Radiations et déficits cognitifs : les microglies en ligne de mire

Radiations et déficits cognitifs : les microglies en ligne de mire

Dans une étude récente, des chercheurs mettent en lumière le rôle des microglies, cellules immunitaires du cerveau, dans les déficits cognitifs consécutifs à une exposition aux radiations. Cette découverte permettrait de trouver de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les patients subissant une radiothérapie cérébrale.

Les microglies, sentinelles immunitaires du cerveau, pourraient être responsables des troubles cognitifs observés après une exposition aux radiations.

Publiée dans le International Journal of Radiation Oncology Biology Physics, cette recherche s’appuie sur des travaux antérieurs démontrant que les microglies endommagent les synapses, ces connexions neuronales essentielles au comportement cognitif et à la mémoire.

« Les déficits cognitifs après un traitement par radiation représentent un problème majeur pour les survivants du cancer », explique M. Kerry O’Banion, MD, PhD, professeur à l’Institut Del Monte pour les neurosciences de l’Université de Rochester et auteur principal de l’étude. « Cette recherche nous offre une cible potentielle pour développer des thérapies afin de prévenir ou d’atténuer ces déficits chez les personnes nécessitant une radiothérapie cérébrale. »

Une Résistance Sexuellement Dimorphique et la Perte de Synapses

À travers divers tests comportementaux, l’équipe de recherche a évalué la fonction cognitive de souris avant et après une exposition aux radiations.

Les résultats ont montré que les souris femelles conservaient leurs capacités, suggérant une résistance aux lésions radiatives. En revanche, les souris mâles présentaient des oublis et des incapacités à réaliser certaines tâches après l’exposition, une déclinaison cognitive corrélée à la perte de synapses et à une sur-réactivité potentiellement dommageable des microglies.

Vers de Nouvelles Thérapies Ciblant les Microglies

Les chercheurs ont ensuite ciblé la voie métabolique importante dans l’élimination des synapses par les microglies. Les souris possédant des microglies mutantes ne subissaient aucun déclin cognitif suite à la radiation. De même, celles traitées avec le médicament Leukadherin-1, connu pour bloquer cette même voie, ne montraient pas de déclin cognitif.

« Cela pourrait être un premier pas vers une amélioration substantielle de la qualité de vie des patients et de leur besoin en soins », affirme O’Banion. « À l’avenir, nous sommes particulièrement intéressés par la compréhension des signaux qui ciblent les synapses pour leur élimination et les mécanismes de signalisation fondamentaux qui poussent les microglies à retirer ces synapses. Nous croyons que ces deux axes de recherche offrent des cibles supplémentaires pour développer des thérapies aidant les individus recevant une radiothérapie cérébrale. »

O’Banion estime également que ces travaux pourraient avoir des implications plus larges, car certains de ces mécanismes sont liés à la maladie d’Alzheimer et à d’autres maladies neurodégénératives.

En synthèse

Cette étude souligne l’importance des microglies dans les déficits cognitifs post-radiation et ouvre des perspectives pour le développement de traitements préventifs ou atténuants pour les patients subissant une radiothérapie cérébrale. En ciblant les voies métaboliques des microglies, les chercheurs espèrent améliorer la qualité de vie des patients et réduire leur dépendance aux soins.

Pour une meilleure compréhension

Qu’est-ce que les microglies ?

Les microglies sont des cellules immunitaires du cerveau qui jouent un rôle crucial dans la santé neuronale.

Comment les radiations affectent-elles les microglies ?

Les radiations peuvent provoquer une sur-réactivité des microglies, conduisant à des dommages aux synapses et à des déficits cognitifs.

Qu’est-ce que la Leukadherin-1 ?

La Leukadherin-1 est un médicament connu pour bloquer la voie métabolique des microglies impliquée dans l’élimination des synapses.

Quelles sont les implications de cette recherche pour les patients ?

Cette recherche pourrait conduire au développement de nouvelles thérapies pour prévenir ou atténuer les déficits cognitifs chez ces patients.

Quel est le lien entre cette recherche et la maladie d’Alzheimer ?

Certains des mécanismes étudiés dans cette recherche sont également liés à la maladie d’Alzheimer et à d’autres maladies neurodégénératives.

Références

O’Banion, M. K., Hinkle, J., Olschowka, J., Williams, J. (2024). Microglia and cognitive deficits after radiation exposure. International Journal of Radiation Oncology Biology Physics.

Article : “International Journal of Radiation Oncology*Biology*Physics” – DOI:10.1016/j.ijrobp.2023.12.017

[ Rédaction ]

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