L’imagerie thermique infrarouge s’impose comme un outil précieux pour l’observation non-invasive des animaux. Une étude récente menée en Laponie finlandaise a exploré son potentiel pour évaluer le bien-être des rennes, élargissant les possibilités de protection de la faune.
L’utilisation de l’imagerie thermique infrarouge pour surveiller le bien-être animal connaît un essor significatif. Cette technologie permet l’observation des sujets sans perturbation excessive. En 2019, une collaboration fructueuse a été établie entre les spécialistes de l’imagerie IR Flir (désormais Teledyne Flir) et le WWF. L’objectif de cette initiative était de contrer le braconnage illégal des rhinocéros dans les parcs et réserves du Kenya.
Plus récemment, une équipe de chercheurs de l’Université de Turku en Finlande et de l’Université de Tours en France a mené une étude approfondie sur l’application de l’imagerie thermique pour la surveillance de huit rennes en Laponie finlandaise. Les résultats de cette recherche, publiés dans la revue Animal Behavior and Cognition, visaient à valider l’efficacité de l’imagerie thermique IR en tant qu’outil non invasif pour le suivi des réponses au stress chez les rennes. Cette approche innovante se présente comme une alternative prometteuse aux dispositifs implantés, tels que les capteurs de fréquence cardiaque.
Une méthodologie novatrice pour l’évaluation du stress animal
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont employé une caméra thermographique Teledyne Flir E6-series. Des images ont été capturées à une distance de 50 à 80 centimètres de la tête des animaux. L’attention des scientifiques s’est portée sur une zone spécifique : le canthus, situé au coin interne de l’œil. Cette région, dépourvue de poils, permet des lectures thermiques d’une grande précision.
Afin d’induire un stress contrôlé, les rennes ont été soumis à des caresses par un expérimentateur inconnu. Les données recueillies par la caméra infrarouge thermique ont révélé une baisse significative de la température du coin de l’œil des rennes lors de ce contact avec l’étranger. Cette diminution était suivie d’une augmentation progressive de la température une fois le contact interrompu. Ces observations démontrent la capacité remarquable de l’imagerie thermique à détecter les réponses physiologiques au stress chez les rennes lors d’interactions avec les humains.
Implications majeures pour le bien-être animal et le tourisme responsable
Les résultats de cette étude dépassent le cadre du bien-être des rennes. Ils apportent des informations précieuses pour l’évaluation du bien-être d’autres espèces animales exposées à des interactions humaines fréquentes. Dans le contexte du tourisme animalier, notamment les safaris impliquant des rennes de traîneau, ces découvertes soulignent l’importance cruciale de surveiller attentivement le bien-être animal. Elles incitent également à une adaptation des pratiques pour améliorer les conditions de vie des rennes et d’autres animaux de travail.
Océane Liehrmann, chercheuse à l’Université de Turku, a souligné l’importance de ces résultats : «Nos découvertes démontrent que l’imagerie thermique infrarouge peut efficacement capturer les réponses physiologiques au stress des rennes pendant les interactions humaines. Cette technologie nous permet de surveiller les états émotionnels des rennes sans procédures invasives, ce qui est essentiel pour leur bien-être.»
Cette étude s’inscrit dans un corpus grandissant de recherches mettant en lumière la nécessité de pratiques responsables dans le domaine du tourisme animalier. Elle rappelle avec force l’importance de surveiller de près le bien-être animal et d’adapter les pratiques pour améliorer la qualité de vie des rennes et d’autres animaux impliqués dans des activités touristiques ou de travail.
Légende illustration : L’imagerie thermique infrarouge permet de détecter les réactions physiologiques au stress chez les rennes sans recourir à des procédures invasives susceptibles de causer un stress supplémentaire à l’animal. Photo : Virpi Lummaa/Université de Turku : Virpi Lummaa/Université de Turku.