Les tourbières du sud des États-Unis pourraient jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le stockage du carbone, selon une nouvelle étude de l’Université Duke aux États-Unis.
La gestion de ces écosystèmes pourrait par conséquent contribuer à la lutte contre le changement climatique tout en générant des revenus pour les propriétaires fonciers.
Le potentiel des tourbières pour le stockage du carbone
Une étude récente de l’Université Duke a révélé que le maintien d’un niveau d’eau entre 20 et 30 centimètres sous la nappe phréatique locale pourrait augmenter le stockage de carbone des tourbières du sud et réduire jusqu’à 90% les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane lors des périodes sèches.
Selon Curtis J. Richardson, directeur fondateur du Duke Wetland and Coasts Center et responsable de la recherche, l’application de cette directive sur environ 100 000 acres (soit plus de 40.000 ha) de tourbières restaurées ou partiellement restaurées pourrait réduire immédiatement les pertes de carbone aux États-Unis de 2 à 3% de l’objectif national total.
Les tourbières du sud, également connues sous le nom de pocosins, couvraient autrefois plus de 2,4 millions d’acres (soit 800 000 hectares) dans la plaine côtière du sud-est des États-Unis. Cependant, plus de 70% de ces terres ont été drainées pour l’agriculture et la foresterie au fil des ans. Environ 250 000 acres (plus de 100.000 hectares) de ces terres ne sont plus productives pour l’agriculture ou la foresterie et pourraient être ré-humidifiées et restaurées en pocosins, générant des avantages économiques pour leurs propriétaires sous forme de crédits carbone vendables sur le marché international du carbone.
La mise en pratique des connaissances scientifiques
Les connaissances acquises au cours des années de recherche sur les pocosins sont désormais mises en pratique dans la ferme carbone privée de 10 000 acres (soit 4.000 ha), la Carolina Ranch Carbon Farm, située dans le comté de Hyde, en Caroline du Nord. Les anciennes tourbières, autrefois drainées pour l’agriculture, y sont humidifiées à nouveau et restaurées.
Les pocosins constituent des tourbières situées le long de la côte sud-est des États-Unis, de la Virginie au nord de la Floride. Elles possèdent des sols tourbeux profonds et sont recouvertes d’arbustes ligneux plutôt que de la mousse de sphaigne à faible croissance que l’on trouve dans les tourbières plus septentrionales.
Lorsqu’elles sont laissées intactes, les pocosins peuvent stocker du carbone dans leur sol organique pendant des millénaires grâce à des composés antimicrobiens naturels appelés phénols qui empêchent la décomposition rapide de la tourbe gorgée d’eau, même en période de sécheresse.
En synthèse
Les tourbières du sud des États-Unis ont un potentiel considérable pour le stockage du carbone et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La gestion et la restauration de ces écosystèmes pourraient contribuer à la lutte contre le changement climatique tout en générant des revenus pour les propriétaires fonciers grâce aux crédits carbone. Les recherches menées par l’Université Duke offrent des lignes directrices pour une gestion durable de ces précieuses ressources naturelles.
Pour une meilleure compréhension
Quel est le rôle des tourbières dans le stockage du carbone ?
Les tourbières, en particulier les pocosins, peuvent stocker d’importantes quantités de carbone dans leur sol organique pendant des millénaires. Elles constituent des puits de carbone naturels qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Comment les tourbières peuvent-elles générer des revenus pour les propriétaires fonciers ?
En restaurant et en ré-humidifiant les tourbières, les propriétaires fonciers peuvent générer des crédits carbone qu’ils peuvent vendre sur le marché international du carbone, transformant ainsi des terres improductives en sources de revenus tout en luttant contre le changement climatique.
Quels sont les avantages environnementaux de la restauration des tourbières ?
La restauration des tourbières permet de réduire les émissions de CO2 et de méthane, de stocker davantage de carbone et de préserver la biodiversité. Les tourbières restaurées peuvent également contribuer à la régulation des inondations et à la filtration de l’eau.
Quelles sont les principales menaces pour les tourbières ?
Le drainage pour l’agriculture et la foresterie, ainsi que les incendies et les sécheresses prolongées, sont les principales menaces pour les tourbières. Ces activités humaines et ces événements climatiques peuvent transformer les tourbières en sources de carbone plutôt qu’en puits de carbone.
Comment ces recherches peuvent-elles aider à la gestion durable des tourbières ?
Les recherches menées par l’Université Duke fournissent des lignes directrices pour la gestion de l’eau et la restauration des tourbières, permettant ainsi de maximiser leur capacité de stockage du carbone et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces connaissances scientifiques peuvent être mises en pratique pour une gestion durable des tourbières.
Légende illustration principale : Les zones humides arbustives situées le long de la côte sud-est des États-Unis absorbent et stockent le dioxyde de carbone si elles peuvent être réhumidifiées, mais lorsqu’elles s’assèchent ou brûlent, elles deviennent une énorme source de nouveaux gaz à effet de serre. Crédit : Duke University Wetland and Coasts Center
Article : « The Effects of Hydrologic Restoration on Carbon Budgets and GHG Fluxes in Southeastern U.S. Coastal Shrub Bogs » – DOI: 10.1016/j.ecoleng.2023.107011