Réchauffement climatique : qui va payer pour les pots cassés ?

Les pays émettant des tonnes de gaz à effet de serre doivent dédommager les pays affectés malgré eux. (MDP) sert à financer les surcoûts des mesures que les pays en développement pourraient être amenés à mettre en oeuvre.

Le monde riche a dû pousser un soupir de soulagement. Selon le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le coût des mesures visant à contrer le réchauffement pourrait, sous certaines conditions, être limité à environ 0,12% du PIB mondial annuel [1].

Déjà plusieurs études dont celle de l’économiste Nicholas Stern, avaient préparé le terrain en chiffrant le coût de l’inaction : autour de 10% du PIB mondial en 2100 [2].

Ce coût a de quoi faire réfléchir, mais il occulte une bien triste réalité : les dommages collatéraux que vont subir les pays qui ont peu à voir avec le phénomène du réchauffement climatique.

Les délégués des pays en développement ont justement soulevé ce problème, tout au long de la semaine qui a mené, à Bankok, au dévoilement du plus récent rapport du GIEC. Ils ont aussi dit que le réchauffement climatique ne doit pas être le prétexte à une stagnation économique de leurs pays, faute pour eux de pouvoir se payer un développement propre.

Justement, à ce propos, le protocole de Kyoto prévoit la possibilité de transfert, vers les pays en développement, de technologies favorables au climat. [3]

En gros, « les pays industrialisés payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions dans des nations moins riches — et sont récompensés de crédits pouvant être utilisés pour atteindre leurs propres objectifs d’émissions. »

Un autre mode de financement possible d’un développement propre est le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM). Dans ce dernier cas, le moins que l’on puisse dire est que la contribution du FEM est modeste, de l’aveu même de la directrice générale et présidente du Fonds pour l’environnement mondial [4]. À peine 200 M$ US jusqu’à présent.

Les pays en développement sont exempts de toute obligation dans le Protocole de Kyoto. Cela est normal. C’est aux pays industrialisés qui l’ont provoqué à assumer la responsabilité du réchauffement climatique.

On prévoit qu’il y aura, d’ici 2100, des millions de réfugiés du réchauffement climatique. Plus de 100 millions d’êtres humains vivent dans des zones inondables, telles les plaines côtières du Bangladesh, susceptibles de disparaître. Pire, alors que ces drames humains dus aux inondations vont se dérouler, plus de 3,2 milliards d’êtres humains vont souffrir d’un manque d’eau.

Les pays riches vont-ils reconnaître pleinement, chiffrer et prendre en charge les dommages collatéraux causés par leur propre développement ?

Bibliographie :

[1] – Lutte contre le réchauffement climatique : l’ONU expose ses options
[2] – Les études se multiplient pour analyser le coût du changement climatique
[3] – Le Mécanisme de Développement Propre
[4] – Turning Up the Heat : A Call for More Concerted Global Action on Climate Change

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Michel Monette

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