Sables bitumineux : “pollution comparable à une grande centrale”

Il faut beaucoup d’énergie pour à la fois extraire les huiles lourdes et visqueuses contenues dans les sables bitumineux du Canada et pour ensuite l’affiner en pétrole brut.

Afin de séparer et de traiter le bitume des sables lourds, les sociétés minières utilisent des excavators multi-niveaux, dans l’objectif de faciliter au final le transit du pétrole brut vers les pipelines. Alors qu’environ 1,8 millions de barils de pétrole par jour en 2010 ont été produits à partir des sables bitumineux canadiens – cette même production aura nécessité d’énormes consommations d’énergie fossile.

Pour observer l’effet global de la pollution de l’air provenant de l’excavation des sables bitumineux, en Alberta, au Canada, les scientifiques ont utilisé des satellites. Ils ont mesurer le dioxyde d’azote et le dioxyde de soufre émis par ces exploitations. Dans une zone de 30 sur 50 kilomètres autour des mines, ils ont trouvé des niveaux élevés de ces polluants.

"Pour ces deux gaz, les niveaux sont comparables à ce que les satellites repèrent face à une grande centrale électrique – ou pour le dioxyde d’azote, comparable à ce qu’ils voient sur certaines villes de taille moyenne", a déclaré Chris McLinden, chercheur scientifique à l’agence canadienne pour l’environnement.

Ces polluants atmosphériques peuvent entraîner des pluies acides si leur concentration est suffisamment élevée. Bien que certaines mesures terrestres ont été prises à des points particuliers par d’autres chercheurs, ou par un avion de la NASA qui a fait une autre série de mesures localisées, personne n’avait calculé l’ampleur globale des impacts des sables bitumineux sur la qualité de l’air, comprenant les camions-bennes géants, les énormes installations de raffinage où le bitume est transformé, etc.

Pour ce faire, l’équipe du Pr. McLinden s’est tournée vers les données satellitaires. Plusieurs satellites en orbite autour de la Terre détectent la lumière du soleil qui passe à travers l’atmosphère qui est ensuite réfléchie vers l’espace. Sur la base des modèles de longueur d’onde réfléchie, les scientifiques peuvent calculer la concentration de certains gaz – en particulier le dioxyde d’azote et de dioxyde de soufre. C’est une façon relativement nouvelle d’étudier la pollution sur de petites zones, a-t-il ajouté.

L’étude a été publiée dans "Geophysical Research Letters", une publication de l’American Geophysical Union.

Sables bitumineux : "pollution comparable à une centrale électrique"

Les scientifiques ont constaté que le niveau de dioxyde de soufre a atteint un sommet sur 2 des plus importantes opérations minières basées dans les sables bitumineux de l’Alberta, avec un niveau de 1.2×10^16 molécules par centimètre carré. Les concentrations de dioxyde d’azote a atteint environ 2,5.10^15 molécules par centimètre carré. Lorsque les chercheurs ont examiné les concentrations au cours de ces dernières années en utilisant des informations satellitetaires, ils ont constaté que la quantité de dioxyde d’azote a augmenté d’environ 10% chaque année entre 2005 et 2010, gardant le rythme de croissance de l’exploitation des sables bitumineux.

"Nous allons continué à surveiller cette source d’émission car il y a sans cesse de nouvelles mines, mises en services, pour extraire encore plus de pétrole…" a déclaré Chris McLinden.

Il est important d’examiner l’impact global de l’excavation et le traitement des sables bitumineux, a expliqué de son côté Isobel Simpson, une chimiste de l’atmosphère à l’Université de Californie (Irvine). "Il y-a tellement peu d’études indépendantes sur les sables bitumineux," a t-elle ajouté. "La nouvelle étude permet d’observer la grande (satellitaire) et la petite image (à vol d’oiseau) de l’impact des émissions provenant de l’industrie des sables bitumineux," a t-elle dit. "Avec l’expansion de l’exploitation des sables bitumineux, la zone a encore plus besoin de surveillance."

Articles connexes

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires