Pourquoi ne pas séquestrer le CO2 dans les abysses ?

Imaginez un sac gonflable gigantesque capable de stocker 160 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 2,2 jours des émissions mondiales actuelles.

Essayez maintenant de vous imaginer ce contenant, de plusieurs kilomètres de long et d’un rayon atteignant jusqu’à 100 mètres, reposant sur le fond marin à plus de trois kilomètres sous la surface de l’océan.

À première vue, cela pourrait sembler être de la science-fiction, mais il s’agit pourtant d’une idée sur laquelle se penche sérieusement M. David Keith, l’un des plus éminents experts au Canada en captage et en séquestration du carbone.

L’idée du stockage dans les océans a été proposée il y a plusieurs années par M. Michael Pilson, chimiste océanographe à l’University of Rhode Island, mais elle a vraiment pris de l’essor l’année dernière lorsque M. Keith a confirmé sa faisabilité avec M. Andrew Palmer, ingénieur en génie océanique de renommée mondiale à la Cambridge University. Par la suite, M. Keith, M. Palmer et un autre scientifique de l’Argonne National Laboratory ont fait avancer le concept en rédigeant un document technique pour la 26e International Conference on Offshore Mechanics and Arctic Engineering qui a eu lieu en juin 2007.

M. Keith croit que cette solution pourrait constituer un complément utile au stockage du CO2 dans les formations géologiques
, particulièrement pour le CO2 émanant de sources situées près des grands fonds.

Il estime néanmoins qu’il s’agit d’une solution viable étant donné que d’immenses parties des grands fonds sont constituées de vastes plaines. Dans ces plaines abyssales, on retrouve peu de vie, et l’environnement est plutôt anodin. "Si l’on se tient loin des pentes raides des plateaux continentaux, ces plaines constituent un environnement plutôt tranquille."

Afin de pouvoir stocker le CO2 de cette façon, il faut capter les gaz en provenance de sources industrielles ou d’installations de production d’énergie, les comprimer, les liquéfier et les transporter dans des pipelines qui s’étendent bien au delà des plateaux continentaux de l’océan. Lorsque le CO2 liquide est pompé jusqu’aux grands fonds, la pression intense et la température froide qui y règnent lui donnent une flottabilité négative.

"Cette flottabilité négative est la clé, explique M. Keith. Cela signifie que le CO2 veut s’écouler vers le bas plutôt que de monter dans la biosphère."

Il faut confiner le CO2 parce qu’il a tendance à se dissoudre dans l’océan, ce qui pourrait avoir une incidence négative sur les écosystèmes marins. Heureusement, affirme M. Keith, grâce à cette solution, le coût du confinement est relativement bas. Selon M. Keth et ses collègues, les sacs peuvent être construits avec des polymères existants à un coût de moins de 4 cents par tonne de carbone.

Le véritable coût réside dans le captage du CO2 et son transport jusqu’aux grands fonds. "Si nous pouvons réduire ces coûts, observe-t-il, le stockage dans les océans pourrait être une option qui pourrait contribuer à réduire considérablement les émissions de CO2. "

** M. Keith traitera de ce sujet à la conférence annuelle de 2008 de l’American Association for the Advancement of Science, à Boston, dans une séance intitulée Ocean Iron Fertilization and Carbon Sequestration: Can the Oceans Save the Planet ?

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Wally

Donc si le sac vient à se déchirer, on aura une catastrophe écologique de plus ! super !

Boris

et si un oursin, ou un terroriste passe dans le coin, ça fait un gros paquet de CO2 instanément libéré dans l’océan… Pas bon pour le peu de vie marine des environs, ça…  :o/

Christophe

Encore un conte à dormir debout! A qui fera-t-on croire qu’il pourra être possible : – de séparer le CO2; – de le liquéfier; – de le transporter; – de le séquestrer dans des sacs; sans plus d’énergie qu’une fraction de celle qui a produit ce CO2! Le tout avec le danger d’acidifier l’océan. Merci! On a compris que tout cela n’est que du cinéma pour justifier la construction de nouvelles centrales à combustibles fossiles(sans séquestration de CO2 bien sur). Même en France.