Des ingénieurs américains ont mis au point une méthode innovante pour identifier les composants microscopiques surchauffés qui dégradent les performances des appareils électroniques. Inspirée des techniques d’imagerie biologique, cette approche promet d’améliorer considérablement la gestion thermique des dispositifs électroniques.
Les appareils électroniques comme les ordinateurs portables et les smartphones souffrent souvent de problèmes de transfert de chaleur à l’échelle nanométrique. Identifier la source de ces problèmes s’apparente à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin.
Andrea Pickel, professeur assistant au Département de génie mécanique de l’Université de Rochester et scientifique au Laboratoire de l’énergie laser, précise : « Les blocs de construction de nos appareils électroniques modernes sont des transistors aux caractéristiques nanométriques. Pour comprendre quelles parties surchauffent, la première étape consiste à obtenir une carte détaillée des températures. Mais il faut quelque chose avec une résolution nanométrique pour y parvenir. »
Les techniques de thermométrie optique existantes présentent des limites fondamentales en termes de résolution spatiale. Pour surmonter ces obstacles, Andrea Pickel et ses doctorants en science des matériaux, Ziyang Ye et Benjamin Harrington, ont conçu une nouvelle approche en s’inspirant des techniques de microscopie de fluorescence super-résolution, récompensées par le prix Nobel de chimie, utilisées dans l’imagerie biologique.
Application des nanoparticules luminescentes
En appliquant des nanoparticules à conversion ascendante hautement dopées à la surface d’un dispositif, les chercheurs ont réussi à obtenir une thermométrie à très haute résolution à l’échelle nanométrique, jusqu’à une distance de 10 millimètres.
Selon Andrea Pickel, cette distance est extrêmement grande dans le domaine de la microscopie super-résolution, où les techniques d’imagerie biologique opèrent généralement à moins d’un millimètre.
Bien que les techniques d’imagerie biologique offrent une grande inspiration, leur application aux appareils électroniques présente des défis majeurs en raison des matériaux très différents impliqués.
« Nos exigences sont très différentes de celles des biologistes, car ils examinent des éléments comme les cellules et les matériaux à base d’eau. Souvent, ils peuvent avoir un liquide comme de l’eau ou de l’huile entre leur objectif et leur échantillon. C’est excellent pour l’imagerie biologique, mais pour un appareil électronique, c’est la dernière chose que l’on souhaite. »
Perspectives d’amélioration des composants électroniques
Le document démontre la technique en utilisant une structure de chauffage électrique conçue pour produire des gradients de température aigus, mais Pickel affirme que leur méthode peut être utilisée par les fabricants pour améliorer une large gamme de composants électroniques.
Pour perfectionner le processus, l’équipe espère réduire la puissance du laser utilisée et affiner les méthodes d’application des couches de nanoparticules sur les dispositifs.
Légende illustration : Les chercheurs de Rochester ont démontré leurs techniques de thermométrie à très haute résolution sur une structure de chauffage électrique que l’équipe a conçue pour produire des gradients de température très marqués. (Photo de l’université de Rochester / J. Adam Fenster)