristes et notamment d’avocats spécialisés dans le droit des énergies renouvelables pourrait avoir de l’avenir. De nouveaux sujets se posent également dans la recherche et des compétences sont à créer dans des filières émergentes ; c’est par exemple le cas dans le secteur des énergies marines.

Besoins en formation et organisation des parcours professionnels

Le dispositif de formation français paraît en retard dans le domaine car il existe peu de formation dédiée explicitement aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique ce qui oblige chaque secteur professionnel à prendre à sa charge les formations nécessaires. La politique de l’Éducation Nationale consiste plutôt à créer des mentions complémentaires s’ajoutant aux formations des métiers existants. Le comité propose de développer des formations mixtes combinant la formation scolaire et un stage de longue durée en entreprise (12 à 18 mois), avec de véritables maîtres ouvriers connaissant leur métier et sachant le transmettre.

Valorisation des métiers et des formations

Le Comité s’accorde sur la nécessité de développer la culture des énergies renouvelables auprès des métiers non spécialisés (ingénieurs et architectes notamment), au-delà de la formation des spécialistes. Les techniciens et ingénieurs qui interviennent sur les énergies renouvelables, et plus généralement sur les métiers de la croissance verte, pourraient trouver avantage à se faire reconnaître grâce à un signe ou un logo qui témoignerait de leur adhésion à une démarche collective.

Communiquer

Les métiers des énergies renouvelables sont comme très valorisants. Une identité culturelle professionnelle et sociétale est probablement en train de naître autour de la reconnaissance des valeurs du développement durable incarné dans les métiers de la croissance verte. Identité qu’il conviendrait sans doute d’accompagner par des communications ciblées empruntant par exemple au réseaux sociaux actuellement en pleine expansion sur le web. C’est autour de la dynamique « j’exerce un métier de la croissance verte » que pourrait se forger ce type d’identité.

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