Un comportement aussi spectaculaire qu’inexplicable vient d’être observé sur 3I/ATLAS, l’objet interstellaire dont la trajectoire traverse actuellement le système solaire interne. Alors qu’il approchait de son périhélie (point le plus proche du Soleil) dans la journée d’hier, plusieurs instruments spatiaux ont détecté un accroissement fulgurant de sa luminosité accompagné d’une teinte bleue plus prononcée que celle du Soleil lui-même. Un phénomène qui contredit toutes les attentes théoriques.
Une géométrie favorable contre toute attente
La position de 3I/ATLAS derrière le Soleil, suite à sa conjonction solaire avec la Terre le 21 octobre, aurait normalement rendu impossible toute observation depuis les télescopes terrestres. Pourtant, une géométrie que l’astrophysicien Avi Loeb, auteur de l’analyse publiée sur Medium, qualifie de « possible indice de conception » a placé l’objet dans le champ de vision de plusieurs coronographes spatiaux et imageurs héliosphériques.
Trois missions spatiales ont ainsi pu documenter les dernières étapes de son approche. STEREO-A, l’un des deux satellites jumeaux du programme Solar TErrestrial RElations Observatory lancés en 2006, a mobilisé ses caméras HI1 et COR2 montées sur l’instrument SECCHI. L’observatoire SOHO, en orbite au point de Lagrange L1 depuis 1995, a déployé son coronographe LASCO. Enfin, le satellite météorologique GOES-19, lancé en 2024 et positionné sur une orbite géostationnaire, a contribué grâce à son coronographe compact CCOR-1.
Une montée en haute luminosité
Les données recueillies entre septembre et octobre 2025, compilées dans une nouvelle étude scientifique accessible en ligne, révèlent une montée en luminosité qui défie les modèles établis. La brillance de 3I/ATLAS augmenterait selon une loi de puissance inversement proportionnelle à sa distance au Soleil, avec un exposant de -7,5 (±1). À titre de comparaison, la majorité des comètes du nuage d’Oort connaissent une variation bien plus modérée à des distances similaires.
Le coronographe CCOR-1 a résolu une lueur s’étendant jusqu’à 300 000 kilomètres autour de l’objet, une échelle comparable au panache de dioxyde de carbone tracé par l’observatoire spatial SPHEREx lors de ses observations du 8 au 12 août 2025. Mais la véritable surprise provient de la photométrie en couleur effectuée par les instruments LASCO et CCOR-1 car contrairement aux observations antérieures qui montraient un objet plutôt rougeâtre, 3I/ATLAS apparaît désormais distinctement plus bleu que le Soleil.
Une couleur qui défie toute logique physique
La contradiction avec les modèles théoriques attendus est totale. La poussière diffuse devrait rougir la lumière solaire réfléchie, tandis que la surface de l’objet, nécessairement beaucoup plus froide que les 5 800 degrés Kelvin de la photosphère solaire, devrait également produire une teinte plus rouge. Comme le soulignent les auteurs de l’étude : « La raison de l’augmentation rapide de la luminosité de 3I/ATLAS, qui dépasse largement le taux d’augmentation de la plupart des comètes du nuage d’Oort à des distances similaires du Soleil, reste floue« .
Après son passage au périhélie, 3I/ATLAS redeviendra observable depuis la Terre au crépuscule. Le mois de décembre 2025 s’annonce par conséquent réellement intéressante. Lors de son approche la plus proche de notre planète le 19 décembre, les télescopes au sol ainsi que les télescopes spatiaux Hubble et Webb pourront caractériser l’objet avec une précision inédite. Les nouvelles données suggèrent que 3I/ATLAS émergera probablement de son périhélie encore plus brillant qu’auparavant.
Article : « Rapid Brightening of 3I/ATLAS Ahead of Perihelion » – DOI : https://arxiv.org/pdf/2510.25035v1











