L’usine d’ESTENER transforme la graisse animale ‘impropre’ en biodiesel

La première unité de production de biocarburant avancé issu de graisses animales impropres à l’alimentation et répondant à un double enjeu, à la fois économique et écologique a été inaugurée le 7 novembre au Havre.

Economique, car ce biocarburant s’intègre au sein de la filière viande française à laquelle il apporte un nouveau débouché de valorisation des coproduits, vecteur de compétitivité. Et écologique, car innovant, il offre un profil environnemental sans entrer en concurrence avec l’alimentation humaine ou animale.

Un projet industriel français inédit sur le marché du biodiesel

Née du partenariat entre le Groupement des Mousquetaires (via ses filiales SCA Pétrole et dérivés et SVA Jean Rozé, Division Viande de son Pôle industriel) et Saria France, l’usine ESTENER est la première unité de production française conçue pour fabriquer, à partir de corps gras complexes, un biodiesel d’une qualité exemplaire.

Avec ESTENER, le Pôle industriel du Groupement des Mousquetaires investit le secteur des biocarburants avancés et apporte une innovation majeure au marché français du biodiesel. A travers ce projet industriel inédit, il ouvre une nouvelle voie de compétitivité pour sa filière viande en valorisant en carburant routier ses co-produits voués jusqu’alors à la destruction. En engageant avec son partenaire SARIA Industries la construction d’une usine dans le bassin havrais, le Pôle industriel du Groupement des Mousquetaires dote la France d’une production de 75.000 tonnes par an d’un biodiesel aux performances environnementales reconnues. L’usine génère aujourd’hui 27 nouveaux emplois directs et une centaine d’emplois indirects. Elle a nécessité un investissement de 40 millions d’euros.

 

L'usine d'ESTENER transforme la graisse animale 'impropre' en biodiesel

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Une technologie à la pointe de l’innovation

L’usine ESTENER est implantée sur 4 hectares, au cœur de la zone industrielle portuaire du Havre. Elle bénéficie de synergies importantes pour l’accès maritime, le stockage et les infrastructures portuaires. Pour la fabrication de son biodiesel ou EMHA (Ester Méthylique d’huiles Animales), ESTENER s’appuie sur un process industriel de transformation appelé « transestérification ». Les graisses animales sont mélangées à 70°C au méthanol en présence d’un catalyseur(hydroxyde de potassium).

Toute la valeur du procédé consiste ensuite à traiter toutes les matières indésirables présentes dans les matières premières en mettant en œuvre les étapes de lavages, décantation, séparations mécaniques et surtout de distillation savamment adaptées avec des rendements inégalés.

Le procédé propre, ne générant ni odeur ni effluent pollué significatif, nécessite l’utilisation de méthanol. 100 tonnes de graisses mélangées à 10 tonnes de méthanol produiront 96 tonnes d’EMHA, 10 tonnes de glycérine valorisable (en centrale thermique ou en unité de méthanisation pour produire de l’énergie, ou en usage technique non alimentaire), et 4 tonnes de co-produits valorisables.

L'usine d'ESTENER transforme la graisse animale 'impropre' en biodiesel

Les résidus de l’industrie de la viande : une matière première durable

Depuis plusieurs années déjà, le parc automobile français est dominé par les véhicules diesels qui représentent plus de 61% des véhicules en circulation au 1er janvier 2013. En 2012, le diesel a représenté 80,1 % des carburants consommés en France, selon l’Union française des industries pétrolières (Ufip). Pour faire face à cette demande et aux besoins de mobilité des utilisateurs, la France a importé en 2012 environ la moitié de sa consommation soit 38,1 millions de tonnes de gazole, une proportion qui ne cesse d’augmenter et qui pèse dans la balance commerciale française.

