Sony, en tête des entreprises High Tech “responsables”

Sur les 18 entreprises évaluées dans la 8ème édition du Guide de Greenpeace "Pour une hi-tech responsable", seules Sony Ericsson et Sony obtiennent la moyenne. Nintendo finit une nouvelle fois en dernière place du classement.

Le guide « Pour une high-tech responsable » attribue une note sur 10 aux dix-huit plus gros fabricants mondiaux de téléphones mobiles, d’ordinateurs, de téléviseurs et de consoles de jeux selon 3 types de critères : gestion des substances chimiques toxiques, gestion des déchets électroniques et prise en compte de l’enjeu climatique et énergétique.

Une nouvelle série de critères reflétant les enjeux énergétiques et climatiques a été introduite dans cette nouvelle édition. En calquant les principes en œuvre sur les enjeux « substances toxiques » et « déchets », ces critères proposent d’évaluer la performance climatique des 18 e-entreprises en fonction de leurs engagements dans les processus politiques et de leurs réalisations concrètes.

Les 18 se voient demander de soutenir l’introduction d’objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le processus post-protocole de Kyoto. Elles doivent aussi s’engager à réduire concrètement les émissions issues de leurs propres sites – ce que peu d’entreprises font, préférant se concentrer sur l’amélioration de l’efficacité énergétique de leurs produits et ignorer celle de leur chaîne de production. Le secteur des TIC contribue à hauteur de 2% des émissions mondiales de GES, soit la même part que l’industrie aéronautique, souligne Greenpeace.

La forte implication des entreprises sur les questions d’efficacité énergétique des produits, un enjeu qui parle aussi au portefeuille des clients institutionnels comme des consommateurs est aussi mis en évidence. Le label Energy Star s’est imposé mondialement comme un standard pertinent pour évaluer cette efficacité et de plus en plus de produits électroniques s’y conforment ou dépassent ses exigences. Sony Ericsson et Apple en sont les champions identifiés.

Sony Ericsson s’impose en outre en tête du classement pour ses réalisations en matière d’élimination des substances toxiques, le PVC, ce plastique chloré déjà épinglé dans les éditions précédentes dans les critères « chimiques ». Depuis janvier 2008, les consommateurs peuvent d’ores et déjà trouver de nombreux produits Sony Ericsson qui en sont exempts.

L’objectif de ce guide est d’offrir un outil aux gens pour éclairer leurs choix de consommation mais aussi de faire émerger une demande forte de produits électroniques économes en énergie, exempts de substances dangereuses, qui pourront ensuite être recyclés sans polluer l’environnement et mettre en danger la santé des travailleurs du recyclage, en Europe mais aussi dans les pays en voie de développement.

 

Le Classement :

1er : Sony Ericsson

Sony Ericsson est en tête même si l’entreprise n’obtient la moyenne que de justesse avec 5,1.

Sony Ericsson rate de peu le score maximum sur les critères « substances chimiques » : en effet, dans ses produits soi-disant exempts de retardateurs de flamme bromés (RFB), des traces de RFB sont tolérées à un seuil déraisonnablement élevé. Par contre, tous les produits SE sont exempts de PVC et l’entreprise a d’ores et déjà relevé le défi des nouveaux critères « substances chimiques » en éliminant les composés d’antimoine et de béryllium et les phtalates des modèles commercialisés depuis Janvier 2008.

SE réalise un assez bon score global sur le barème « énergie » car l’ensemble de ses produits dépassent les exigences du standard Energy Star, ce qui compense sa faiblesse sur tous les autres critères « énergie ».

SE s’en tire beaucoup moins bien sur les questions de déchets avec un mauvais score sur tous les critères, note Greenpeace. SE déclare un taux de recyclage de 1 à 13%.

2eme : Sony

Sony arrive en 2eme position avec le même score total de 5,1 que Sony Ericsson, mais avec un score « substances chimiques » plus faible, ce dernier étant un facteur déterminant pour départager les ex-aequo apparents. Sony s’en tire néanmoins plutôt bien sur les critères chimiques, grâce à la commercialisation de modèles partiellement exempts de PVC et de RFB, notamment 3 modèles de caméras vidéo et plusieurs modèles de PC VAIO, de « Walkman », de  Camcorder et d’appareils photos numériques.

Sur les critères « déchets », Sony marque un bon score grâce à son soutien à la Responsabilité Individuelle du Producteur (RIP), à la mise en place de programmes volontaires de reprise et de recyclage des déchets issus des produits de sa marque et ses performances de recyclage de 53% des ventes passées de TV et de PC.

Les faiblesses de Sony en matière de performance énergétique des produits sont compensées par le décloisonnement de ses données d’émissions de gaz à effet de serre (GES) – vérifiées par un tiers – sur plus de 200 sites et de la part des énergies renouvelables (1,02%) dans sa consommation énergétique totale de 2006, tandis que Sony s’engage à réduire ses émissions de GES.

3eme : Nokia

Nokia arrive en 3ème position, malgré le maintien de son point de pénalité déduit de son score global de 5,8 pour “double discours” en matière de reprise et de recyclage des déchets (ramenant son score à 4,8). Les récentes enquêtes de terrain de Greenpeace montre ainsi que les employés de Nokia ne sont toujours pas informés des services de reprise soi-disant mis en œuvre en Inde.

Nokia s’en tire très bien sur les critères chimiques, avec le lancement dès la fin 2005 de nouveaux modèles exempts de PVC et son objectif d’élimination complète des RFB d’ici la fin 2009.

