Dans les coulisses de la chimie moderne, la régulation de la température dans les réacteurs chimiques demeure un défi de taille. Un ingénieur chimiste nous offre un aperçu de ses recherches, où l’impression 3D et la catalyse doivent inaugurer une industrie plus efficace et durable.
La quête d’une température optimale
Leon Rosseau, ingénieur chimiste à l’Université de Technologie d’Eindhoven (TU/e), a consacré plusieurs années à étudier la régulation de la température dans les réacteurs chimiques. Le 7 février, il a soutenu sa thèse de doctorat au Département de Génie Chimique et de Chimie. Sa recherche s’est concentrée sur l’utilisation d’obstacles imprimés en 3D pour déterminer la forme la plus efficace pour contrôler la température sans perturber les réactions chimiques.
La transmission de chaleur est un phénomène que l’on retrouve aussi bien dans la vie quotidienne, par exemple lorsqu’on refroidit une boisson, que dans les processus industriels. Cependant, si une boisson fraîche est agréable, un réacteur trop froid peut avoir un impact négatif sur les réactions chimiques qu’il abrite. C’est pourquoi le scientifique du TU/e a exploré des méthodes innovantes pour mieux réguler la température à l’intérieur des réacteurs.
Des catalyseurs comme tremplins
Les catalyseurs jouent un rôle crucial dans les réactions chimiques en abaissant l’énergie nécessaire pour transformer une molécule en une autre. L’ingénieur chimiste compare l’utilisation d’un catalyseur à l’emploi d’un tremplin pour franchir un mur : une aide précieuse pour accélérer et faciliter le processus.
En modifiant la structure des catalyseurs grâce à l’impression 3D, il a pu tester différentes configurations pour optimiser la réaction sans augmenter la température de manière contre-productive. Cette approche pourrait bousculer la manière dont nous concevons les réacteurs chimiques et leur efficacité énergétique.
L’infrastructure chimique et l’efficacité énergétique
Les réacteurs étudiés sont traditionnellement conçus avec de longs tubes fins, ce qui n’est pas idéal pour l’efficacité énergétique. En insérant des blocs avec de petits trous, il a créé un flux transversal qui permet de maintenir la température adéquate tout en réduisant la pression nécessaire pour faire circuler le gaz, une situation gagnant-gagnant.
Cette innovation pourrait mener à des réacteurs plus compacts et moins coûteux, tout en conservant une haute performance. La prochaine étape est de passer de l’échelle de laboratoire à une application commerciale, un défi qui nécessite de surmonter des obstacles techniques, notamment dans le processus de séchage des catalyseurs en céramique.
Vers une application durable
Fort de ses découvertes, Leon Rosseau applique désormais ses connaissances chez Topsoe, une entreprise danoise, où il travaille sur des méthodes de chauffage durable des réacteurs à l’électricité. Son objectif est de contribuer à une industrie chimique plus verte. Après son doctorat, il envisage d’apprendre la langue danoise, mais pour l’instant, il se concentre sur les défis immédiats, notamment le froid hivernal, en attendant le printemps avec impatience.
Les travaux de Leon Rosseau illustrent parfaitement comment la recherche fondamentale peut avoir des répercussions tangibles sur notre quotidien et sur la transition énergétique. En alliant catalyse et impression 3D, il ouvre ainsi l’accès à des processus chimiques plus efficaces et respectueux de l’environnement, un sujet qui ne manquera pas de captiver l’attention des passionnés de science et de technologie.
Titre de la thèse de Léon Rosseau : Intensification des procédés chimiques par impression 3D de catalyseurs : Le compromis transfert de chaleur – perte de charge. Lien
Légende illustration : Leon Rosseau travaillant au laboratoire. Photo : Bart van Overbeeke