La production française d’EMHA apparaît comme une contribution positive à l’économie nationale puisqu’elle participe de façon directe à la réduction de la dépense énergétique du secteur des transports et sécurise les approvisionnements. Le biodiesel, qui vient en complément des carburants dits classiques, n’entre pas en concurrence avec les outils de production et de raffinage existants mais au contraire, permet de réduire le volume des importations.

L’EMHA est un biocarburant complémentaire au marché existant qui n’entre pas en concurrence avec l’alimentation humaine et/ou animale. Il ne vient pas en concurrence avec les EMHV (huiles d’origine végétale) mais bien en complémentarité sur un marché en plein développement.

Par ailleurs, les résidus de l’industrie de la viande non destinés à la consommation sont une matière première durable et renouvelable qui n’entrent pas en concurrence avec l’alimentation humaine et/ou animale.

L'usine d'ESTENER transforme la graisse animale 'impropre' en biodiesel

Le biodiesel avancé, des bénéfices environnementaux

Les étapes de transestérification, de lavage et de distillation ne génèrent ni odeur, ni effluent pollué significatif.

L’EMHA affiche un excellent profil environnemental qui présente:

• Une réduction de 83% des émissions des gaz à effet de serre par rapport au gazole, selon la directive européenne.
• Une diminution d’émission de monoxyde de carbone (CO) de 10 à 12%.
• Moins de particules de suie : contenant moins de carbone que le gazole (les hydrocarbures sont constitués de carbone et d’hydrogène uniquement, alors que les corps gras contiennent entre autres de l’oxygène), le biodiesel émet significativement moins de particules de suie.

Une fiscalité qui doit encourager le biodiesel avancé

Le Biodiesel avancé (issus de déchets et résidus) est reconnu au niveau français et européen pour ses qualités environnementales et bénéficie de ce fait d’une fiscalité adaptée : double comptage vis-à-vis de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP).

"Nous soutenons qu’avec l’arrivée d’une nouvelle usine en France, le plafond de ce double comptage, (fixé à 0,35% en 2013) doit évoluer vers 0,7%, donnant ainsi un message clair de soutien et de stabilité fiscale à cette nouvelle filière" a ainsi commenté Jean-Pierre Guillaume, Président SCA Pétrole & Dérivés, Les Mousquetaires.

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trimtab

Avec l’utilisation du mot ‘impropre’ viens à l’esprit l’expression anglaise: ‘where there’s muck there’s money’ (là ou il y a la salété (voir la mer…e), il y a de l’argent !) qui nous rappelle le potentiel énorme de notre me…de, si une grande partie était recyclé en ‘biogaz’: On sera presque dans de ‘l’économie circulaire’……on va au petit coin pour déposer son ‘trop plein’ (!)……..qui se trouvera plus tard traité et en partie recyclé en biogaz, qui est réinjecté dans le réseau de gaz….qui chauffe notre ‘pittance’….qui nous incite plus tard a évacuer les restes ‘impropre’ au petit coin, qui plus tard et recyclé…..! De la vraie économie circulaire………rien se perd, tous se transforme…….. Merdre alors……! trimtab

Mac

Et avec quoi fabrique t’on le méthanol, ce serait intéressant de le savoir !

Mac

Et avec quoi fabrique t’on le méthanol, ce serait intéressant de le savoir !

Tapastort

et dire que je me balade tous les jours avec quelques litres de biodiesel sur moi je vais me faire acheter par TOTAL

Gezette

C’est bien de revaloriser ces ‘déchets’ plutot que de devoir les détruire. Cette usine permet déjà, à consommation constante, de réduire d’1,3% nos importaions de gazole. Deux questions : – quel est le ‘gisement’ possible en matières premières (graisses animales et huile de friture purifiée) dans notre pays ? Les Mousquetaires n’étant pas le seul groupe à ‘transformer’ de la viande. – les 7% d’ EMHA incorporé dans 93% de gazole fossile ( voir l’image) sont-ils un maxi à ne pas dépasser pour obtenir un carburant bio ? –