Le score de Nokia sur les critères « déchets » masque ses maigres performances de recyclage déclarées à 2% des ventes passées.

En matière énergétique, le score de Nokia est dopé par son approvisionnement élevé en énergies renouvelables, 25% de sa consommation en 2007, que l’entreprise compte amener à 50% d’ici 2010.

4eme : Samsung

Samsung prend la 4eme place avec 4,5 points, dus essentiellement aux critères « substances chimiques » et « déchets ». Depuis Novembre 2007, tous ses nouveaux modèles d’écrans LCD sont exempts de PVC, un pas important pour structurer le marché du « sans PVC » car Samsung en est le fournisseur mondial n°1. L’entreprise a commercialisé des modèles de téléphones portables partiellement exempts de RFB et a développé des puces mémoire et des  semi-conducteurs exempts d’halogènes pour certaines applications.

Le score de Samsung sur les déchets est porté par ses déclarations en matière de performances de recyclage, 137% sur les TV (sur la base des ventes effectuées il y a 10 ans, soit la durée de vie moyenne d’un téléviseur, un temps pendant lequel Samsung a multiplié ses ventes par 10), 12% pour les PC (sur la base d’une durée de vie de 7ans) et 9% pour les téléphones mobiles (base : 2ans). Samsung obtient également le maximum de points sur l’usage de plastique recyclé, à hauteur de 16,1%, bien que seulement 0,2% soit d’origine
post-consommation.

Le score de Samsung sur les critères « énergie » est par contre jugé "pathétique" par Greenpeace.

L’entreprise ne marque des points que pour le décloisonnement de ses émissions de GES sur ses sites coréens (où elle opère majoritairement).

5ème : Dell

Dell est en 5ème position avec des scores moyens sur les critères « substances chimiques » et « déchets » et faibles sur les critères « énergie ». L’entreprise ne parvient pas à décoller sur les critères « substances chimiques », n’ayant toujours pas commercialisé de produits exempts de PVC et de RFB. En matière de déchets, Dell communique des performances à hauteur de 12,4% des ventes effectuées il y a 7ans.

Les points « énergie » de Dell sont dus aux performances énergétiques de ses produits, 42% des PC portables et 57% des PC de bureau (grande consommation et bureautique confondues) commercialisés depuis le 20 juillet 2007 offrent des configurations permettant d’atteindre ou de dépasser les exigences d’Energy Star. Dell marque aussi quelques points grâce au décloisonnement de ses émissions de GES pour l’ensemble de ses opérations.

18ème : Nintendo

Nintendo arrive à la 18ème et dernière place avec un score de 0,8 points, plombé par un zéro pointé sur les critères de recyclage de déchets.

L’entreprise a tout de même interdit les phtalates et examine ses usages d’antimoine et de béryllium, ce qui constitue le strict minimum.

Nintendo décloisonne les émissions de CO2 issues de ses propres opérations et s’engage à les réduire ainsi que les autres GES de 2% chaque année par rapport à la précédente. Toutefois, Nintendo admet que la croissance de ses parts de marché ont conduit à une augmentation de 6% de ses émissions de CO2 en 2006.

Méthodologie

Le guide pour une high-tech responsable attribue une note sur 10 aux dix-huit plus gros fabricants mondiaux de téléphones mobiles, d’ordinateurs, de téléviseurs et de consoles de jeux, d’après les informations qu’ils mettent à la disposition du grand public sur leurs sites Internet et selon 3 types de critères : gestion des substances chimiques toxiques, gestion des déchets électroniques, prise en compte de l’enjeu climatique.

Pour cette 8e édition, les critères du Guide sont devenus plus exigeants – de nouveaux critères viennent compléter les enjeux de gestion des substances toxiques et des déchets électroniques par rapport aux versions précédentes de notre guide ; de plus, le guide fait maintenant place à un nouveau jeu de critères reflétant l’urgence climatique et les exigences d’efficacité énergétique. Les nouveautés apparaissent en rouge.

 

Réduction de la facture énergétique et climatique

Critères Score optimal
E1. Soutien à l’adoption d’objectifs contraignants de réduction de GES à l’échelle mondiale Soutien à un objectif international contraignant de réduction d’au moins 50% d’ici 2050 (par rapport aux niveaux de 1990) comprenant une exigence de réduction de 30% d’ici 2020 pour les pays industrialisés.
E2. Décloisonnement de l’empreinte carbone (émissions de GES) générée par les opérations en propre de l’entreprise et les opérations de 2 étapes de la chaîne amont de fabrication du produit Décloisonnement des émissions de GES selon la norme ISO 14064 (impliquant une certification par un tiers) des opérations en propre et de celles d’au moins deux niveaux de la chaîne de fabrication
E3. Engagement à réduire les émissions de GES des opérations en propre de l’entreprise assorti d’échéances Engagement à réduire les émissions de GES des opérations directes de l’entreprise d’au moins 20% d’ici 2012
E4. Part des énergies renouvelables dans l’utilisation totale d’électricité par les opérations en propre de l’entreprise Proportion d’énergies renouvelables dans la
consommation électrique totale par les opérations en propre supérieure à 25%
E5. Efficacité énergétique des nouveaux modèles de produits à spécifier Points doublés si tous les nouveaux modèles de produits à spécifier répondent aux exigences du dernier standard Energy Star et 30% d’entre eux au moins les dépassent (d’au moins 50% pour les modes veille et stand-by/sans-charge pour les
8e édition – juin 2008 appareils où ces modes s’appliquent)

 

Pour plus de détails, se reporter à la version anglaise intégrale sur www.greenpeace.org/electronics

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