La Commission européenne a estimé que le projet de la Finlande d’accorder à Fortum Power une aide à l’investissement de 8,1 millions d’euros en faveur de la construction d’une usine de production d’huile de pyrolyse à Joensuu, en Finlande, respectait les règles de l’UE en matière d’aides d’État.
L’huile de pyrolyse est un bioliquide qui peut être utilisé comme alternative moins polluante au fuel lourd.
« L’huile de pyrolyse constitue une excellente alternative au fuel lourd. Elle peut être utilisée dans des chaudières à mazout existantes moyennant des adaptations minimes, ce qui constitue un sérieux incitant, pour les producteurs de chaleur, à se tourner vers des combustibles plus propres. La mesure d’aide proposée contribue ainsi à la réalisation des objectifs de l’UE en matière de réduction des émissions de CO2 » a déclaré M. Joaquín Almunia, vice-président de la Commission chargé de la politique de concurrence.
En 2012, la Finlande a notifié son intention de soutenir financièrement la construction d’une unité de production d’huile de pyrolyse (bioliquide) dans une centrale combinée chaleur et électricité existante à Joensuu.
Cette installation sera construite par l’entreprise finlandaise Fortum Power and Heat Oy. L’huile de pyrolyse peut être utilisée dans les chaudières de chauffage comme alternative au fuel lourd et pourrait ainsi permettre de réduire les émissions annuelles de CO2 de 59.000 tonnes et les émissions de SO2 de 320 tonnes. La production repose sur un processus dit «de pyrolyse rapide», par lequel la biomasse est convertie en biohuile. L’unité sera intégrée dans une centrale combinée chaleur et électricité existante de Fortum Power et sera la première de ce type dans le monde. L’intégration améliorera l’efficacité globale du processus.
La Commission a évalué la mesure au regard des lignes directrices de l’UE concernant les aides d’État à la protection de l’environnement de 2008. L’investissement aura pour principal effet de faciliter le changement de combustible dans les chaudières à mazout existantes – le chauffage, jusqu’ici fondé sur les énergies fossiles, sera bien plus écologique, notamment en termes d’émissions de CO2, grâce à l’utilisation de l’huile de pyrolyse.
La centrale contribuera aussi à augmenter la sécurité de l’approvisionnement en énergie et à en diversifier les sources.
La Commission a dès lors conclu que les effets positifs de l’aide l’emportaient sur les distorsions de concurrence pouvant survenir du fait du soutien public.
L’article ne mentionne pas les intrants qui seront pyrolisés pour produire cette huile.
Progressivement, les médias (ainsi que beaucoup de gens) se sont persuadés que la combustion du carbone en provenance de la biomasse n’émettait pas de CO2, ou alors un CO2 pas dangereux pour l’effet de serre… C’est évidemment stupide. Le CO2 émis par la combustion de la biomasse est le même que celui émis par la combustion du pétrole ou du gaz. C’est la croissance des arbres, si elle a lieu, qui absorbe une quantité de CO2 de l’air en théorie égale à celle qui est provoquée par la combustion du bois. Pour être efficace, la production ou la vente de jus pyroligneux (c’est le vrai nom de ce que l’on appelle ici gracieusement « huile de pyrolyse » ou encore « biohuile », « bioliquide » etc. L’utilisation de ce produit en lieu et place du fuel présente des inconvénients majeurs : Les jus pyroligneux contiennent toute une série de produits en proportions variables qui sont des vacheries, provoquant une corrosion sérieuse au stockage, et qui peuvent être répandus dans l’atmosphère en cas de mauvais réglage de la chaudière. Il vaut beaucoup mieux les brûler dans des chaudières industrielles, ou les distiller pour en extraire des produits chimiques intéressants. Cette tentative de vente en remplacement du fuel est un moyen de se débarrasser « écologiquement » d’un sous-produit encombrant et dangereux. C’est le principe du greenwhashing. C’est de l’écolomaquillage.
Si j’ai bien compris, et d’ailleurs l’article le dit, il s’agit de substituion à du fuel lourd, donc des chaudières industrielles. On en avait déjà parlé de cette usine il y a peu, c’est même plus précis:
Ce qui est « intéressant » à noter, c’est que certains réussissent à s’approprier des subventions pour une installation qui « brûle » (combustion partielle suivie de combustion complète) du bois d’une manière « anti-ècologique », puisque avec un rendement forcément inférieur à celui de la combustion directe dans une chaudière à bois (et je ne parle pas des résidus). Quant à l’argument de la chaudière à fuel lourd, il y a des dizaines d’années qu’on n’en construit pratiquement plus (depuis le pic des années 70), surtout dans un pays comme la Finlande, et une chaudière à bois toute neuve aurait certainement coûté beaucoup moins cher à construire et exploiter, mais n’aurait pas permis de toucher autant de subventions …