Impôt incontournable pour quelque 32 millions de propriétaires, la taxe foncière finance une large part des services publics locaux – de la rénovation d’une école à l’entretien des rues. Alors que les premiers avis arriveront dès le 28 août, nombre de foyers s’interrogent sur la mécanique d’un prélèvement dont les hausses peuvent parfois dépasser l’inflation locale. Base cadastrale, taux votés par les communes, coups de pouce pour ménages modestes ou pour travaux verts : comprendre ces variables permet d’anticiper sa facture et, le cas échéant, d’activer les bons dispositifs de réduction. Tour d’horizon complet, chiffres clés à l’appui, avant les échéances de paiement fixées au 15 et 20 octobre 2025.
Être propriétaire ou usufruitier d’un logement au 1ᵉʳ janvier suffit à déclencher la taxe, même si l’on loue le bien le reste de l’année. Sont concernés non seulement les maisons, les appartements et les parkings, mais aussi dépendances immédiates (jardin clos, cave, atelier), les péniches habitées, les hangars ou les terrains à usage commercial. Le législateur retient un critère simple : tout ce qui est fixé au sol et constitue un véritable bâtiment n’échappe pas à l’impôt. Les caravanes mobiles ou les tiny houses sur remorque, elles, restent hors champ tant qu’elles peuvent être déplacées sans démolition.
Calcul de la taxe foncière : 2 paramètres essentiels
D’abord, la valeur locative cadastrale. Théorique, elle correspond au loyer annuel que le bien pourrait générer sur le marché. L’administration applique systématiquement un abattement de 50% pour tenir compte des charges (assurance, entretien). Vous avez réalisé une extension de véranda achevée en juin 2025 ? Son impact ne sera répercuté qu’à partir du 1ᵉʳ janvier 2026.
Ensuite, le taux d’imposition. Voté chaque année par la commune, le département et, le cas échéant, l’intercommunalité, il répond à des impératifs budgétaires locaux. D’où de fortes disparités : entre une petite ville à l’équilibre et une métropole engagée dans un vaste plan de transports, l’écart dépasse parfois 30%. L’indexation annuelle de la valeur locative sur l’inflation alourdit encore la note : en 2024, la revalorisation nationale a atteint 3,9%. À Paris, le taux de la ville étant resté stable, la hausse s’est « contentée » de refléter cette indexation, là où certaines capitales régionales cumulaient inflation et vote d’une majoration à deux chiffres.
Réductions, exonérations : une palette de dispositifs
Une exonération permanente pour des publics fragiles. Les plus de 75 ans au revenu fiscal de référence modeste, les titulaires de l’ASPA, de l’ASI ou de l’AAH peuvent être totalement exonérés sur leur résidence principale. La démarche est automatique ; seul bémol, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) reste due.
Un dégrèvement d’office de 100 € pour les 65-74 ans sous plafonds de revenus. Cette ristourne s’applique sans formalité et suit le même calendrier que l’avis d’imposition.
Un plafonnement en fonction du revenu. Lorsque la cotisation excède 50% des revenus d’un foyer dont le RFR ne dépasse pas, par exemple, 29 815 € pour la première part, un dégrèvement égal à la fraction excédentaire peut être demandé avant le 31 décembre 2026.
Des exonérations temporaires de deux ans pour des constructions neuves, des reconstructions ou de gros changements d’usage ; de trois ans lorsqu’une collectivité vote un avantage « économies d’énergie ». Attention, il faut les solliciter dans les 90 jours suivant l’achèvement des travaux.
Un logement vacant malgré vous ? Une vacance d’au moins trois mois, indépendante de votre volonté, ouvre le droit à un dégrèvement proportionnel de la taxe foncière. La demande, accompagnée de justificatifs (annonces, mandats de location, courriers d’agences), doit parvenir aux Finances publiques avant le 31 décembre 2026.
Calendrier 2025 : les dates à retenir
- 28 août : mise en ligne des avis (propriétaires non mensualisés).
- 20 septembre : mise en ligne pour les mensualisés.
- 15 octobre : date limite de paiement par chèque, espèces ou virement (si la somme est inférieure à 300 €).
- 20 octobre minuit : date limite pour le paiement en ligne, désormais obligatoire au-delà de 300 €.
Derrière la mécanique actuelle, une réforme plus structurante se profile : la révision des valeurs locatives, annoncée pour la fin de la décennie. L’objectif serait de rapprocher les bases cadastrales des loyers de marché. Concrètement, les habitations rénovées ou situées dans des quartiers gentrifiés pourraient voir leur cotisation grimper, tandis que les logements vieillissants dans des zones en déprise seraient susceptibles de baisser.
Reste à savoir si, face à la pression budgétaire, les collectivités réajusteront leurs taux pour neutraliser les écarts ou si la refonte se traduira par un déplacement de la charge fiscale vers certains propriétaires. Dans l’intervalle, la meilleure assurance de ne pas payer un centime de trop reste la maîtrise des règles actuelles et l’activation des dispositifs de réduction.
Source : economie.gouv.fr